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Les autorités sanitaires françaises rendent obligatoires à partir du 11 décembre la présentation d'une ordonnance en pharmacie pour se voir délivrer huit célèbres traitements anti-rhume. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Selon l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), "la possibilité d’obtenir ces médicaments sans avis médical fait courir un risque trop important", compte tenu de leurs contre-indications et effets indésirables graves, comme les AVC ou infarctus. Cette décision concerne des marques bien connues comme Actifed Rhume, Dolirhume ou Nurofen Rhume.
Disponibles sans ordonnance jusqu’à présent, ces médicaments visent à décongestionner le nez, mais leur utilisation fait l’objet de critiques depuis des années. En 2023, l’ANSM avait pour la première fois déconseillé explicitement leur emploi, ce qui avait brièvement fait chuter les ventes, avant un rebond récent.
Une menace rare mais inacceptable
Malgré la rareté des effets secondaires graves, les autorités estiment que ces risques ne peuvent être tolérés face à une maladie bénigne comme le rhume. L'ANSM souligne que ses campagnes de sensibilisation et l’interdiction de la publicité n’ont pas suffi à réduire l’exposition au danger.
Les autorités sanitaires françaises étaient jusque-là contraintes par la réglementation européenne, qui impose un avis préalable de l’Agence européenne du médicament (EMA) pour retirer un médicament du marché. Or, l’EMA considère que les risques sont insuffisants pour une interdiction totale, bien qu’elle ait imposé de nouvelles contre-indications en 2022.
Cette position contraste avec celle des sociétés savantes françaises (ORL, généralistes, pharmaciens), qui appellent depuis longtemps à proscrire ces traitements.
Cette décision suscite des avis partagés. D'un côté, des voix médicales saluent une mesure tardive mais nécessaire. La revue indépendante Prescrire estime que "les soignants ont mieux à faire que de déconseiller des médicaments qui devraient être retirés du marché".
De l’autre, des pharmaciens dénoncent une restriction qui complique leur rôle. Béatrice Clairaz-Mahiou, de la Société francophone des sciences pharmaceutiques officinales (SFSPO), estime que cela "réduit injustement l’éventail de médicaments à proposer, dans un contexte où l’accès aux médecins reste difficile".
Pour les autorités, le choix est clair : mieux vaut prévenir des risques graves, même rares, que maintenir la disponibilité de traitements jugés dispensables pour une maladie aussi bénigne.
AFP/VNA/CVN