Devenir architecte, le rêve d’une étudiante déterminée

Métier prometteur au Vietnam, l’architecture attire peu les femmes. Pourtant Dang Thi Trà My rêve d’une carrière, partagée entre doute et espoir. Un double défi, personnel et professionnel.

Il est permis de rêver. C’est le dicton préféré de Dang Thi Trà My. Une idée ancrée dans son esprit. Devise personnelle, phrase fétiche, formule de motivation, leitmotiv, la maxime incarne idéalement son ambition professionnelle: devenir architecte.

Dang Thi Trà My rêve d’une grande carrière d’architecte.

Un rêve partagé entre désir persistant de réussir et crainte insistante de ne pas ou jamais s’en sortir. La faute à un contexte professionnel pour le moins complexe. C’est un fait. Au Vietnam, elles sont moins nombreuses, voire se comptent sur les doigts, les femmes intéressées par l’architecture. Le domaine est en bas de liste de leurs préférences professionnelles. De plus, il s’est fortement masculinisé ne laissant du coup que très peu de brèches à l’autre sexe. Conséquence logique, difficile d’envisager une carrière aboutie, encore moins de foncer sur un terrain au lendemain jonché d’incertitudes.

Mais ce contexte plutôt inquiétant que rassurant n’est pas un obstacle au rêve d’enfant de My. Loin de désarmer, elle est davantage motivée à l’idée de s’embarquer pour l’aventure. Si le pari vaut absolument le coup, son courage est l’atout principal pour le relever. «Il n’y a pire dans la vie que de n’avoir jamais osé. Beaucoup de personnes échouent dans leur objectif faute de détermination. Elles finissent par rebrousser chemin», dit-elle d’un air confiant.

Entre passion et conviction

Que feras-tu quand tu seras grande ? À cette question anodine souvent posée aux enfants, elle aurait sans doute répondu non sans peur de se tromper de prédiction : architecte. Une certitude, les signes avant-coureurs ne sont pas trompeurs. Entre l’architecture et elle, il y a comme un parfum de destin. Une sorte de lien indénouable dans une complicité immuable. En réalité, c’est d’abord une affaire de passion. Une belle vielle histoire d’amour.

Une réalisation de Dang Thi Trà My primée lors d’un Workshop à Busan (Corée du Sud).

«À ma petite enfance, je m’amusais à dessiner des maisons et bricoler des habitations pour meubler mes temps libres. C’était une de mes occupations favorites. Au fil des années, je m’étais prise de passion pour l’architecture. C’est de là que tout est parti», se souvient-elle.

Sans perdre trop de temps, elle s’est lancée sur les traces de son rêve à en posant des jalons. Après son baccalauréat, elle s’inscrit à la Faculté d’architecture et paysage de l’Université d’architecture de Hanoi alors que celle de médecine lui ouvrait grandement les portes. Pour elle, le choix était clair. «Mes parents voulaient que je m’inscrive en médecine. Mais j’ai naturellement optée pour l’architecture qui me tentait. Aujourd’hui, je me réjouis d’avoir fait le bon choix», raconte-t-elle.

Cependant, si son choix justifie sa motivation, une question la taraude encore : connaîtra-t-elle la réussite tant espérée ?

Pas sûr. En cause, cet avenir professionnel incertain qui pèse sur la balance. Rarement les architectes vietnamiennes excellent dans ce domaine. D’ordinaire, celles qui parviennent à s’y engouffrer ne connaissent pas de carrière brillante, la plupart finissant dans tout à fait autre chose. S’ajoute à cela cette âpre concurrence masculine. Pourtant, cela ne suffit toujours pas à la dissuader : «Je suis convaincue que dans l’avenir, il y aura un grand nombre de femmes architectes. Et je suis persuadée qu’elles auront des carrières exemplaires. C’est une question de temps et de motivation», pense-t-elle.

Encore du chemin…

Un rêve, une passion, un diplôme bientôt en poche, une pile de projets réalisés, d’autres dans les tiroirs et déjà un carnet d’adresses appréciable, elle plante progressivement le décor de son succès et fonce droit vers son but ultime. Si le nécessaire ou presque à la réussite semble réuni, il reste encore un long chemin à parcourir mais surtout des paliers à franchir.

Après ses études, elle se frottera à une nouvelle vie, pleine de défis. Une montagne et non la moindre à gravir. Certes l’architecture et le paysagisme sont des secteurs prometteurs offrants d’excellents débouchés. Mais pour les jeunes diplômés, la tâche est particulièrement ardue. «C’est difficile de trouver des opportunités après l’université. Le secteur est tellement très compétitif que les nouvelles diplômées n’ont qu’une marge minime de réussite par manque d’expérience et de compétence», déplore-t-elle.

Qu’à cela ne tienne, entre incertitude et optimisme, elle garde une lueur d’espoir, et se félicite de rêver aussi grand espérant trouver sa petite place au soleil. Pourvu qu’il en soit ainsi.

Freddy Mulumba/CVN

 

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