Mettre davantage en lumière les patrimoines mondiaux du Vietnam

Ces dernières années, l’UNESCO a reconnu la qualité de patrimoine mondial de plusieurs vestiges du Vietnam. Une reconnaissance qui vaut non seulement de les préserver mais aussi de les valoriser au mieux en tant que tel. Tâche délicate s’il en est, et qui au Vietnam nécessite l’implication de tous.

>>Des patrimoines en attente d’un classement

 

La citadelle des Hô dans la province de Thanh Hoa a été reconnue par l’UNESCO en 2011 comme un patrimoine culturel mondial. Photo : Anh Tuân/VNA/CVN


Pour l’heure, le pays compte sept patrimoines matériels et neuf patrimoines immatériels. Localités et particuliers investissent dans leur restauration afin de les conserver et de les mettre en valeur. Mais les connaissances et l’expérience requises pour cela manquent terriblement, selon l’ancien directeur de l’Institut des études culturelles du Vietnam, le professeur Ngô Duc Thinh.
Une situation préoccupante en réalité, car plusieurs sites ont subi des atteintes lors de leur restauration de par l’ignorance des intervenants, ce qui n’est pas conforme à la réglementation de l’UNESCO en matière de préservation des patrimoines mondiaux. Pour citer les plus marquants, il y a des monuments de l’ancienne cité impériale de Huê, l’autel de l’esplanade du Nam Giao dans la citadelle des Hô...
Ainsi pour Huê, le Centre de préservation des vestiges de l’ancienne cité impériale a investi, depuis la reconnaissance de cette dernière en 1993, plus de 600 milliards de dôngs entre 1996 et 2010 pour la mise en oeuvre de plus de 100 chantiers de restauration. Or, pour beaucoup de personnes, ces opérations relèvent plus du lifting, constatant avec regret de voir une esthétique actuelle se substituer à une beauté traditionnelle : toitures anciennes refaites avec des matériaux modernes qui ne s’harmonisent pas avec l’ensemble, motifs ornementaux restitués avec des couleurs criardes...
Les patrimoines immatériels ne sont pas davantage épargnés, et c’est peut-être même plus grave. Ainsi, certaines pièces de nha nhac (musique de Cour de Huê) ou certains chants de hat xoan (chant du printemps) de Phu Tho ont subi un «glissement» sous l’effet d’une influence extérieure, une «évolution» qui ne peut en aucun cas satisfaire aux canons traditionnels de ces genres. Un phénomène pernicieux car souvent inconscient, et d’autant plus inquiétant que ces patrimoines culturels immatériels sont à protéger d’urgence de l’oubli.
Nombre de pièces, d’airs et de chants subsistent dans l’attente d’une reconstitution historique afin de préserver leur identité et de les conserver, c’est-à-dire en l’occurrence de les représenter. Les représenter comment ? C’est là le danger puisque l’on a constaté la présence dans les représentations de variantes ou «d’hybrides» au point que le public ne retrouve pas leur valeur véritable. Un constat qui a lancé une véritable alarme au sein du milieu du patrimoine national, professionnel ou non...

Efforts de toute la société

«L’implication de la société, de tous donc, a un rôle important en matière de restauration, de protection et de valorisation des patrimoines culturels du pays», a estimé Nguyên Van Tinh, chef du Département de la coopération internationale (ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme). Susciter la participation des passionnés, de ceux qui perpétuent connaissances et savoir-faire techniques d’antan, mais aussi solliciter un mécénat notamment pour les aspects financiers particulièrement prégnant en ce domaine, dans le pays déjà et plus encore à l’étranger, implique de concevoir avec soin les projets de restauration sous tous aspects.

 Le hat xoan (chant du printemps) de Phu Tho. Photo : Anh Tuân/VNA/CVN


À cela et à un niveau supérieur, il est aussi essentiel de tenir compte des contraintes du développement économique afin de trouver les équilibres, de faire prendre conscience aux gens de l’importance de préserver les patrimoines, ainsi que de savoir obtenir l’assistance de la communauté internationale, si l’on entend effectivement valoriser ceux-ci.
Autrement dit, la dimension sociale de la préservation des patrimoines est incontestable, ce qui se vérifie d’abord, par exemple, par le fait que les Vietnamiens sont les mieux à même de s’occuper avec succès de cette tâche, comme cela a déjà été constaté. Autre aspect de cette dimension, mais qui tient aussi à la qualité de patrimoine, les héritages du passé bien valorisés participent directement au développement économique local. Enfin, le patrimoine perpétue l’histoire, l’identité culturelle ou encore la fierté de son pays, ce qui est ici encore important, en particulier pour les générations futures en cette période de mondialisation...
Devant ces perspectives, trouver les moyens au sens large de mener cette tâche est une problématique constante des autorités et organismes publics de tous niveaux, comme des particuliers passionnés par l’histoire et la culture de leur pays. Bien des organismes spécialisés ont été créés, Association des patrimoines culturels du Vietnam, Centre de protection des monuments de l’ancienne cité impériale de Huê, Centre de préservation du site de Cô Loa, Centre de préservation des patrimoines culturels de Hôi An..., qui ont d’ores et déjà contribué notablement à l’appel au mécénat.
De même, le Parti et l’État vietnamiens se sont intéressés aux artisans et artistes, émérites ou non, maîtrisant les anciennes techniques. Ainsi, récemment, le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme et le Département des patrimoines a étroitement coopéré avec les services concernés dans l’élaboration d’un arrêté sur les grades et titres de ces artisans et artistes des monuments, lesquels ont grandement apporté leur quote-part à la préservation de la culture nationale.

Diêu An/CVN


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