Revers pour les opposants à l'exploitation minière des fonds marins

Face à la résistance farouche des partisans de l'extraction minière sous-marine, les opposants à cette activité controversée ont essuyé un revers vendredi 2 août à l'Autorité internationale des fonds marins (AIFM), échouant à faire un premier pas vers un éventuel moratoire.

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Sous l'océan Atlantique au large de Key Largo, en Floride, le 23 septembre 2021.
Photo : AFP/VNA/CVN

Jusqu'alors, les pays soutenant l'exploitation industrielle du plancher océanique avaient toujours réussi à empêcher même une simple discussion formelle sur ce sujet à l'assemblée de l'AIFM, où ses 168 États membres sont représentés.

Cette fois, le débat a bien eu lieu. Mais le projet de décision lançant un "dialogue" vers le "développement d'une politique générale (...) sur la protection et la préservation de l'environnement marin" n'a pas abouti malgré une semaine de négociations à Kingston.

De nombreuses délégations, de la Chine à l'Arabie saoudite en passant par le groupe Afrique, ont dénoncé le manque de clarté du texte, et estimé que l'assemblée n'était pas lieu de ce type de décision qui serait du ressort du Conseil -- qui compte seulement 36 États.

Face à cette opposition, le Chili a finalement retiré sa proposition, pourtant affaiblie, à la toute fin de la réunion annuelle de l'assemblée qui, par tradition, se prononce par consensus.

"Nous souhaitons exprimer notre déception", a déclaré le représentant chilien, Salvador Vega Telias. Estimant malgré tout avoir le soutien d'une majorité d'États, il a souhaité reporter la question à juillet 2025, ce qui n'a pas non plus été approuvé par l'assemblée.

En vertu de la Convention de l'ONU sur le droit de la mer, l'AIFM, basée en Jamaïque, est chargée à la fois de protéger le plancher océanique des zones en dehors des juridictions nationales, et d'y organiser les activités liées aux minéraux convoités.

Son conseil, qui pour l'instant n'attribue que des contrats d'exploration, négocie depuis plus de dix ans un code minier pour fixer les règles d'une éventuelle exploitation des nickel, cobalt ou cuivre qui selon certains industriels sont capitaux pour la transition énergétique, en particulier les batteries des véhicules électriques.

Mais depuis un an, malgré l'absence de règles, n'importe quel Etat peut déposer une demande de contrat d'exploitation au nom d'une entreprise qu'il sponsorise.

Nauru, petit Etat insulaire du Pacifique qui a déclenché en 2021 une clause juridique conduisant à cette situation, a d'ailleurs assuré il y a quelques jours que le dossier de Nori (Nauru Ocean Resources Inc.), filiale de l'entreprise canadienne The Metals Company, qui veut exploiter des nodules polymétalliques dans le Pacifique, était "en cours de finalisation".

Nouvelle patronne, "nouveau chapitre"

Le développement "responsable des minerais des fonds marins" est "une nécessité pour notre survie dans un monde qui change rapidement", a insisté cette semaine le président de Nauru David Adeang, appelant le Conseil à boucler le code minier en 2025, comme prévu par la feuille de route.

Mettant en avant le manque de connaissances scientifiques et les risques pour les fonds marins, les défenseurs des océans plaident au contraire pour un moratoire sur l'extraction industrielle.

Ils sont arrivés à cette réunion renforcés par une étude scientifique publiée en juillet qui conclut que les nodules polymétalliques, qui ne sont pas des organismes vivants, produisent de l'oxygène.

Mais ils sont encore loin d'être majoritaires, même s'ils sont désormais plus de 30 pays (France, Canada, Chili, Brésil, Royaume-Uni, Palaos...) à soutenir un véritable moratoire.

"Les revendications de la société civile et des politiques pour empêcher l'extraction minière sous-marine de nuire aux océans, n'a jamais été aussi forte", a souligné vendredi 2 août Louisa Casson, de Greenpeace.

Mais face à la "menace" d'une demande de contrat d'exploitation de Nori, "il est clair les gouvernements doivent agir avec plus d'urgence à l'AIFM pour transformer les mots en actions", a ajouté la militante déçue.

Dans ce contexte, les ONG ont toutefois salué l'élection vendredi 2 août de l'océanographe brésilienne Leticia Carvalho comme secrétaire générale de l'AIFM.

Elle remplacera à partir de janvier 2025 le controversé Michael Lodge, qui briguait un troisième mandat de quatre ans. 

"C'est un nouveau chapitre", s'est félicité le groupement d'ONG Deep Sea Conservation Coalition, appelant à une "réforme" de l'Autorité, "pour le bien de l'humanité".

AFP/VNA/CVN

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