Selon le rapport national sur l’environnement 2010, l’environnement aquatique des régions littorales - que ce soit les estuaires ou la mer - est pollué par les rejets de déchets solides, industriels, sanitaires et des activités humaines quotidiennes. Le volume de déchets solides des régions littorales s’élevait à 14,03 millions de tonnes en 2009, et la hausse se poursuit allègrement.
Récolte des poissons d’élevage à Nam Dinh. |
Les services concernés ont bien conscience du problème, mais les investissements consentis dans le ramassage et le traitement des déchets solides sont bien en deçà de ce qu’ils devraient être. Résultat : une pollution importante des régions littorales avec des conséquences néfastes sur l’économie maritime.
La biodiversité marine est un atout pour le développement socioéconomique national. Cependant, la croissance démographique et de l’activité économique maritime - qui se traduit par une surexploitation des ressources et une pollution accrue de l’environnement dans lequel elles évoluent - sont aujourd’hui un réel problème. Il est grand temps d’agir, certaines données étant alarmantes. En 50 ans en effet, le Vietnam a perdu 80% de ses mangroves. Même si des opérations de replantation sont menées ici et là, cela n’est pas suffisant pour combler le déficit, d’autant que les destructions - imputables à diverses raisons - se poursuivent.
Les récifs coralliens se meurent peu à peu. Au Nord, leur superficie a diminué du quart à la moitié. Et de vastes herbiers marins, comme dans la lagune de Tam Giang ou l’île de Phu Quôc, sont en danger, avec tout l’écosystème qui va avec.
Des politiques de protection
La pollution en mer est causée en grande partie par les marées noires (accidents pétroliers) et nappes de mazout dues aux dégazages intempestifs de navires croisant au large. Une pratique bien entendue interdite. Selon les statistiques, entre 1989 et 2009, une centaine de marées noires ont été à déplorer, avec des centaines de tonnes de brut rejetées directement dans les flots.
«Le Parti et l’État vietnamiens s’intéressent de près à la protection de l’environnement marin», affirme le vice-ministre des Ressources humaines et de l’Environnement, Bùi Cach Tuyên. D’après lui, nombre de politiques en la matière ont été publiées, à l’instar de la Loi sur l’environnement de 2005 - qui comporte quatre articles sur la protection de l’environnement marin - ou de l’arrêté sur la gestion des ressources naturelles et la protection de l’environnement marin.
La protection de l’environnement marin sera une priorité pour le développement durable du pays |
Le Vietnam a adopté la stratégie sur la mer à l’horizon 2020, orientation 2030. La Loi sur la mer a été approuvée en juin 2012 et entrera en vigueur dès le 1er janvier prochain. Dans cette loi, l’article 25 prescrit la préservation, la protection des ressources et de l’environnement marin. «La protection de l’environnement marin sera une priorité pour le développement durable du pays dans le contexte d’intégration, de modernisation et d’industrialisation», réaffirme Bùi Cach Tuyên, aussi chef du Département général de l’environnement.
De plus, «il faut renforcer la formation professionnelle pour les gestionnaires en la matière». Pour ce faire, le gouvernement met en œuvre le projet de renforcement des capacités des services de gestion publics de la mer, période 2010-2015. De plus, des mécanismes de coopération entre les secteurs seront définis puis appliqués pour exploiter de façon raisonnée - c’est-à-dire responsable - les ressources marines.
Selon le vice-ministre des Ressources naturelles et de l’Environnement, l’efficacité de ces politiques passe par une meilleure prise de conscience des habitants du littoral et des îles, au moyen de larges campagnes d’information et de sensibilisation. Il faut également lister les zones au potentiel important et examiner la qualité de l’environnement marin, ce afin de lutter contre la baisse de la biodiversité marine en s’assurant de leur renouvellement.
Le Vietnam continuera à participer aux accords et programmes d’actions internationaux et régionaux sur l’exploitation durable des ressources maritimes, la protection de l’environnement et de la biodiversité marins. Il renforcera également la coopération bilatérale et multilatérale pour une capacité de gestion de la mer et des îles accrue.
Les acteurs économiques doivent de leur côté appliquer des technologies modernes dans l’aquaculture, l’exploitation et la transformation des produits aquatiques afin de limiter la pollution. Il faut aussi traiter les déchets et chercher des mesures susceptibles de rétablir les écosystèmes des récifs coralliens, mangroves ou encore des herbiers marins, qui aujourd’hui font grise mine.
Hà Minh/CVN