Nouveau meeting de l'opposition pour relancer la mobilisation à Kiev

L'opposition ukrainienne, dont les chefs ont obtenu samedi 1er février le ferme soutien verbal de l'Occident, doit tenir dimanche 2 février à Kiev un nouveau meeting devant des manifestants qui luttent contre la lassitude, le froid et les craintes d'un coup de force du pouvoir.


Plus de deux mois après le début le 21 novembre de la crise déclenchée par la volte-face du président Viktor Ianoukovitch, qui a refusé de signer un accord avec l'Union européenne et s'est rapproché de la Russie, l'opposition occupant le centre de Kiev est obligée d'innover pour garder son élan.
L'époque des grands rassemblements semble révolue, même si les militants gardant dans le froid les barricades que l'on traverse en disant "Ukraine" en guise de mot de passe semblent toujours aussi déterminés. Les revendications immédiates des contestataires portent sur la libération des manifestants arrêtés après des heurts avec la police - que le pouvoir fait dépendre de l'évacuation des lieux publics occupés - et sur la formation d'un nouveau gouvernement.

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Léonid Kojara (gauche) et l'opposant Vitali Klitschko, le 1er février 2014 à Munich.


Sur un plan plus général, ils demandent le départ du président Ianoukovitch et un retour à la Constitution de 2004, autrement dit la réduction du pouvoir présidentiel. Selon la tradition, le meeting de dimanche sur la place de l'Indépendance - le Maïdan - doit commencer par un service religieux interconfessionnel, célébré notamment par des prêtres catholiques de rite oriental et par les popes du patriarcat orthodoxe de Kiev.
Campagne de sensibilisation de l'opposition
La participation des principaux leaders de l'opposition, qui ont alerté de hauts responsables occidentaux à Munich sur les risques d'une intervention de l'armée à Kiev, n'est pas prévue. Mais leurs rencontres et leurs déclarations en Allemagne ont été largement rapportées par les médias d'opposition à Kiev. Les chefs de file de l'opposition, Vitali Klitschko et Arseni Iatseniouk, ont mené une vaste campagne de sensibilisation, rencontrant tour à tour le secrétaire d'État américain John Kerry et ses homologues français Laurent Fabius et allemand Frank-Walter Steinmeier, réunis pour la Conférence annuelle sur la sécurité de Munich.
"Les États-Unis et l'Union européenne (UE) se tiennent au côté du peuple ukrainien dans son combat" pour se rapprocher de l'UE, a assuré M. Kerry, dont c'est la prise de position la plus forte à ce jour en faveur de l'opposition. Dans une claire allusion à la Russie, M. Kerry a affirmé que les Ukrainiens "considèrent que leur avenir ne dépend pas d'un seul pays et certainement pas sous la contrainte".
La Russie, souhaitant garder l'Ukraine dans son orbite et jugeant qu'une association de ce pays avec l'UE serait néfaste à cet objectif, a offert à Kiev 15 milliards de dollars de crédit et réduit le prix du gaz qu'elle lui fournit. Mais, à la veille des JO d'hiver de Sotchi, dont le succès est prioritaire pour le président Vladimir Poutine, Moscou adopte un ton mesuré. S'il a critiqué le soutien affiché des Occidentaux à l'opposition ukrainienne, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a néanmoins discuté des solutions à la crise avec ses homologues américain, français et allemand.

L'opposition ukrainienne, dont les chefs ont obtenu samedi 1er février le ferme soutien verbal de l'Occident, doit tenir dimanche 2 février à Kiev un nouveau meeting devant des manifestants.


Alors que l'opposant de base à Kiev reproche à M. Ianoukovitch son tournant pro-russe, les chefs de l'opposition n'ont pas insisté sur cet argument. "Le gouvernement a préféré emprunter la voie de l'escalade", a affirmé Vitali Klitschko. "Cette voie n'est pas acceptable pour nous", a ajouté l'ancien boxeur, très applaudi lors de son intervention devant les conférenciers.
À Kiev, le parti de l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko a déclaré à l'AFP que le pouvoir ukrainien était en train de préparer l'instauration de l'état d'urgence. L'armée avait exigé vendredi des mesures d'urgence, affirmant que l'escalade de la contestation menaçait "l'intégrité territoriale" de l'ancienne république soviétique. Au delà des considérations géopolitiques abordées à Munich, la crise ukrainienne a été marquée par l'affaire du militant de l'opposition Dmytro Boulatov, hospitalisé après avoir été, selon son récit, enlevé et torturé pendant une semaine et dont les images du visage ensanglanté ont fait le tour du monde.
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Léonid Kojara a affirmé que son histoire d'enlèvement et de tortures "n'était absolument pas vraie". Devant l'avalanche de critiques indignées dans les médias sociaux, le ministère a publié en fin de soirée un communiqué cherchant à réduire la portée de ces propos et souhaitant "un prompt rétablissement" à l'opposant qui a été placé en résidence surveillée. Selon Berlin, M. Boulatov pourrait être autorisé à quitter rapidement l'Ukraine pour se faire soigner en Allemagne s'il le souhaite.

AFP/VNA/CVN

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