Angela Merkel plaide pour le maintien du Royaume-Uni dans l'UE

La chancelière allemande, Angela Merkel, a plaidé le 27 févrieren faveur du maintien d'un Royaume-Uni "fort au sein de l'Union européenne" dans un discours solennel devant le parlement britannique, mais en évitant de trop s'engager sur les réformes du club des 28 envisagées par David Cameron.

La chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre britannique David Cameron, le 27 février à Londres.


"Nous avons besoin d'un Royaume-Uni fort avec une voix forte dans l'Union européenne. Si nous avons cela, nous serons capables de procéder aux réformes nécessaires pour le bénéfice de tous", a fait valoir la chancelière allemande, contrainte pendant une demie-heure à un exercice de haute voltige diplomatique.
Mme Merkel qui a entamé et conclu son discours en anglais, était le troisième haut responsable allemand à avoir le rare honneur de s'adresser aux deux chambres réunies, après Willy Brandt en 1970 et le président Richard von Weizsaecker en 1986.
D'emblée, la chancelière a souligné la position extrêmement inconfortable dans laquelle la plaçait l'ampleur des attentes à l'occasion de sa visite.
Les médias britanniques, dûment briefés par le 10 Downing Street, ont insisté sur l'importance de son soutien au projet politique de M. Cameron, qui entend réformer l'UE avant de demander par référendum aux Britanniques s'ils souhaitent ou pas rester dans son giron, en 2017.
Mme Merkel a reconnu devant les députés et lords massés dans la galerie royale du palais de Westminster qu'elle s'attendait à décevoir à la fois ceux qui espéraient son ralliement "à une réforme en profondeur de l'architecture européenne" et ceux qui, au contraire, attendaient d'elle un message proclamant que le reste de l'Europe n'était "pas préparé à payer quasiment n'importe quel prix pour garder la Grande-Bretagne au sein de l'Union européenne".
Le Premier ministre britannique, attentif au premier rang, n'a cependant pu qu'apprécier les propos de son hôte en faveur de "la réduction de la bureaucratie superfétatoire" bruxelloise ou son insistance sur l'impératif de compétitivité d'une Europe dont elle a martelé à trois reprises qu'elle devait être "unie et déterminée".
Mais la chancelière a aussi insisté sur l'importance de préserver les valeurs fondamentales de l'UE telle que la libre circulation des personnes, que Londres voudrait restreindre.
Par ailleurs, en excluant des réformes trop poussées qui se traduiraient par une renégociation du traité européen, elle a pris le risque de frustrer les conservateurs eurosceptiques qui ont contribué à la radicalisation du discours de M. Cameron.
Apparemment satisfait du discours de son invitée, prolongé par des discussions lors d'un déjeuner, M. Cameron a assuré lors d'une conférence de presse conjointe : "Je veux que la Grande-Bretagne soit un acteur positif dans une Union européenne réformée".
"Je crois qu'il est essentiel de définir les buts politiques, et David aussi", a prudemment ajouté Mme Merkel.
Tapis rouge
À l'heure du thé, Mme Merkel s'est rendue au palais de Buckingham pour y rencontrer la reine Elizabeth II. Il s'agissait là d'une autre marque appuyée d'intérêt, pareille invitation étant normalement réservée par le protocole aux chefs d'État et non de gouvernement.
Les médias britanniques n'ont pas manqué de comparer l'éclat donné à cette visite officielle avec le caractère plus "businesslike" du récent sommet franco-britannique, dominé par les questions de défense et qui s'est terminé sur une conférence de presse dans un hangar d'aviation et une visite au pub en compagnie de M. Cameron.
Les médias ont aussi dûment noté que Mme Merkel s'était exprimé dans une salle d'apparat où trône un immense tableau dépeignant la jonction du duc de Wellington et du feld-maréchal prussien Blücher, vainqueurs de Napoléon à la bataille de Waterloo, le 18 juin 1815.
Enfin, comme pour mieux enfoncer le clou, ils ont fait état d'un sondage selon lequel 45% des Britanniques placent l'Allemagne en tête des pays européens avec lesquels il est important d'entretenir de bonnes relations, loin devant la France, qui n'obtient que 11% des suffrages.

AFP/VNA/CVN

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