Le président Viktor Ianoukovitch, qui a repris le travail lundi 3 février, après un silence complet de quatre jours justifié par un congé maladie, a profité d'une rencontre avec les participants à une "table ronde" pour dénoncer "l'extrémisme" des manifestants.
Il a accusé l'opposition d'"incitation à la haine", motivée par "la lutte pour le pouvoir", sans dire cependant qui exactement visaient ses propos.
Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch lors d'une conférence de presse dans la capitale Kiev, en décembre 2013. |
Quelques heures plus tôt, un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères avait appelé l'opposition ukrainienne à renoncer aux "menaces" et aux "ultimatums", afin de permettre à l'Ukraine de "sortir de la crise profonde" dans laquelle elle se trouve "tout en restant dans le cadre constitutionnel".
Dans le bref fragment de son intervention transmis par la télévision, M. Ianoukovitch n'a évoqué ni la proposition d'aide de l'Occident, ni les demandes de réforme constitutionnelle et d'amnistie formulées par l'opposition.
Or la question de l'aide financière européenne et américaine devrait faire l'objet d'entretiens à Kiev de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, qui se rend mardi 4 février dans la capitale ukrainienne.
Mme Ashton doit entamer dès son arrivée des discussions avec l'opposition et avec les autorités ukrainiennes et poursuivre ses entretiens mercredi 5 février, a indiqué à Bruxelles sa porte-parole Maja Kocijancic.
Plus de 60.000 manifestants de l'opposition à Kiev. |
Lundi 3 février, les premières informations sur une éventuelle aide occidentale ont été suivies de près par l'annonce d'un montant élevé de la dette gazière de l'Ukraine, totalisant, fin janvier, 3,35 milliards d'euros. Une manière de rappeler, peut-être, à quel point l'Ukraine est financièrement dépendante de la Russie.
À Kiev, le président doit travailler à la mise en place d'un nouveau gouvernement. Une question essentielle, car tant Moscou que Bruxelles font dépendre leur aide de la composition et des pouvoirs de ce gouvernement. L'opposition souhaite obtenir un contrôle réel des postes clés.
En attendant, le parlement reprend mardi 4 février ses travaux. L'opposition devrait en profiter pour proposer une nouvelle loi d'amnistie pour les manifestants arrêtés, destinée à remplacer celle faisant dépendre son application de l'évacuation par les opposants des bâtiments publics occupés.
Elle compte aussi promouvoir la réforme constitutionnelle pour revenir à la Loi fondamentale de 2004, issue de la Révolution orange pro-occidentale et qui accorde moins de pouvoirs au chef de l'État.
À Paris, le président François Hollande a appelé de nouveau lundi 3 février "au dialogue, à l'apaisement et à une solution politique" en Ukraine, jugeant que la situation est "grave" et exige "la plus grande vigilance".
AFP/VNA/CVN