"Aujourd'hui, les conséquences de la crise sont loin d'être épuisées, la situation en Europe reste très préoccupante, l'avenir est plus incertain que jamais", a expliqué le directeur général du Fonds monétaire international lors d'une intervention publique au siège européen de l'ONU à Genève.
Dénonçant une supervision financière "encore très en retard", il a estimé qu'on était également encore "loin du compte en matière de gouvernance financière".
Quant à la résolution des crises, a-t-il poursuivi, "on a bien vu comment les épisodes grecs puis irlandais montrent qu'en Europe on est loin d'être tout à fait au point". L'Europe est de fait une des seules régions du monde où l'on n'est toujours pas sorti de la crise et où les pays souffrent toujours de problèmes budgétaires et bancaires, a encore relevé le Français. Mais "je ne crois pas à un quelconque danger pour l'euro", a-t-il expliqué.
"Pour moi, l'euro n'est pas en cause", a insisté M. Strauss-Kahn répondant à une question du public sur l'avenir de la monnaie européenne, alors que l'endettement de certains pays européens fait craindre une explosion de la zone euro.
Tandis que les Européens peinent à se mettre d'accord sur une augmentation de leur Fonds de secours pour aider les pays de la zone en difficulté, M. Strauss-Kahn avait plaidé mardi à Athènes pour "quelque chose de plus dynamique" pour résoudre le problème de la dette dans la zone euro, une "solution globale" qui ne soit pas appliquée "pays par pays".
À Genève, il a insisté sur les défaillances de gouvernance de la monnaie : l'euro doit être "complété par une plus grande coopération" politique entre les pays. "Je crois que si la zone euro ne se ressaisit pas suffisamment vite, elle risque d'avoir des périodes des croissance lentes, difficiles", a-t-il insisté, ajoutant : elle peut les "éviter à condition que sa gouvernance soit sensiblement améliorée".
En écho à M. Strauss-Kahn, le directeur de l'Organisation mondiale du commerce, Pascal Lamy, qui participait également à la réunion sur le thème de "L'impact de la crise financière sur la gouvernance économique mondiale" a souligné que s'il avait "un endroit sur cette planète où on parle de restrictions, c'est l'Europe".
Selon M. Lamy, les pays européens sont confrontés à des problèmes budgétaires qui les empêchent de financer un modèle social mis à mal par une démographie défavorable.
Pour y remédier, des réformes sont nécessaires même elles sont "politiquement difficiles", a-t-il estimé. Un argument également défendu par M. Strauss-Kahn qui a longuement plaidé pour une réforme de la gouvernance mondiale. Il a ainsi appelé à "tout reconstruire" au plus vite, "sans attendre que le calme soit revenu".
Le monde a la possibilité de "choisir l'immobilisme, le repli sur des positions nationales et au bout du compte risquer des années d'instabilité qui seront le terreau d'une nouvelle crise", a expliqué le Français pour lequel la communauté internationale doit au contraire "oeuvrer pour mettre en place un nouveau modèle de croissance pour un monde nouveau" même si cela implique des choix politiques douloureux. "Un nouveau modèle de croissance exige un nouveau modèle de gouvernance", a martelé le patron du FMI.
AFP/VNA/CVN