"Une solution à deux États suppose une reconnaissance mutuelle et la volonté d'une coexistence pacifique. C'est pourquoi la Suède va reconnaître l'État de Palestine", a déclaré M. Löfven dans son discours de politique générale.
Cela doit se faire dans le respect "des exigences légitimes à la fois des Palestiniens et des Israéliens quant à leur autodétermination et leur sécurité", a-t-il précisé.
Le Premier ministre suédois Stefan Loefven à Stockholm, le 3 octobre. |
Cette annonce a été saluée par les autorités palestiniennes mais a suscité la réticence des États-Unis, qui ont jugé cette démarche "prématurée".
Selon un décompte de l'AFP, au moins 112 pays ont reconnu l’État de Palestine. D'après l'autorité palestinienne, ils seraient 134, dont sept membres de l'Union européenne : la République tchèque, la Hongrie, la Pologne, la Bulgarie, la Roumanie, Malte et Chypre.
Le nouveau gouvernement suédois formé vendredi 3 octobre, qui allie sociaux-démocrates et Verts, est plus favorable à la cause palestinienne que le précédent, qui suivait la ligne des grands pays d'Europe de l'Ouest sur la question.
La reconnaissance de l’État palestinien et le soutien "actif au travail de réconciliation" sont cités dans le programme de gouvernement du parti social-démocrate, qui souhaite également que "les crimes de guerre d'Israël soient examinés et l'occupation de Gaza levée".
Le Premier ministre n'a pas précisé si la reconnaissance par Stockholm de l’État palestinien serait soumise au vote du Parlement, où le gouvernement est minoritaire. Interrogé par l'AFP, le ministère des Affaires étrangères n'a pas voulu s'exprimer sur ce point.
À la radio publique SR, la nouvelle chef de la diplomatie Margot Wallström a souligné que la Suède était "en bonne compagnie puisque 130 pays dans le monde l'ont déjà fait". "Nous pensons aussi que c'est un signal important pour pouvoir parvenir à un solution à deux États", a-t-elle ajouté.
Le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat a aussitôt salué la décision "courageuse" annoncée par la Suède et a appelé les autres pays de l'Union européenne à suivre cet exemple.
"Nous saluons l'annonce faite par le Premier ministre suédois", a-t-il dit, "nous espérons que tous les pays de l'Union européenne prendront la même décision courageuse et remarquable que la Suède puisqu'il n'existe aucune raison de ne pas reconnaître l'État de Palestine".
"Le moment est venu pour le monde entier de reconnaître l'État de Palestine", a dit un porte-parole de la présidence palestinienne, Nabil Abou Roudeina.
Et le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad al-Malki a salué l'engagement "historique" de la Suède en faveur de la liberté, de la dignité et des droits de l'Homme.
Geste "prématuré" pour Washington
Les États-Unis ont pour leur part prévenu que toute "reconnaissance internationale d'un État palestinien" était "prématurée".
La porte-parole du département d'État, Jennifer Psaki, a réaffirmé le "soutien" de Washington au principe d'un "État palestinien", mais par le biais d'un processus de paix, d'une "solution négociée" et de "reconnaissance mutuelle" entre Palestiniens et Israël. "Ce sont les parties qui doivent vouloir et pouvoir aller de l'avant", a-t-elle plaidé. L'annonce de la Suède a coïncidé avec Yom Kippour, jour le plus saint du judaïsme. Un porte-parole du gouvernement israélien s'est refusé à tout commentaire.
La Suède, qui compte une importante communauté palestinienne, a aussi pris cette initiative à un moment où les efforts déployés depuis des décennies pour tenter de résoudre le conflit israélo-palestinien semblent dans une impasse complète, alors que les capitales occidentales se demandent comment en sortir et que la frustration des dirigeants palestiniens est proche de son comble.
La Suède avait voté en faveur du statut d'observateur de la Palestine à l'ONU en 2012, qui lui a été accordé à une imposante majorité malgré l'opposition des États-Unis et d'autres pays. L'année précédente, le pays nordique s'était opposée à son entrée à l'UNESCO.
AFP/VNA/CVN