L'Ukraine lutte contre la faillite, la Russie plus conciliante

Les Occidentaux et la Russie ont cherché le 25 février à apaiser la tension à propos de l'Ukraine, où les autorités provisoires luttent pour prévenir une faillite et faire obstacle aux tentations séparatistes du Sud et de l'Est.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Photo : AFP/VNA/CVN

Après avoir mis en doute le 24 février la légitimité des nouveaux dirigeants ukrainiens et déclaré ne pas se voir "travailler" avec un gouvernement issu d'une "révolte", Moscou a adopté un ton plus conciliant.

Tout en se déclarant opposé à la tenue d'une élection présidentielle anticipée le 25 mai, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré que Moscou souhaite que "l'Ukraine fasse partie de la famille européenne, dans tous les sens du mot". "Nous sommes d'accord (...) qu'il serait dangereux et contreproductif de forcer l'Ukraine à un choix : soit vous êtes avec nous, soit contre nous", a dit M. Lavrov.

À Washington, le secrétaire d'État américain John Kerry, est allé dans le même sens. "Il ne s'agit pas d'un jeu à somme nulle, de l'Ouest contre l'Est, cela ne devrait pas être le cas, ce n'est pas la Russie ou les États-Unis ou d'autres choix, il s'agit du peuple d'Ukraine et des choix d'avenir des Ukrainiens", a déclaré M. Kerry.

Les États-Unis veulent "travailler avec la Russie, avec d'autres pays, avec tous ceux qui sont disponibles pour faire en sorte que (la situation) s'apaise à compter de ce jour", a ajouté le chef de la diplomatie américaine, qui recevait son homologue britannique William Hague. M. Hague a lui aussi assuré que les Occidentaux ne cherchaient "pas à éloigner (l'Ukraine) de la Russie".

Apporter le soutien à l'Ukraine

Des diplomates occidentaux de haut rang sont venus sur place apporter leur soutien au nouveau pouvoir, tout en soulignant l'importance d'associer la Russie à tout règlement. "Nous proposons du soutien, pas de l'ingérence", a affirmé à Kiev le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton. "Il est crucial que la Russie, en tant qu'important voisin de l'Ukraine, lui apporte aussi son soutien pour faire en sorte que le pays puisse aller de l'avant de la manière qu'il souhaite", a-t-elle dit.

Le numéro deux de la diplomatie américaine William Burns est arrivé le 25 février à Kiev pour rencontrer les nouveaux responsables.

La Russie avait annoncé en décembre un crédit de 15 milliards de dollars, dont elle n'a pour le moment versé que 3 milliards, ainsi qu'une forte baisse des prix du gaz.

"Nous n'avons pas d'obligations légales" à verser ces fonds, a d'ailleurs déclaré le 25 février le vice-ministre russe des Finances, Sergueï Stortchak, à la chaîne de télévision Rossiya 24. "Ce dont nous parlons, ce sont un nouveau round de négociations et de nouveaux accords. Quelle en sera la forme, l'avenir nous le dira", a ajouté M. Stortchak.

Rencontre entre la chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, et le chef de l'État par intérim de l'Ukraine, Olexandre Tourtchinov, le 24 février à Kiev.

Selon le ministre ukrainien des Finances par intérim Iouri Kolobov, Kiev a besoin de 35 milliards de dollars sur deux ans et place ses espoirs dans l'organisation d'une conférence de donateurs occidentaux. Cette requête a reçu un accueil favorable auprès des Européens.

"Il faut éviter une guerre civile, il faut éviter l'effondrement financier et économique du pays, et il faut organiser une conférence internationale pour éviter la faillite de l'Ukraine", a ainsi déclaré le chef de la diplomatie grecque Evangelos Venizelos, dont le pays préside actuellement l'Union européenne.

Signes de séparatisme

Signe de la difficulté à trouver un compromis politique à l'intérieur du pays, le Parlement a repoussé à le 27 février la nomination d'un gouvernement de transition, initialement prévue le 25 février.

Par ailleurs, le président par intérim a appelé à "mettre immédiatement un terme aux manifestations dangereuses de séparatisme", sans citer de cas concrets.

Le Parlement ukrainien a voté une résolution demandant à la Cour pénale internationale de poursuivre le président déchu Viktor Ianoukovitch, dans le cadre d'une enquête pour "crimes contre l'humanité".

AFP/VNA/CVN

 

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