Un soigneur de pigeons de Dà Nang

À Dà Nang (Centre), Lê Minh Hai est depuis quatre ans le soigneur des pigeons du Parc Biên Dông. Au fil des années, il a appris à aimer ces oiseaux commensaux des centres-villes, mais plutôt rares au Vietnam.

Lê Minh Hai, 48 ans, travaille au bureau de gestion et d’exploitation du tourisme maritime, relevant du Comité de gestion de l’archipel de Son Trà et des stations balnéaires de Dà Nang. Cet homme particulièrement patient est le soigneur attitré des pigeons du Parc Biên Dông, à Dà Nang. Ses prédécesseurs occupaient en général ce poste trois mois au maximum, puis jetaient l’éponge. Lê Minh Hai, lui, s’est pris de passion pour ces volatiles attachants qui, il faut bien le dire, ne sont guère fréquents dans les villes vietnamiennes.

Lê Minh Hai nourrissant ses petits protégés.

Depuis quatre ans, la journée de M. Hai commence à 06h00 du matin. Il commence par le contrôle des pigeonniers et les nettoie. Deux fois par semaine, il les désinfecte. Les oiseaux sont nourris deux fois par jour, à 07h30 et 16h30.

C’est lors de la transition entre deux saisons que ce quadragénaire est le plus occupé car c’est la période au cours de laquelle beaucoup de pigeons tombent malades. Quand il détecte certains symptômes (manque d’appétit, abattement, modification de la couleur des fientes), il isole les oiseaux malades et leur administre des médicaments. Si l’état d’une bête est critique, il l’annonce à son comité de gestion pour faire appel au vétérinaire.

Un véritable sacerdoce

À la saison des pluies, le vent frais et les averses fréquentes obligent M. Hai à couvrir de bâches les pigeonniers. Lorsque la marée amène du sable jusque dans le parc, il doit le dégager à la pelle. Au passage d’une tempête, il est constamment à côté des pigeonniers afin de pouvoir intervenir si nécessaire. Chaque année, il ne s’autorise que quelques jours de congé.

Un pigeonnier dans le Parc Biên Dông.

S’appuyant sur des connaissances acquises à l’École secondaire de l’élevage et de médecine vétérinaire de Tam Ky (province de Quang Nam, Centre) et à l’Université de médecine vétérinaire, Minh Hai a réussi à couver artificiellement des œufs et le cheptel est passé de 400 à 1.200 têtes. Il les considère un peu comme «ses enfants» et les choie de l’éclosion à l’envol.

C’est en 2009 que le jardin aux pigeons a été établi dans le Parc Biên Dông. Les premiers résidents étaient des oiseaux importés. Mais, peu acclimatés au climat du Vietnam, ils ont périclité les uns après les autres. Le Comité de gestion de l’archipel de Son Trà et des stations balnéaires de Dà Nang décida alors d’élever uniquement des pigeons locaux. Désormais, le parc compte sept pigeonniers solides, abritant un millier d’oiseaux.

Un jardin très fréquenté

En cette belle journée du mois de novembre, trois couples venus pour des photos de mariage attendent l’heure à laquelle les pigeons sont nourris. Mais, il y a encore 15 minutes à attendre et, impatient, un des photographes se sert du sifflet de M. Hai pour appeler les oiseaux. Bien que le paddy soit éparpillé dans la cour et que le sifflet retentisse par deux fois, les oiseaux ne bougent pas. C’est au tour de Lê Minh Hai. Après un seul coup de sifflet, tous les pigeons quittent leurs demeures. En trente minutes, le paddy a disparu dans leurs gosiers avides. M. Hai confie :«Les oiseaux me connaissent et ne répondent pas aux ordres d’autres personnes. C’est pourquoi ceux qui veulent prendre des photos avec eux doivent d’abord me demander de l’aide». Et d’ajouter qu’il les entraîne à rester percher sur les épaules d’inconnus et à picorer le paddy dans leurs mains.

De nombreux couples choisissent le jardin aux pigeons du Parc Biên Dông pour prendre des photos de mariage romantiques.

Lorsque le Parc Biên Dông prend en charge l’organisation d’un évènement festif de la ville, les pigeons sont aussi de la fête. Au premier coup de sifflet, ils s’amassent dans la cour du jardin. Au deuxième, ils cherchent le paddy. Au troisième, ils se mettent en rang et commencent à manger à leurs places sans en bouger. Et voilà le drapeau national et la lettre S (symbole de la forme du Vietnam) formés par les oiseaux.

Le pigeon a une stupéfiante capacité de navigation. M. Hai a emmené des dizaines d’oiseaux au sommet du mont Son Trà et les a relâchés. Une heure après, tous étaient retournés aux pigeonniers.Depuis, à l’occasion des fêtes nationales, des centaines d’oiseaux sont lâchés.Un message de paix, universel.

En quatre années aux côtés des pigeons du Parc Biên Dông, Minh Hai a constaté que de nombreux parents amènent leurs enfants, et leur content des récits sur la mer, les îles du pays, comme un espoir de paix éternelle qu’entretiennent tous les Vietnamiens.

Quê Anh/CVN

 

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