Une maison relais vers l’école ordinaire pour les enfants handicapés

Depuis quelques années, la maison du 9, ruelle 17, rue Huynh Thuc Khang à Hanoi, est une adresse reconnue pour l’accueil pédagogique des enfants porteurs de handicap. Leurs parents espèrent ainsi leur ouvrir plus de portes dans la société. À commencer par celle de l’école classique.

Ce siège du Centre des arts, d’orientation professionnelle et d’assistance des enfants handicapés (relevant de l’Association de protection des droits des enfants du Vietnam) a l’objectif d’aider des petits handicapés à intégrer une école. Depuis longtemps, c’est un lieu tremplin pour les enfants handicapés. Les cours sont dispensés par des enseignants et des experts pour leur intégration dans la vie «normale».

Bùi Thanh V est un des élèves spéciaux du centre. Il est atteint d’autisme hypercinésie, selon les pronostiques de l’Hôpital central de pédiatrie. Sa famille a donc décidé de l’inscrire dans ce centre. Et il a été difficile pour l’équipe soignante d’aider le petit, toujours agité, à s’habituer au cours.

L’école Anh Sao, dans l’arrondissement de Hà Dông, Hanoi est un établissement de relais vers l’école ordinaire pour les enfants autistes.

Au contraire de V, Duc H est très timide. Également autiste, mais sous une autre forme : à quatre ans, il refuse de communiquer avec son entourage. Quand à Quôc H, il lui a fallu deux ans pour accomplir le programme d’une classe et ses parents n’arrivaient pas à lui enseigner les fondamentaux. Ils ont dû l’envoyer dans ce centre. Après un certain temps, il a fait des progrès notables : il sait maintenant écrire, lire et résoudre des exercices de mathématiques.

Pour Vu Hà N, le plus grand de la classe, l’équipe n’est pas prête d’oublier son arrivée: il déchirait tout ce qu’il voyait et ne maîtrisait pas ses gestes. Après trois ans d’apprentissage dans le centre, l’implication des enseignants et les méthodes scientifiques et psychologiques utilisées lui sont venus en aide. Pour l’heure, Vu Hà N est en CM1 à l’école primaire Cat Linh. De retour dans un cursus ordinaire, il apprend désormais par coeur des poèmes, connaît sa table de multiplication, et sait résoudre les exercices mathématiques de son manuel. Des exercices qui certes ne posent pas de problèmes aux enfants non atteints, mais les parents de Vu Hà N aspiraient depuis longtemps à ce résultat et pensaient que leur enfant n’en serait jamais capable.

Des enseignants impliqués

Selon l’enseignant Lê Dinh Tuân, un malvoyant, depuis la ratification en 2005 du projet «Préparation des élèves handicapés en âge d’entrer au CP» par le ministère de l’Éducation et de la Formation, il consacre beaucoup de temps pour le matérialiser. L’objectif est de faire au mieux pour favoriser l’intégration des enfants porteurs de handicap dans la société dite normale. Avec sa volonté, son dévouement et l’aide financière du ministère, il a ouvert différents cours dans plusieurs lieux.

Les étudiantes de l’École normale supérieure de Hanoi travaillent en groupe lors d’un cours d’apprentissage sur les méthodes d’enseignement des élèves autistes.

Pour l’heure, ce centre dispense des cours à 10 enfants, avec la participation de ses 14 membres, dont des médecins, enseignants et étudiants, tous volontaires. Ils souhaitent apporter à ces enfants, y compris ceux porteurs d’un handicap mental, les moyens d’intégrer une classe normale, avec une pédagogie adaptée à chaque élève, en fonction de leurs difficultés mais toujours en se basant sur leurs capacités. Les enfants du centre sont tous en âge d’aller à l’école primaire. Après un certain temps de «formation», l’équipe note souvent des progrès notables. Les petits acquièrent des savoir-faire et des connaissances sur la culture et les arts à travers des activités ludiques, et des techniques pour être plus autonomes.

«Aider des élèves handicapés à s’intégrer est beaucoup plus difficile qu’enseigner à d’autres enfants. Il faut au moins un à trois mois pour réaliser des opérations simples (addition, soustraction, division et multiplication), dont le résultat ne dépasse pas 10. Il faut se montrer déterminé et aimer les enfants pour faire ce métier», selon l’enseignante Truong Ngoc Lan.

Un des objectifs majeurs de cette éducation est de donner à tous ces enfants les mêmes chances d’avoir accès à une éducation de qualité. Ils sont également soutenus pour développer au maximum leurs capacités, afin que leur handicap n’en soit plus un. Néanmoins, plus de 32% des élèves ont quitté l’école sans entrer finalement dans une structure ordinaire. Le pays recense également 2,6% d’enfants handicapés sans solutions pour intégrer une école.

Dans ce contexte, cette question épineuse nécessite des politiques et des mécanismes plus convenables et efficaces, ainsi que la contribution de toutes les composantes sociales. Car une meilleure intégration des enfants porteurs de handicap représente un important coût financier. La coordination de tous les acteurs sociaux est évidemment la bienvenue.

Diêu An/CVN

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