Hô Chi Minh-Ville
Nguyên Lê Uyên Viên, maître du Kintsugi

Dans son salon d’environ 20 m² de sa maison située rue de Thanh Da, arrondissement de Binh Thanh, Nguyên Lê Uyên Viên est concentré sur le polissage des surfaces rugueuses d’une tasse de thé brisée. Une étape importante dans l’art du Kintsugi qu’il exerce depuis trois ans.

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Nguyên Lê Uyên Viên se passionne pour l'art du Kintsugi.
Photo : LD/CVN

Le salon de Nguyên Lê Uyên Viên ressemble à un espace zen avec des statues et tableaux bouddhistes. Une grande vitrine expose des centaines de tasses de thé.

Depuis trois ans, l’homme de 49 ans poursuit le Kintsugi. Il s’agit d’un art japonais ancestral qui invite à réparer un objet cassé en soulignant ses cicatrices de poudre d’or, au lieu de les cacher. Réparé, consolidé, embelli, il porte fièrement ses blessures, et il devient paradoxalement d’autant plus précieux qu’il a été brisé…

À l’origine, M. Viên est un collectionneur de tasses et théières en céramique. Certaines de sa collection étaient cassées. M. Viên a d’abord recouru à l’aide des réparateurs d’antiquités dans la rue Lê Công Kiêu, au 1er arrondissement. Mais le collage des parties était imparfait. Parfois, la colle contenait des matières chimiques et les produits ne pouvaient pas être utilisés dans la vie quotidienne.

Puis Nguyên Lê Uyên Viên s’est initié en autodidacte à la technique du Kintsugi. "Cette discipline peut être décrite par ces mots : réparer les blessures, faire renaître des débris. Le Kintsugi invite à reconnaître la beauté qui réside dans les choses simples, imparfaites, et atypiques", explique Nguyên Lê Uyên Viên.

Le maître utilise des colles venues des États-Unis et de l’or 24K importée de Thaïlande pour la réparation des objets en céramique. 
Photo : LD/CVN

M. Viên a découvert lui-même les secrets de cette méthode de restauration japonaise. Parfois, après la réparation, les œuvres sont plus esthétiques et leur prix est plus élevé que s’ils étaient demeurés intacts ! Actuellement, il est parmi les rares personnes à Hô Chi Minh-Ville à avoir réussi à maîtriser cette technique. Sa maison est même devenue une adresse fiable pour les collectionneurs de céramique des quatre coins du pays.

Avant d’accepter une commande, le maître pose toujours des questions au propriétaire en donnant des conseils concrets. Au début, il n’acceptait que les objets particulièrement précieux ou qui présentait une valeur particulièrement importante pour leurs propriétaires. Car le prix pour une réparation est parfois plus élevé que pour l’achat d’une nouvelle pièce identique!

"J’utilise des colles des États-Unis et de l’or 24K importée de Thaïlande. Ce sont les matières sûres pour la santé des utilisateurs. J’applique également des services de garantie. C’est pour quoi, la facture n’est pas basse", partage M. Viên.

La facture est calculée en fonction du nombre d’objets, de l’état et des difficultés rencontrées. En moyenne, il faut compter 300.000 dôngs. Mais parfois, pour les cas difficiles, le collectionneur devra débourser des millions de dôngs.

Donner une nouvelle vitalité à l’objet cassé

Une oeuvre de Nguyên Lê Uyên Viên.
Photo : LD/CVN

L’art du Kintsugi demande plusieurs étapes. La réparation peut durer de quelques jours à quelques mois. "Cette technique n’est réservée qu’aux passionnés d'arts et qui sont soigneux", souligne le maître.

À partir des cassures, M. Viên s’efforce à créer des œuvres artistiques. Avec des lignes de failles, il peut former l’image d’un arbre séculaire ou de feuilles de lotus, de montagnes, de nuages... "Après la restauration, les objets ont une nouvelle physionomie, plus magnifique, vivante et expressive".

"Lorsque je travaille, je peux rester des heures dans le silence pour une concentration parfaite", partage M. Viên. Et d’ajouter qu’il tient compte du caractère du propriétaire de l’objet. S’il a un caractère doux, les lignes de jointure seront souples. Si son caractère est fort, elles seront rudes.

Parfois, mécontent du résultat, le maître décide de tout refaire. "Je crois toujours que les jointures en or doivent donner une nouvelle vitalité à l’objet", partage-t-il.

N’étant pas un artisan professionnel, M. Viên ne gagne pas sa vie de la réparation des céramiques. Pourtant, il affirme que cette passion lui apporte une source de revenu importante.

Vân Anh/CVN

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