Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan. |
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La polémique entre M. Erdogan et l'influent prédicateur Fethullah Gülen, qui réside aux États-Unis, a éclaté au grand jour en novembre lorsque le gouvernement a avancé l'idée de fermer ces écoles, qui sont une importante source de revenus pour le mouvement Hizmet (Service) du prédicateur.
La nouvelle loi, votée par 226 voix contre 22 sur les 550 députés que compte le Parlement, prévoit la fermeture de ces écoles au 1er septembre 2015. Fethullah Gülen, autrefois allié de M. Erdogan, est devenu dans la dernière période son principal adversaire.
Des tensions existaient depuis longtemps entre le Premier ministre islamo-conservateur et le prédicateur qui, installé aux États-Unis depuis 1999 pour échapper à des poursuites, reste très influent sur la scène turque.
Mais le conflit a éclaté au grand jour avec l'affaire des écoles privées du mouvement, dans lesquelles les élèves sont préparés pour le collège et l'université.
Le Hizmet, qui se présente comme un mouvement mondial, social et culturel inspiré par les idéaux islamiques, dispose de quelque 4.000 écoles privées en Turquie et de plus de 500 dans d'autres pays.
M. Erdogan a déclaré en novembre vouloir abolir un système éducationnel selon lui "illégal" et injuste, qu'il a accusé de transformer les élèves en "chevaux de course".
"Ceux qui bénéficient de ces cours sont les enfants de familles riches des grandes villes", a lancé le chef du gouvernement.
Au pouvoir depuis douze ans, M. Erdogan a lui-même des origines sociales modestes et s'efforce toujours de présenter une image d'homme du peuple.
Alors que son pouvoir est embourbé dans un vaste scandale de corruption, M. Erdogan accuse des "gülenistes" se trouvant à des postes de responsabilité dans la police et la justice d'être derrière les enquêtes qui ont été lancées contre son équipe gouvernementale.
Il a réagi en limogeant des centaines de policiers et de magistrats considérés comme liés au mouvement Gülen.
Le prédicateur, pour sa part, dément toute responsabilité dans le lancement de ces enquêtes.
La révélation du scandale, qui a entraîné la chute de quatre ministres et un remaniement du gouvernement, affaiblit considérablement le pouvoir de M. Erdogan à l'approche d'une échéance électorale cruciale.
Un sondage publié il y a un mois situait son Parti de la justice et du développement (AKP) à 36,3% des intentions de vote en cas de législatives anticipées, bien loin des 50% obtenus en 2011. Dans ce contexte, les élections municipales du 30 mars feront office de référendum.
Le scandale a éclaté à la mi-décembre, lorsque des dizaines de proches de M. Erdogan ont été interpellés sur des soupçons de corruption dans l'immmobilier, le trafic d'or et des transactions illégales avec l'Iran.
Mais un tribunal a remis en liberté vendredi les cinq derniers suspects, dont les fils de deux anciens ministres.
Le 27 février, M. Erdogan a encore durci le ton contre Fethullah Gülen en le défiant de venir l'affronter dans les urnes en Turquie.
Désormais personnellement visé par le scandale de corruption qui secoue le pays depuis deux mois, M. Erdogan s'est défendu en attaquant pour la première fois directement celui qu'il considère comme le cerveau d'un complot ourdi contre lui.
"Ô Hodja" (celui qui enseigne le Coran), lui a-t-il lancé lors d'une réunion électorale dans l'Ouest de la Turquie, "si tu n'as rien à cacher, reviens dans ta patrie et lance-toi en politique".
"Fais de la politique, mais ne t'engage pas dans des actions de provocation qui pourraient menacer la sécurité nationale et la stabilité de la Turquie", a asséné le chef du gouvernement.
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