Royaume-Uni : les autorités sous pression après de nouvelles manifestations violentes

Le gouvernement travailliste de Keir Starmer tente de convaincre dimanche 4 août de sa capacité à endiguer les manifestations violentes d'extrême droite après une nouvelle journée de heurts samedi 3 août dans plusieurs villes du pays, qui a conduit à près d'une centaine d'arrestations.

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Des opposants aux manifestations "Trop c'est trop", à Bristol au Royaume-Uni, le 3 août 2024.
Photo : AFP/VNA/CVN

Visant parfois des mosquées ou des lieux d'hébergement de demandeurs d'asile, ces rassemblements ont commencé après que des rumeurs se sont propagées sur les réseaux sociaux, relayées par des influenceurs d'extrême droite, sur la nationalité et la religion de l'agresseur présumé qui a tué trois fillettes lundi dans la ville de Southport, dans le Nord-Ouest de l'Angleterre.

Des rassemblements sont encore prévus dimanche.

Samedi 3 août, les manifestations organisées dans plusieurs dizaines de villes, ont dégénéré dans de nombreux endroits, notamment à Liverpool (Nord-Ouest), Hull (Nord-Est), Belfast (Irlande du Nord) ou Leeds (Nord).

Des affrontements ont eu lieu entre manifestants et policiers, mais aussi avec des contre-manifestants mobilisés à l'appel d'associations anti-racistes.

Plusieurs policiers ont été blessés, ont rapporté les polices locales.

Les forces de l'ordre ont indiqué dimanche avoir arrêté plus de 90 personnes à ce stade, dont 23 à Liverpool, 20 à Hull, 20 à Blackpool (Nord-Ouest) et 14 à Bristol (Sud-Ouest).

Cette nouvelle journée de violences faisait suite aux émeutes qui ont éclaté à Sunderland (Nord-Ouest) vendredi, et dans plusieurs villes, dont Londres, mercredi, et à Southport mardi au lendemain de l'attaque au couteau.

Le pays n'avait pas connu une telle flambée depuis 2011, après la mort d'un jeune homme métis, Mark Duggan, tué par la police au nord de Londres, soulignent les médias britanniques.

Si la police a eu à gérer des évènement "circonscrits" à certains endroits du pays, maintenant "cela se propage dans les grandes villes", a souligné Tiffany Lynch, de la Fédération professionnelle de la police d'Angleterre et du Pays de Galles, sur la BBC.

Un mois tout juste après son arrivée au pouvoir, Keir Starmer traverse sa première crise, sur un sujet d'autant plus sensible que les travaillistes ont été accusés durant la campagne par les conservateurs d'être laxistes en matière de sécurité et d'immigration.

Depuis lundi, Keir Starmer multiplie les messages de fermeté et les assurances de soutien aux forces de l'ordre contre ce qu'il a décrit comme une "haine d'extrême droite" et des "voyous".

Après une réunion d'urgence avec ses principaux ministres samedi, il a prévenu que son gouvernement soutiendrait la police afin qu'elle prenne "toutes les actions nécessaires".

Premières critiques 

Interrogée sur la perspective d'avoir recours à l'armée, la ministre en charge de la police Diana Johnson a assuré dimanche sur la BBC que les forces de l'ordre "ont toutes les ressources nécessaires".

"Si vous êtes impliqués (dans des violences) et n'avez pas encore été arrêté, cela viendra", a prévenu le chef du Conseil national des chefs de la police (NPCC), BJ Harrington,ajoutant que 4.000 policiers anti-émeutes sont en alerte.

Dans les manifestations, organisées sous le mot d'ordre "Enough is enough" (Trop c'est trop), des slogans anti-immigration et islamophobes étaient scandés et des drapeaux anglais brandis.

Karina, une mère de famille de 41 ans a participé au rassemblement organisé samedi à Nottingham. "Je suis une patriote et j'en ai marre que des gens (...) nous disent que les blancs de la classe ouvrière sont fascistes parce que nous ne voulons plus voir de personnes venir illégalement sur des bateaux depuis des pays sûrs", a-t-elle affirmé à l'AFP.

Si les condamnations des violences sont unanimes, des critiques commencent à émerger contre le gouvernement.

L'ancienne ministre conservatrice de l'Intérieur Priti Patel a estimé sur X qu"il "risque désormais de paraître emporté par les événements plutôt que d'en garder le contrôle".

Le député conservateur Mel Stride a lui jugé "regrettable" que le gouvernement travailliste soit revenu sur des dispositions de "réponse rapide" pour la police mises en place par le précédent exécutif conservateur.

"Dans les deux dernières semaines, sous les travaillistes, nous avons eu des attaques au couteau contre des personnes innocentes, des combats de rue à la machette, des émeutes et des violences lors de manifestations", affirme sur X dimanche le parti anti-immigration Reform UK.

La co-présidente du parti Vert, Carla Denyer, "outrée" par ces manifestations a estimé qu'elles devaient servir "de signal d'alarme pour tous les responsables politiques qui ont promu activement ou utilisé" une rhétorique anti-immigration.

AFP/VNA/CVN

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