L'Irlande sous le coup du budget le plus sévère

Le gouvernement irlandais, en fin de règne, a présenté le 7 décembre au parlement le budget d'austérité le plus sévère de l'histoire du pays, exigé par l'UE et le FMI en échange du sauvetage de l'île, mais qui risque d'attiser la colère des Irlandais.

"Nous avons traversé deux années de tumulte, qui ont culminé avec notre demande d'aide internationale. Ce budget est la première étape pour assurer notre redressement", a assuré le ministre des Finances, Brian Lenihan, devant le Dail, la Chambre basse du parlement. Il a confirmé que le budget 2011 visait à dégager six milliards d'euros, pour un tiers via des hausses d'impôts et pour les deux tiers grâce à des coupes dans les dépenses.

Ce tour de vis, d'ampleur inédite selon des médias irlandais, doit permettre à lui seul de réaliser 40% du programme d'austérité de 15 milliards d'euros sur quatre ans annoncé le mois dernier par Dublin pour ramener le déficit irlandais de 32% du PIB cette année à moins de 3% en 2014. Le déficit devrait être ainsi ramené à 9,4% du PIB dès l'an prochain.

Les économies passeront, entre autres, par des suppressions d'emplois publics et une baisse des dépenses et des investissements de l'ensemble des ministères, à commencer par l'aide sociale, la santé et l'éducation.

Parallèlement, une série d'impôts et de taxes vont grimper, à l'exception de l'impôt sur les bénéfices des sociétés, que Dublin a maintenu contre vents et marées à 12,5%, un des taux les plus bas des économies développées.

Le gouvernement qui vit ses derniers mois car il s'est engagé à convoquer des élections une fois le budget adopté, a promis cette cure d'austérité en échange du plan de sauvetage de 85 milliards d'euros négocié avec l'Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international (FMI), qui a été validé mardi par les ministres des Finances de l'UE.

M. Lenihan a dénoncé l'appétit sans limites des banques irlandaises, qui a mis le pays à genoux, et a assuré que le gouvernement avait pris les décisions les plus justes possibles. Symboliquement, il a annoncé une baisse de près de 15% de la rémunération des ministres. Mais ce tour de vis n'a pas manqué de soulever un nouveau vent de colère, après une manifestation qui avait réuni des dizaines de milliers de personnes à Dublin il y a dix jours.

Les Irlandais ont déjà subi trois budgets d'austérité depuis le début de la crise financière et économique en 2008 et ils ressentent souvent comme une "humiliation" le fait de devoir appeler à l'appel Bruxelles et le FMI. L'adoption finale du budget était un temps menacée par la faible majorité parlementaire du gouvernement mais elle semble dorénavant acquise, après le ralliement de deux députés sans étiquette dont le soutien était crucial.

Mardi soir, les premières mesures techniques du budget ont ainsi été adoptées sans problème.

AFP/VNA/CVN

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