>> La Fête printanière de la calligraphie célèbre le Têt du Serpent à Hanoï
>> Fête du Têt Viêt de l'Année du Serpent 2025 à Hô Chi Minh-Ville
La “Terre des neuf dragons” est un surnom poétique pour le delta du Mékong. Ce nom fait référence aux neuf bras du fleuve Mékong, qui se divisent et s’étendent dans la région, formant un delta fertile et complexe.
Une famille dans la province de Hâu Giang (delta du Mékong) prépare des banh tet. |
Photo: VNA/CVN |
Les habitants, malgré les caprices de la météo, préservent l’art de vivre ensemble et transmettent de génération en génération les valeurs de la famille et de la solidarité. Le parfum du banh tet (gâteau du riz gluant de forme cylindrique), la chaleur du foyer, les rires des enfants... le Têt de la “Terre des neuf dragons” est une symphonie de sensations, qui évoque la joie de vivre et l’importance des racines.
Les habitudes de consommation évoluent avec le temps. Aujourd’hui, pour la fête du Têt, il suffit de quelques gestes sur son téléphone pour retrouver les saveurs d’antan.
Les plats embléma-tiques comme le banh chung (gâteau de riz gluant de forme carrée, farci de viande de porc et de haricots mungos, enveloppé dans des feuilles de dong - Phrynium placentarium) ou le banh tet sont désormais à portée de main, grâce à la livraison à domicile.
Le fait d’emballer soi-même son banh tet, c’est bien plus qu’un simple geste culinaire. C’est un moment de partage et de convivialité où les familles se réunissent pour préparer les fêtes, transmettant ainsi de génération en génération les gestes ancestraux et les recettes traditionnelles. Bien que les poêles à charbon offrent une cuisson plus rapide, de nombreuses familles préfèrent l’authenticité d’un four en terre creusé dans le jardin. C’est dans ce feu de bois ancestral que le banh tet révèle toute sa saveur, enveloppant la maison d’un parfum qui évoque les Têt d’autrefois.
Le banh tet, gâteau traditionnel du Têt dans le Sud. |
Le pot de banh tet est bien plus qu’un simple mets ; il est le cœur battant du Têt. Son parfum envoûtant évoque des souvenirs d’enfance, des moments de partage en famille et des retrouvailles tant attendues. Chaque bouchée est une madeleine de Proust qui transporte ceux qui le dégustent vers des terres lointaines, où les traditions sont profondément ancrées.
Si la vie moderne a tendance à uniformiser les célébrations du Têt, certaines régions, notamment dans le delta du Mékong, s’efforcent de préserver l’authenticité des traditions ancestrales, recréant ainsi des espaces où le temps semble s’être arrêté.
Les marchés de campagne du Têt font un retour triomphal au cœur des villes de Bac Liêu, Vinh Long, Cân Tho et Cà Mau.
Les événements, riches en couleurs et en saveurs, offrent aux citadins une parenthèse enchantée, leur permettant de renouer avec les traditions ancestrales. Au milieu des étals débordants de fleurs, de banh tet et de calligraphies, l’esprit du Têt vietnamien revit, transportant les visiteurs dans une atmosphère chaleureuse et authentique.
Un festin pour les sens
Afin de répondre aux attentes des visiteurs, de nombreuses localités du delta du Mékong créent des espaces dédiés aux saveurs du Têt, proposant ainsi une immersion authentique dans les traditions culinaires vietnamiennes.
Marché flottant du Têt à Cân Tho. |
Photo: CTV/CVN |
Dans la ville de Cân Tho, la zone touristique de Côn Son offre aux touristes une occasion unique de s’initier aux traditions culinaires vietnamiennes. En participant à la préparation de fruits confits artisanaux, les visiteurs découvrent non seulement des recettes ancestrales, mais aussi les valeurs et le savoir-faire des habitants locaux. Une expérience enrichissante qui leur permet de mieux comprendre la culture vietnamienne.
La pêche est au cœur de la vie des habitants du delta du Mékong, et la période du Têt ne fait pas exception. Les pêcheurs se lèvent aux aurores pour remplir leurs filets de poissons frais, destinés à nourrir leurs familles et à être vendus sur les marchés animés. Les prises sont ensuite soigneusement triées : certaines seront cuisinées pour le réveillon, d’autres séchées pour être dégustées tout au long de l’année.
Le printemps est célébrée grâce aux fleurs du Têt. Les marchés regorgent de bouquets éclatants, transformant les rues en un véritable jardin enchanté.
Si le Nord s’habille de rose bonbon avec les délicates fleurs de cerisier, évoquant la pureté et la fragilité, le Sud resplendit de jaune d’or grâce aux fleurs d’abricot, symboles de la prospérité.
Dans le delta du Mékong, les maisons se parent de chrysan-thèmes dorés, dont les pétales soyeux évoquent la richesse, et de soucis orangés, qui apportent une touche de gaieté et symbolisent la santé et la longévité.
Chaque région a ses propres traditions florales, créant ainsi une mosaïque de couleurs et de parfums qui enchantent les sens.
L’autel familial, le cœur spirituel de la maison
L’autel familial est le cœur spirituel de la maison pendant le Têt. Sur cet espace sacré, les Vietnamiens déposent des offrandes destinées à honorer leurs ancêtres et à attirer la bonne fortune.
Le village horticole de Sa Dec dans la province de Dông Thap (delta du Mékong). |
Photo: VNA/CVN |
Le plateau de cinq fruits, composé d’un corossol, d’une noix de coco, d’une papaye, d’une mangue et d’une figue, symbolise l’abondance et la prospérité. Chaque fruit porte en lui une signification particulière : le corossol représente la santé, la noix de coco la richesse, la papaye la fertilité...
À côté de ce plateau, on trouve souvent une paire de pastèque et de pamplemousse, symbolisant la complétude et l’harmonie. Les bougies, l’encens et les fleurs parfument l’air et créent une atmosphère propice à la méditation. Pendant les jours du Têt, les membres de la famille se réunissent autour de l’autel pour prier, brûler de l’encens et présenter leurs respects aux ancêtres. Ces rituels renforcent les liens familiaux et transmettent les valeurs traditionnelles de génération en génération.
La cuisine, pendant les trois jours du Têt, est le cœur battant de chaque foyer.
Les arômes enivrants de la viande braisée chinoise, un plat riche en symboles de prospérité et d’abondance, se mêlent à ceux des oignons et de l’ail marinés, indispensables pour relever le goût des plats. Le banh tet trône fièrement sur la table, rappelant la longueur et la prospérité de l’année à venir.
Si aujourd’hui, ces plats sont facilement trouvables sur les marchés, de nombreuses femmes préfèrent les préparer elles-mêmes, perpétuant ainsi une tradition ancestrale. Dans les cuisines, les rires et les conversations animées accompagnent les gestes précis
et méticuleux. Chaque plat préparé est une expression d’amour et de dévotion envers la famille, contribue à créer une atmosphère chaleureuse et festive.
Une dimension toute particulière
Loin de l’agitation des villes, dans les campagnes reculées, le Têt revêt une dimension toute particulière. Les maisons, baignées dans une douce lumière, exhalent une chaleur réconfortante.
Autour de l’autel ancestral, orné de fleurs fraîches et de bougies scintillantes, les familles se réunissent pour célébrer le renouveau. La fumée de l’encens s’élève vers le ciel, emportant avec elle les prières et les vœux les plus chers. C’est dans cette simplicité et cette authenticité que réside toute la beauté du Têt à la campagne. Loin des feux d’artifice et des lumières colorées, c’est la chaleur des liens familiaux qui illumine ces quelques jours de fête. Les grands-parents, gardiens de la tradition, transmettent aux plus jeunes les gestes ancestraux et les histoires qui font la richesse de leur patrimoine. C’est dans ces moments partagés que se tissent les plus beaux souvenirs, ceux qui marqueront à jamais les esprits.
Le Têt à la campagne, c’est un retour aux sources, un moment suspendu où le temps semble s’arrêter. C’est aussi un rappel de l’importance de préserver nos traditions et de transmettre nos valeurs aux générations futures.
Les espaces “Marché cam-pagnard du Têt” offrent une véritable immersion dans les traditions festives du Sud, permettant aux visiteurs de découvrir un patrimoine culturel riche et varié, tout en soutenant les communautés locales.
Minh Thu/CVN