Syrie : les jihadistes au plus près de Kobané, la Turquie aux aguets

Les jihadistes du groupe État islamique (EI) ont encore resserré leur étreinte dimanche 5 octobre sur la ville syrienne kurde de Kobané, à quelques kilomètres de la Turquie où la chute d'un obus a fait cinq blessés et conduit à l'évacuation de deux villages.

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Pour la troisième journée consécutive, la ville assiégée a été soumise à des tirs d'obus de l'EI qui cherche à s'en emparer pour s'assurer le contrôle sans discontinuité d'une longue bande de territoire à la frontière syro-turque.

De la fumée s'élève de Kobané, ville kurde du Nord de la Syrie assiégé par les jihadistes, le 5 octobre

"Ils sont à certains endroits à un kilomètre de la ville et à deux ou trois kilomètres à d'autres endroits", a déclaré un responsable kurde syrien.

Les jihadistes se sont emparés samedi 4 octobre d'un pan de la colline de Machtanour, au Sud-Est de Kobané (Aïn el-Arab en arabe). S'ils parvenaient à mettre la main sur la totalité de cette colline alors "tout Kobané serait dans leur viseur et sa prise deviendrait plus facile", a averti le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.

Il a également fait état de sept frappes samedi 4 octobre de la coalition dirigée par les États-Unis contre des positions de l'EI autour de la ville, ce qui "entrave la progression du groupe".

Les bombardements américano-arabes dans la région de Kobané, où il resterait quelques milliers de civils, ont commencé ces derniers jours après le début de l'intervention de la coalition en Syrie le 23 septembre.

Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a pour sa part de nouveau exclu toute frappe française en Syrie.

"Des centaines de morts"

Kobané est défendue par les combattants des Unités de protection du peuple (YPG, principale milice kurde syrienne), moins nombreux et moins bien armés que les jihadistes.

Face à cette situation, la Turquie s'est pour l'instant contentée de renforcer sa frontière, une passivité vigoureusement dénoncée par sa population kurde (de 15 à 20 millions), qui l'accuse de laisser faire les jihadistes.

Des discussions informelles ont toutefois eu lieu entre le président du Parti de l'union démocratique (PYD), la branche syrienne du mouvement rebelle kurde turc du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, classé terroriste par la Turquie), et les services de renseignement turcs, ont affirmé des médias turcs dimanche.

Des soldats turcs présents à la frontière avec la Syrie, face à la ville de Kobané assiégée par les jihadistes, le 5 octobre

Du côté turc de la frontière, un tir d'obus de mortier d'origine indéterminée a fait cinq blessés. "C'était un cauchemar. Il y a des affrontements juste à côté, et personne ne fait rien", a raconté Berhan Polat, l'un des blessés, à l'hôpital de Suruç.

L'offensive des jihadistes a fait selon l'OSDH des centaines de morts dans les deux camps depuis le 16 septembre, et poussé à la fuite quelque 300.000 habitants, dont 180.000 ont trouvé refuge en Turquie.

Limite des frappes

Pour Idris Nahsen, un responsable kurde local, les frappes aériennes "ne sont pas suffisantes pour battre les terroristes au sol. Ils (la coalition menée par les États-Unis) doivent nous aider avec des armes et des munitions".

Des experts et d'ex-responsables militaires américains ont également souligné que Kobané illustrait les limites d'une intervention exclusivement aérienne.

"Les Kurdes font face à des combattants bien organisés et bien équipés", a affirmé Seth Jones, un ancien conseiller militaire américain. "Il s'agit d'un problème plus large qui concerne toute la Syrie où l'intervention américaine n'est pas vraiment bien coordonnée avec des forces sur le terrain, en partie à cause de la pléthore de groupes rebelles".

Ailleurs en Syrie, une coalition de ces rebelles, parmi lesquels le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, s'est emparée dimanche d'un plateau stratégique dans la province de Deraa (Sud), selon l'OSDH. Les combats, qui ont fait 30 morts parmi les forces du régime et 29 parmi les rebelles, se poursuivaient.

Après la révulsion suscitée dans le monde par la décapitation par l'EI de l'humanitaire britannique Alan Henning, les parents de l'otage américain Peter Kassig ont imploré ses ravisseurs de "faire preuve de compassion et de libérer" leur fils.

AFP/VNA/CVN

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