Les hommes d’affaires d’outre-mer en quête d’opportunités d’investissement au Vietnam

Les Viêt kiêu ou Vietnamiens de l’étranger sont de plus en plus nombreux à retourner dans leur pays d’origine pour y investir. La stabilité de la situation économique et les efforts déployés par le gouvernement vietnamien pour les attirer expliquent cet engouement croissant.

Des Viêt kiêu étudient les possibilités d’investissement dans l’immobilier à Hô Chi Minh-Ville.

La diaspora vietnamienne regroupe plus de 4,5 millions de personnes ayant élu domicile, travaillant et étudiant dans 103 pays et territoires. Un «potentiel économique et intellectuel important» pour contribuer au développement de la communauté, prendre part à l’édification et à l’essor du pays, a affirmé le ministre des Affaires étrangères (AE), Pham Bình Minh. Et de souligner que dans la morosité économique mondiale actuelle, le Vietnam est devenu «la destination la plus commode» pour leurs affaires.

Selon les statistiques du ministère des AE, environ 500.000 Vietnamiens d’outre-mer rentrent chaque année au pays, dont nombre de spécialistes et d’intellectuels ayant pour but de travailler ou d’étudier les possibilités d’investissement et d’affaires. Plus de 3.500 entreprises à participation Viêt kiêu ont été créées dans le pays, d’un capital total de quelque 8,4 milliards de dollars. Les devises envoyées au pays par les Vietnamiens résidant à l’étranger augmentent de 10-15% par an en moyenne. Rien qu’au premier semestre de 2012, ce montant s’est établi à environ 6,4 milliards de dollars, contribuant notablement à la stabilité de la balance des paiements et de l’économie nationale. En 2011, ce chiffre a atteint plus de 9 milliards de dollars, soit 1/10 du PIB national, faisant du Vietnam l’un des 10 plus gros receveurs de devises étrangères de la part de leur diaspora.

D’après Ðang Trân Phong, directeur adjoint du Département des relations économiques, scientifiques et technologiques du Comité d’État pour les Vietnamiens de l’étranger, «des entreprises et hommes d’affaires vietnamiens à l’étranger ont investi dans des projets importants dans le pays». Ces personnes - physiques ou morales - sont soit des actionnaires principaux au sein de grandes banques au Vietnam (Techcombank, VPBank…), soit des investisseurs pour de vastes projets de VinGroup, Melinh Plaza, Eurowindow, Masan, Sun Group, Eden Resort Dalat, Bà Nà Hills, etc.

Des politiques favorables

Ce que l’on peut nommer «un retour aux sources» s’explique avant tout par le parti pris du gouvernement d’appliquer des politiques pour inciter les Viêt kiêu à investir dans le pays. La mise en œuvre de la Résolution N°36 du politburo du PCV sur le travail vis-à-vis des Vietnamiens d’outre-mer en est la plus brillante illustration. En effet, les règlements d’exemption de visa et la Loi sur la nationalité leur permettant de bénéficier de la double nationalité ont répondu aux attentes de nombreux hommes d’affaires et entreprises d’outre-mer. De plus, la Loi sur le logement autorisant les Viêt kiêu à acquérir une propriété foncière au Vietnam a constitué une condition essentielle à leur établissement sur la durée dans leur pays d’origine pour prendre part à son développement.

L’Association des hommes d’affaires vietnamiens à l’étranger réunit 208 membres disséminés un peu partout dans le monde, avec de nombreux visages dont la réputation n’est plus à faire au sein de la communauté. «Avec pour mission de servir d’intermédiaire privilégié, l’Association a mené des activités significatives et efficientes, contribuant à la création d’un environnement de coopération et d’échange d’informations entre entreprises, entrepreneurs, associations dans le pays et à l’étranger», a informé Bùi Ðình Dinh, secrétaire général de ladite association.

Des Viêt Kiêu en visite dans le site de Kim Liên,  commune de Nam Dan, province de Nghe An (Centre), pays natal du Pérésident Hô Chi Minh. Photo : VNA/CVN

Au vu des politiques préférentielles en faveur des Vietnamiens d’outre-mer, le Viêt kiêu d’Ukraine Ðang Minh Truong, directeur général de la multinationale Sun-Group, a décidé de retourner investir dans le pays. «Il n’y a pas encore si longtemps, de nombreux Vietnamiens d’outre-mer et moi-même croyions que le Vietnam était encore déchiré par la guerre et sous-développé. Mais tout a changé lorsque nous sommes arrivés au pays», a-t-il confié. À son retour, il existait de nombreux domaines attrayants pour les investisseurs, particulièrement dans l’immobilier et la Bourse. «Cependant, j’ai décidé d’investir dans le tourisme et la construction, avec deux projets : Bà Nà Hills et Intercontinental Resort à Dà Nang (Centre)». Leur mise en exploitation a permis la création de milliers d’emplois et apporté une contribution importante au budget local.

Mettre à disposition un vade-mecum

Ces dernières années, le pays a vu son potentiel économique s’accroître, grâce à un afflux d’investissements des Viêt kiêu.

Toutefois, aux dires de Vietnamiens de l’étranger, le gouvernement devrait leur fournir des informations plus claires et détaillées sur l’environnement d’investissement s’il veut les attirer davantage.

D’après le Docteur Hoàng Xuân Bình, vice-président de l’Association des entreprises vietnamiennes en Pologne, des villes et provinces du pays donnent régulièrement des informations sur les politiques et la liste des projets soumis à des appels d’offre, y compris dans les activités sociales. Cependant, leur nombre est encore trop restreint. Sa solution : que les localités du pays établissent une banque de données commune pour les villes et provinces, comme un «vade-mecum» sur les secteurs économiques privilégiés, les politiques incitatives... «Plus important, pour qu’il puisse susciter l’attention des entreprises +Viêt kiêu+, ce vade-mecum doit contenir suffisamment d’informations sur les projets et les modes de soutien», a-t-il souligné.

Cependant, au regard de l’investissement au Vietnam, M. Bình estime qu’en règle générale, les politiques d’attrait des investisseurs sont aujourd’hui claires et transparentes, comme l’atteste la simplification des formalités administratives opérée ces dernières années. Cela étant dit, l’application de ces politiques fait surgir de nouvelles difficultés, lesquelles font réfléchir à deux fois certains de ces hommes d’affaires pourtant désireux d’investir dans le pays. Une situation qui devrait aller en s’arrangeant, dans la mesure où le gouvernement vietnamien cherche toujours à faciliter la mise en pratique des politiques en faveur des Viêt kiêu.

Hoàng Minh/CVN

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