Crise financière : l'UE veut disposer d'une plus grande force de frappe

Face aux craintes de contagion de la crise, la zone euro n'exclut pas d'augmenter à court terme les ressources de son Fonds de secours aux pays en difficulté, en liaison avec le FMI, et envisage de renforcer très nettement sa force de frappe à partir de mi-2013.

"Nous devons augmenter le montant total d'argent dévolu au mécanisme permanent qui commencera à fonctionner en 2013", a déclaré samedi à un petit groupe de journalistes à Bruxelles le ministre belge des Finances, Didier Reynders, dont le pays assume la présidence semestrielle de l'UE.

Mais, a-t-il ajouté à la veille de réunions aujourd'hui et demain avec ses collègues européens à Bruxelles, "s'il était possible de procéder avant" à cette augmentation, et donc de l'appliquer au Fonds de stabilité actuel instauré au printemps dernier, "pourquoi pas ?" "En ce qui concerne le mécanisme définitif et permanent" qui prendra le relais à la mi-2013, "il faudra lui allouer un montant considérable si nous ne voulons pas faire face toujours à une spéculation du genre +y a-t-il assez d'argent pour un, deux, ou trois pays?+", a expliqué le ministre belge qui s'exprimait en marge d'une conférence sur la Banque mondiale.

Les contours précis de ce futur mécanisme censé stabiliser la zone euro, dont son montant, seront discutés par les dirigeants de l'UE au cours d'un sommet le 16 décembre. Cela inclura aussi les contributions au sauvetage des États prévues à l'avenir de la part des banques privées détentrices de dette publique, un sujet sensible imposé par l'Allemagne.

Quant au dispositif actuel, la Facilité de stabilisation financière de la zone euro, "nous verrons plus tard s'il est possible et utile" de l'augmenter aussi, a insisté M. Reynders.

Le plan de secours mis en place au printemps dernier pour trois ans à la suite de la crise grecque est doté de 750 milliards d'euros de prêts et de garanties de prêts provenant des pays de la zone euro, de l'UE et du FMI.

Jusqu'à présent il n'a servi que pour l'Irlande, un pays de 4,5 millions d'habitants, à hauteur de 85 milliards d'euros, la Grèce ayant bénéficié de 110 milliards de prêts en dehors de ce cadre.

La question de l'augmentation de l'enveloppe se pose depuis que la crise de la dette menace d'emporter un pays après l'autre de la zone euro. Le Fonds actuel pourrait, selon les économistes, permettre de financer des plans d'aide en faveur du Portugal et de l'Espagne, mais se retrouverait ensuite asséché.

La Banque centrale européenne (BCE) plaide en faveur d'un matelas financier plus volumineux, pour rassurer les marchés inquiets de la capacité de plusieurs États à rembourser leurs dettes. "Il est très important d'être aussi efficace que possible, également quand il est question de quantité", a souligné vendredi le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, en réponse à une question sur la nécessité ou non d'augmenter le Fonds.

Les marchés ne sont toujours pas vraiment apaisés, malgré l'annonce du plan d'aide à l'Irlande.

Si les ressources du Fonds de secours de la zone euro devaient être augmentées, le FMI devrait lui aussi mettre la main au portefeuille. "Si l'on doublait les montants (de garantie) comme certains journaux l'ont évoqué", a rappelé M. Reynders, "il faudrait que le FMI double sa mise aussi, la portant à 500 milliards d'euros", au lieu de 250 milliards actuellement.

Le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, "est pour" le renforcement de la dotation du futur mécanisme permanent de la zone euro, "il l'a dit et il l'a répété", et "il en discutera lundi" à Bruxelles avec les ministres des Finances de la zone euro, a dit le responsable belge.

Le plus urgent, pour M. Reynders, c'est d'enrayer "la contagion qui vient de Grèce, d'Irlande et peut-être maintenant du Portugal".

AFP/VNA/CVN

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