Tchad : triples élections après trois ans de régime spécial

Le Tchad, pays désertique du Sahel sous régime spécial depuis trois ans, vote dimanche 29 décembre pour des élections législatives, provinciales et locales, présentées par le pouvoir comme la dernière étape de la transition politique mais boycottées par l'opposition.

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Des membres des tribus nomades tchadiennes de la région d'Ati votent pour les élections législatives, provinciales et locales dans un bureau de vote à Mandelia, au Tchad, le 28 décembre 2024. 
Photo : AFP/VNA/CVN

L'opposition veut surveiller de près la participation, enjeu principal d'un scrutin sans grand suspense, le boycott laissant le champ libre aux candidats alignés sur le maréchal Mahamat Idriss Itno, porté au pouvoir par les militaires en 2021 puis légitimé par les urnes lors de la présidentielle de mai dernier.

"Les résultats fabriqués sont déjà dans les ordinateurs", a-t-il dit en accusant le pouvoir d'avoir déjà "fabriqué de faux résultats" pour la dernière présidentielle, de n'avoir "respecté aucun de ses engagements" pendant la transition et de compter "sur la loi de la force et non sur la force de la loi".

Samedi soir, le parti démocratique du peuple tchadien (PDPT, opposition) a dénoncé la disparition de plus de mille bulletins de vote destinés à la sous-préfecture de Bongor et invité à la "vigilance" pour "contrecarrer les réseaux de fraude" selon lui mis en place par le parti au pouvoir, le MPS et par l'Agence nationale de gestion des élections (Ange).

Dimanche, 26.617 bureaux de vote seront ouverts de 06h00 à 18h00 locales pour accueillir les quelques 8 millions d'électeurs inscrits, avec une centaine d'observateurs étrangers mais aussi de représentants des différents partis politiques, selon l'Ange.

Comme pour les précédentes élections, nomades, policiers et militaires ont commencé à voter dès samedi 28 décembre pour des raisons logistiques.

"Les nomades sont venus demander à ceux qui seront élus demain d'améliorer leurs conditions de vie", a expliqué à l'AFP le cheik Djibrine Hassabakarim, un de leurs représentants dans un campement proche de N'Djamena, en pointant une dégradation liée au changement climatique - mortalité des bêtes, heurts avec les cultivateurs sédentaires, difficulté pour nourrir les familles.

Samedi matin, à la direction générale de la police à N'Djamena, les représentants de l'Ange étaient plus nombreux que les policiers dans les bureaux installés à l'ombre dans un jardin. Des bureaux de vote ont aussi été montés devant la présidence tchadienne pour les militaires de la puissante direction générale de Service de sécurité des institutions de l'Etat (DGSSIE).

Pour les militaires, voter est un "devoir", comme l'a dit à l'AFP le général Ahamat Mahamat Abakar, en charge du centre d'instruction de Koundoul, au nord de N'Djamena.

Le scrutin intervient dans un contexte géopolitique mouvant, avec le retrait en cours de l'armée française après la rupture d'un accord de coopération militaire remontant à la fin de la colonisation, des attaques du groupe jihadiste Boko Haram dans la région du lac Tchad et des accusations récurrentes d'ingérence dans le conflit qui ravage le Soudan voisin.

Les dernières législatives remontent à 2011.

L'Assemblée devait être renouvelée en 2015 mais il y eu plusieurs reports successifs justifiés par la menace jihadiste, les difficultés financières, l'épidémie de coronavirus et la transition qui a suivi le putsch militaire après le décès du maréchal Deby père, tué par des rebelles après trente ans de pouvoir sans partage.

Un parlement de transition composé de 93 membres a été désigné par décret présidentiel en 2021.

En recevant son grade de maréchal le 21 décembre, le chef de l'État a affirmé que son accession au pouvoir avait "évité au pays de sombrer dans le chaos" et vanté sa "marche vers le progrès".

AFP/VNA/CVN

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