Une trentaine d’éditions anciennes du Truyên Kiêu

L’Abbaye de Thiên An, à Huê, conserve de nombreux exemplaires du Truyên Kiêu, le fameux roman en vers de Nguyên Du (*). Écrite au début du XIXe siècle, cette œuvre poétique en nôm a été rééditée à maintes reprises et traduite en de nombreuses langues.

Une trentaine éditions anciennes du Truyên Kiêu en nôm (écriture démotique sino-vietnamienne), plus de 300 livres anciens en vietnamien, en langues étrangères et aussi en braille, plus de 1.500 livres et documents de recherche... tous traitant du Truyên Kiêu. Ce trésor inestimable est conservé dans la bibliothèque de l’Abbaye de Thiên An, à 10 km du centre-ville de Huê (Centre).

L’abbé Hoàng Huu Tri présente un exemplaire ancien du Truyên Kiêu.
Photo : BTTH/CVN

«Notre bibliothèque compte quelque 10.000 titres de livres en tous genres et de différentes époques, du Vietnam comme de l’étranger. Certains sont introuvables ailleurs dans le monde», révèle l’abbé Hoàng Huu Tri. Et de citer les annales et l’atlas de l’Indochine à la couverture en cuir, publiés en 1883 à Paris. Ou encore des bibles publiées au début du XVIIe siècle.

La vie d’une jeune femme en poésie

Avec fierté, l’abbé Hoàng Huu Tri rappelle que son ensemble de trente exemplaires du Truyên Kiêu en nôm s’est vu décerner le Prix d’Or à la Foire aux livres 2004 de Hô Chi Minh-Ville. Ces ouvrages inédits ont été collectionnés par l’Église de Tân Sa Châu, à Hô Chi Minh-Ville, puis offerts à l’Abbaye de Thiên An.

Truyên Kiêu est un long poème en nôm écrit au début du XIXe siècle par Nguyên Du (1766 - 1820). Ce roman en vers est considéré comme l’œuvre littéraire vietnamienne la plus importante jamais écrite. Le titre original est Doan Truong Tân Thanh (littéralement : De nouveaux cris douloureux), mais il est connu sous le nom de Truyên Kiêu (Histoire de Kiêu) ou Kim Vân Kiêu (noms des trois personnages principaux du roman). Composé de 3.254 vers en luc bat (versification alternée de 6 et 8 pieds), le roman relate la vie de Thuy Kiêu, une belle et talentueuse jeune femme qui doit se sacrifier pour sauver sa famille victime d’un malheur imprévu.

Des éditions anciennes du Truyên Kiêu conservées dans la bibliothèque de l’Abbaye de Thiên An.

Des 30 Truyên Kiêu en nôm, on compte 29 exemplaires d’origine imprimés par la méthode xylographique, soit au Vietnam soit en Chine. Le trentième est une copie. Tous sont très anciens, à tel point que leur papier a viré au jaune.

Nouvelle découverte

Avec soin, l’abbé Hoàng Huu Tri cherche sur l’étagère trois livres «imprimés en Chine, mais toujours en nôm ou caractères sino-vietnamiens». Le premier a été publié en 1872, le deuxième en 1879 et le troisième en 1891. «Ces livres ont fait l’objet de recherche du Professeur Hoàng Xuân Han (1908-1996), chercheur en histoire, culture et linguistique», précise-t-il.

Parmi les livres imprimés au Vietnam, se distingue celui titré Kim Vân Kiêu, considéré, par le milieu des chercheurs, comme «une nouvelle découverte» sur le Truyên Kiêu. «Imprimé à la fin du XIXe siècle, ce livre présente une technique d’impression standard et une très bonne orthographe», indique l’abbé.

La copie est en fait un manuscrit, allant du 2313e au 3254e vers. «L’ouvrage complet devrait avoir trois tomes, et les deux premiers sont perdus», explique l’abbé Hoàng Huu Tri.

Les anciens Truyên Kiêu conservés à l’Abbaye de Thiên An constituent un trésor pour les chercheurs, selon les experts. Récemment, l’Abbaye Thiên An a autorisé la Bibliothèque centrale de Huê et la Bibliothèque scientifique de Hô Chi Minh-Ville à faire des copies afin de les présenter aux lecteurs.

À découvrir absolument !

(*) Nguyên Du (1766 - 1820) : auteur d’un grand nombre d’œuvres littéraires. Reconnu en 1965, par l’UNESCO, «Homme de culture du monde».


La vie du Truyên Kiêu

Bien que plus de deux siècles se soient écoulés depuis la première édition du Truyên Kiêu, ce roman en vers reste toujours vivant dans la vie culturelle des Vietnamiens. Sur la base du Truyên Kiêu, sont nés des jeux populaires comme lây Kiêu (extraire des vers), tro Kiêu (faire spectacle), vinh Kiêu (déclamer des vers), boi Kiêu (divination par l’interprétation des vers trouvés par hasard en ouvrant le livre), tranh Kiêu (dessiner des images de Kiêu)…
De plus, nombre de personnages du roman sont entrés dans le langage courant pour désigner des types de personnes, par exemple : So Khanh (infidèle en amour), Tu Bà (femme proxénète), Hoan Thu (femme jalouse à l’excès)…
Le Truyên Kiêu lu à l’étranger
* Le Truyên Kiêu a été traduit en de nombreuses langues : japonais (publié en 1949 et 1985 à Tokyo), chinois (en 1959 à Pékin), slovaque (en 1957 à Prague), français (en 1961, 1965 à Paris, et en 1994 à Hanoi), anglais (en 1963 à Saigon, en 1973 à New York et à Londres), allemand (en 1964), suédois (en 1969 à Stockholm), polonais (à Varsovie)…
* Pour les anciennes éditions au Vietnam, on compte entre autres :
Le Truyên Kiêu en nôm : en 1872, 1879 (quatre fois par quatre maisons d’édition différentes), 1891, 1905…
Le Truyên Kiêu en quôc ngu (vietnamien latinisé) : en 1875 (imprimé à Saigon, ancien nom de Hô Chi Minh-Ville), 1885 (à Paris), 1897 (à Hanoi), 1902 (à Hanoi), 1906, 1914, 1918, 1922, 1923…

Nghia Dàn/CVN

 

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