Présidentielle au Salvador : l'ex-rébellion au pouvoir échoue de peu au 1er tour

Le candidat de l'ex-rébellion au pouvoir au Salvador, Salvador Sanchez Ceren, a reconnu le 2 février avoir échoué de peu à emporter la présidentielle au premier tour et devoir donc être contraint à disputer un duel en mars face au candidat de la droite Norman Quijano.

Le candidat de l'ex-rébellion au pouvoir au Salvador, Salvador Sanchez Ceren, a reconnu le 2 février avoir échoué de peu à emporter la présidentielle au premier tour.

"Nous avons remporté le premier tour et nous sommes certains qu'au second tour, nous n'allons pas l'emporter de 10 points, mais davantage (ce sera) une grande victoire", a déclaré devant la presse le candidat du Front Farabundo Marti pour la libération nationale (FMLN), crédité d'environ 49% des voix selon des résultats partiels portant sur 81% des bureaux de vote. M. Quijano, maire de Salvador, affichait quant à lui un score avoisinant les 39%, selon ces résultats annoncés le 2 février par le Tribunal suprême électoral (TSE). "Nous sommes au deuxième tour, le fait d'être passé montre que nous pouvons gagner", avait affirmé peu auparavant M. Quijano devant ses partisans à Salvador. Le second tour est prévu le 9 mars.Le vote pour la présidentielle le 2 février dans quelque 1.500 bureaux s'est déroulé dans le calme et a été marqué selon le TSE par une participation inférieure aux précédentes éditions.Après avoir mis un terme à 20 ans d'hégémonie des conservateurs avec l'élection du modéré Mauricio Funes en 2009, le FMLN a présenté l'ex-commandant rebelle et actuel vice-président Salvador Sanchez Ceren, âgé de 69 ans, pour tenter de redresser un pays en proie à une criminalité incontrôlée et à un fort taux de pauvreté.
La violence et la pauvreté, principaux défis
Pendant la campagne, M. Ceren s'est engagé à poursuivre le programme anti-pauvreté de son prédécesseur et à faire de la probité une priorité de son mandat. Il a aussi garanti à ses concitoyens la "tranquillité" face à la menace des groupes criminels et des "maras", gangs d'adolescents connus pour leurs nombreux tatouages qui sèment la terreur dans le pays.

Dans un bureau de vote, le 2 février à San Salvador.


"Celui qui gagnera doit avoir conscience que dans ce pays le coût de la vie est élevé, qu'il n'y a pas de travail, et qu'il y a les "maras" qui nous harcèlent. C'est une tâche écrasante qui l'attend"
, a confié le 2 février, Argentina Campos, 41 ans.
De son côté, la droite s'est présentée en ordre dispersé. L'Alliance républicaine nationaliste (ARENA, droite) a investi M. Quijano, à qui les sondeurs prédisaient avant le scrutin un score altéré par la candidature dissidente de l'ancien président Antonio Saca (2004-2009)

M. Quijano, âgé de 67 ans, envisage lui aussi de travailler "pour plus de sécurité et plus d'emplois", promettant notamment une "main de fer" contre les criminels. Soutenu par les milieux d'affaires mais considéré comme peu charismatique, ce dentiste de formation a bénéficié d'une large couverture des médias privés pour diffuser son discours fustigeant un adversaire qualifié de "communiste".

Toutefois, sa fin de campagne a été ternie par la tentative de fuite du conseiller de campagne de l'ARENA et ancien président Francisco Flores (1999-2004), soupçonné d'avoir détourné plusieurs millions de dollars versés par Taïwan (Chine) sous son mandat.

"Un grand pacte national"

En allant voter dans un théâtre du Nord-Est de San Salvador le 2 février, M. Ceren a surpris les journalistes en annonçant sa volonté de former "un gouvernement ouvert à toutes les tendances" et en appelant ses adversaires à conclure "un grand pacte national" pour le pays. Il s'est également engagé à respecter les résultats du scrutin.

S'il était élu dans ce petit pays qui peine encore à se remettre d'une guerre civile (1980-1992), M. Ceren deviendrait le troisième président latino-américain en activité issu d'une guérilla de gauche après la Brésilienne Dilma Rousseff et l'Uruguayen José Mujica.

Près de son bureau de vote de l'ouest de la capitale salvadorienne, M. Quijano s'est quant à lui félicité du "calme" caractérisant le scrutin, comme ce fut le cas pendant la campagne. À l'issue du second tour, le vainqueur héritera d'un pays en butte à un taux de pauvreté dépassant les 40% et à une violence incontrôlée.

M. Funes, qui ne peut se représenter, a tenté de juguler tant bien que mal ces deux phénomènes sans vraiment pouvoir s'appuyer sur des institutions fragiles et gangrenées par la corruption. "Ce qu'on demande au prochain président c'est de nous apporter la paix et du travail, qu'il nous apporte davantage de sécurité", exhortait le 2 février Noé Gonzalez, un retraité de 73 ans rencontré à Mejicanos, quartier pauvre à la périphérie de la capitale.

AFP/VNA/CVN


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