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Cette photo fournie par EUNAVFOR ASPIDES le 5 septembre, et datée du 2 septembre, montre de la fumée et un incendie à bord du pétrolier grec Sounion au large de la côte de Hodeida en mer Rouge. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Touché par des missiles le mois dernier, le Sounion, un navire battant pavillon grec, était encore en feu samedi 7 septembre, faisant peser le risque d'une marée noire quatre fois plus importante que celle provoquée par l'Exxon Valdez en 1989 au large de l'Alaska.
"Une marée noire de cette ampleur pourrait être pratiquement impossible à contenir, contaminant de vastes étendues d'eau de mer et de côtes", prévient Julien Jreissati, le directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord de l'organisation Greenpeace. "Les impacts à long terme sur la biodiversité marine pourraient être dévastateurs, les résidus de pétrole pouvant persister dans l'environnement pendant des années, voire des décennies".
Le Sounion, qui transporte 150.000 tonnes de pétrole brut, a pris feu et perdu sa force motrice après avoir été attaqué le 21 août. Ses 25 membres d'équipages ont été évacués le lendemain par une frégate française de la mission européenne Aspides, déployée dans la zone.
Quelques jours plus tard, les rebelles ont affirmé avoir fait exploser des charges sur le pont du navire, déclenchant de nouveaux incendies.
Situation "imprévisible"
Les entreprises privées qui devaient remorquer le navire, ancré à mi-chemin entre le Yémen et l'Erythrée, ont jugé qu'il n'était "pas sûr" de le faire, a annoncé la semaine dernière la mission Aspides, chargée d'assurer leur protection, en affirmant que des "solutions alternatives" étaient à l'étude.
Le pétrolier étant "lourdement chargé, immobilisé et en feu, la situation est extrêmement dangereuse et imprévisible", souligne M. Jreissati. "Le risque d'une catastrophe environnementale majeure est important, car le navire peut se briser ou exploser à tout moment", ajoute-t-il.
Depuis novembre, les attaques des Houthis ont provoqué la mort d'au mois quatre membres d'équipages, et le naufrage de deux navires, dont le Rubymar, un vraquier qui a sombré en mars avec des milliers de tonnes d'engrais à son bord.
Le Sounion représente toutefois la plus grande menace à ce jour. "Cette situation est une catastrophe environnementale qui se déroule lentement sous nos yeux", déplore Wim Zwijnenburg, de l'ONG PAX qui oeuvre pour la paix dans le monde.
"Environnement risqué"
La menace du Sounion en mer Rouge rappelle le risque qu'a longtemps fait pesé le supertanker FSO Safer, un pétrolier vieux de 47 ans abandonné pendant des années au large des côtes yéménites, en raison de la guerre civile de ce pays depuis plus d'une décennie.
En août 2023, les Nations unies avaient réussi à transférer sa cargaison de plus d'un million de barils de pétrole au terme d'une opération longue et coûteuse.
Le sauvetage du Sounion pourrait s'avérer d'autant plus difficile que les rebelles houthis poursuivent leurs attaques dans la zone, souligne Noam Raydan, du Washington Institute for Near East Policy.
"Trouver des remorqueurs adaptés à proximité, et prêts à opérer dans un environnement aussi risqué peut-être difficile", affirme l'experte. Et les forces navales "devront rester à proximité du pétrolier pour empêcher les Houthis d'interrompre le processus (de sauvetage)".
AFP/VNA/CVN