Professeur Trân Đông A : d’officier à député

Le Professeur Trân Đông A, ancien vice-directeur de l’Hôpital pédiatrique 2 de Hô Chi Minh-Ville, a choisi de ne pas quitter son pays natal et est resté pour exercer sa vocation et sauver des vies.

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Le Professeur Trân Đông A, ancien vice-directeur de l’Hôpital pédiatrique 2 de Hô Chi Minh-Ville.
Photo : VNA/CVN

Je suis resté pour les enfants vietnamiens

Le Professeur Trân Đông A est le cinquième enfant d’une famille ayant une tradition de lutte révolutionnaire. Dès son plus jeune âge, le Professeur né en 1941 était un excellent élève et rêvait de devenir médecin. Après avoir obtenu son diplôme de médecine, il fut contraint de rejoindre l’armée et devint médecin militaire sous le régime de la République du Vietnam (Sud-Vietnam).

Né dans un pays divisé, témoin de tant de séparations et de souffrances, et confronté à la guerre, il n’a jamais cessé d’espérer le jour où le pays retrouverait la paix.

Le 30 avril 1975, son rêve devint réalité. Il se mêla à la foule assistant à l’instant où les forces de libération hissaient le drapeau sur le toit du Palais de l’Indépendance. "À ce moment-là, le bonheur de voir le pays en paix, uni, a surpassé toute autre émotion", se souvient-t-il.

Comme beaucoup d’anciens collaborateurs de l’ancien régime, il dut participer à un programme de rééducation de plus de deux ans, qu’il accepta sans résistance. Six mois seulement après cette rééducation, il fut nommé chef d’une clinique à l’Hôpital pédiatrique 2, puis promu au poste de vice-directeur de l’établissement.

Aux alentours de 1981-1982, il se retrouva une nouvelle fois face à un choix crucial : partir ou rester. À cette époque-là, le pays connaissait encore de nombreuses difficultés, et sa famille faisait partie des 30 familles officiellement parrainées pour s’installer aux États-Unis.

Le membre du Bureau politique et secrétaire du Comité du Parti de Hô Chi Minh-Ville, Nguyên Văn Nên (droite), félicite le Professeur Trân Đông A à l'occasion de la Journée des médecins vietnamiens (27 février).
Photo : VNA/CVN

Mais il prit une décision "historique" : il refusa et choisit de rester. "Je suis resté parce que les enfants vietnamiens avaient besoin de moi", déclara-t-il d’un ton bref mais déterminé, ce qui en surprit plus d’un à l’époque. Il admit cependant que refuser de s’installer aux États-Unis fut une décision difficile à prendre.

"Beaucoup m’ont dit que j’étais fou, car avec mes compétences et un parrainage spécial, j’aurais pu avoir aux États-Unis une vie et une carrière que beaucoup rêvaient d’avoir. Mais j’ai décidé de rester dans mon pays. Pour moi, ce fut une décision historique, d’une importance capitale dans ma vie. Depuis ce jour et jusqu’à aujourd’hui, je considère toujours que c’était la bonne décision. Je suis très heureux", confie-t-il.

Faire rayonner la médecine vietnamienne dans le monde

Après sa décision de rester, le docteur Trân Dông A s’est entièrement consacré à sa carrière médicale. Il fut le pionnier dans l’introduction de nombreuses techniques chirurgicales pédiatriques avancées au Vietnam. Grâce à ses mains habiles, de nombreux enfants atteints de malformations congénitales graves ont été sauvés.

Notamment, en 1988, il a dirigé, avec une soixantaine de médecins et chirurgiens, la séparation réussie des jumeaux siamois Viêt et Duc. Après 17 heures d’intervention, la première opération de séparation de jumeaux au Vietnam fut un succès. Ces deux jumeaux ont pu mener chacun leur propre vie.

Le Professeur Trân Dông A lors d’un voyage en France.
Photo : VNA/CVN

Le succès de cette intervention chirurgicale a fait connaître le nom du docteur Trân Đông A à travers le monde. Malgré le manque d’équipements et de médicaments, lui et ses collègues ont réussi à mener à bien cette opération complexe de séparation de jumeaux siamois.

Avant cela, seules six opérations similaires avaient été réalisées dans le monde entier. En 1991, l’intervention Viêt-Duc a été inscrite dans le livre Guinness des records.

Plus de 30 ans plus tard, à l'âge de 78 ans, le Professeur Trân Đông A joue à nouveau le rôle de "chef d’orchestre" dans une grande opération de séparation des jumelles siamoises Truc Nhi - Diêu Nhi, une intervention aussi complexe que celle des jumeaux Viêt - Duc à l'époque.

Lorsque l'opération a été couronnée de succès, il ne put contenir son émotion : "Je suis extrêmement heureux d’avoir pu, en 32 ans, participer à deux opérations de séparation de jumeaux siamois aussi rares et difficiles que celles de Viêt - Duc et Truc Nhi - Diêu Nhi".

Une joie inattendue pour le Professeur Trân Đông A fut d’être élu député à l’Assemblée nationale pour les XIe et XIIe législatures, membre du Comité central du Front de la Patrie du Vietnam, et de recevoir du gouvernement le titre honorifique de Héros du travail.

En tant que député, il a contribué à l’élaboration de lois importantes concernant la santé et la vie humaine telles que la loi sur la prévention des maladies infectieuses, la loi sur la greffe d’organes, ou encore celle sur l’assurance santé.

Il est également devenu le premier Vietnamien membre de l’Académie des sciences de New York. Il est le mentor de plusieurs générations de médecins vietnamiens, sauveur de millions d’enfants vietnamiens.

Le docteur Pham Ngoc Thach, directeur adjoint de l’Hôpital pédiatrique N°2, déclare : "Le Professeur Trân Đông A est le fondateur et pionnier de la chirurgie pédiatrique au Vietnam. Il est un vrai maître, entièrement dévoué à ses élèves, passionné par son travail et toujours à la recherche de nouvelles méthodes de traitement pour ses patients".

Tout au long de sa carrière médicale, le Professeur Trân Đông A a toujours considéré la médecine comme une science au service de l’homme, convaincu que le médecin doit rester fidèle au serment d’Hippocrate et au noble idéal de sauver des vies.

Et ce dont il est le plus fier et le plus heureux, encore aujourd’hui, c’est d’avoir pu accomplir pleinement sa mission de sauver des vies, ici même, dans son pays natal.

Dinh Hang - Câm Sa/CVN

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