>> Revers pour les opposants à l'exploitation minière des fonds marins
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Un chercheur d'or indépendant fouille dans ancienne mine à Santa Rosa de Lima, au Salvador, le 5 décembre 2024. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le Salvador a été le premier pays à interdire l'exploitation des mines de métaux à ciel ouvert et souterraines et l'utilisation de produits chimiques toxiques comme le cyanure et le mercure. Fin novembre, Bukele a indiqué sur son compte X que des études menées dans 4% du territoire avaient révélé la présence de 50 millions d'onces d'or, d'une valeur de 131 milliards d'USD, soit 380% du PIB. Il a ajouté que cette richesse pourrait changer l’économie du pays en un jour si elle était exploitée de manière responsable.
Bukele prévoit de demander au Parlement, où son parti dispose d'une large majorité, d'abroger la loi anti-mines de 2017 et de lancer des appels d’offres pour exploiter ces ressources. Cependant, cette proposition inquiète les défenseurs de l’environnement. Plusieurs ONG soulignent les risques liés à l’exploitation minière dans des zones densément peuplées, comme à Chalatenango, où l'impact sur la population et les réserves d’eau pourrait être catastrophique. Selon eux, l’exploitation minière dans le bassin de la rivière Lempa, qui alimente la capitale en eau, entraînerait des pénuries et de la pollution.
Le Honduras et le Costa Rica l'interdisent aussi
L'exploitation à ciel ouvert est illégale dans d’autres pays d’Amérique centrale comme le Honduras et le Costa Rica, et le Panama a suspendu les licences d’extraction. L'argument de Bukele pour la relance de l’exploitation minière repose sur la création d’emplois et la relance de l’économie, le pays étant confronté à un taux de pauvreté élevé et une grande part d'emplois informels. À Santa Rosa de Lima, ancienne zone minière, l’opinion publique est partagée : certains estiment que cela apportera des bénéfices et des emplois, tandis que d'autres, comme José Torres, craignent la pollution accrue des rivières.
Le prêtre jésuite Rodolfo Cardenal critique vivement cette approche, soulignant que l’exploitation de l’or pourrait enrichir des multinationales tout en polluant et détruisant les vies locales. Il s'interroge sur les véritables intérêts de Bukele, qu'il soupçonne de défendre ceux des grandes entreprises minières plutôt que ceux du pays.
L'économiste Carlos Acevedo, ancien président de la Banque centrale du Salvador, considère les chiffres avancés par Bukele comme spectaculaires, suggérant que l’exploitation de l’or pourrait couvrir une grande partie de la dette extérieure du pays. Cependant, il souligne que l'extraction minière comporte des défis majeurs en termes de responsabilité sociale et écologique. Même si le Salvador possède de l'or, il avertit que l'extraction minière n'est pas une solution miracle pour stimuler la croissance économique à court terme.
AFP/VNA/CVN