L’oignon rosé de Roscoff met les voiles pour reconquérir la Grande-Bretagne

Des cageots d’oignons rosés de Roscoff s’entassent dans la cale d’un trois-mâts, réplique d’une frégate corsaire du XVIIIe siècle, dans le port de la petite cité bretonne. Destination Londres, où le légume, «so delicious», devrait ravir les palais.

Près de quatre tonnes de cet oignon ont été chargées pendant le week-end à bord du trois-mats l’Étoile du Roi.

Face à la crise, les producteurs de la Sica de Saint-Pol-de-Léon - première coopérative légumière française connue sous la marque «Prince de Bretagne» - ont eu l’idée de reconquérir le marché britannique... en faisant revivre la tradition des «Johnnies», ces marchands d’oignons qui à partir du XIXe siècle se rendaient outre-Manche pour vendre leur production.

«Les Johnnies, c’est une histoire qui a commencé en 1828 avec un producteur d’oignons de Roscoff (Ouest de la France) qui est parti dans le Sud de l’Angleterre avec un bateau et qui avait vendu sa cargaison assez rapidement», raconte François Séité, président de l’association des «Johnnies» et grand chambellan de la confrérie de l’oignon de Roscoff, vêtu de la redingote traditionnelle noire brodée de rose.

«De Roscoff à Plymouth, c’est comme de Roscoff à Rennes... à part qu’il y a le Channel (la Manche) entre les deux», explique l’ancien agriculteur de 72 ans, qui dit parler «l’anglais de la rue», ayant sillonné pendant des années la Grande-Bretagne - à vélo puis en fourgonnette - comme son père et son grand-père avant lui.

Dans les années 1920 et 1930, jusqu’à 1.500 «Johnnies» - «petits-Jean», les colporteurs se prénommant souvent Yann, soit Jean en français ou John en anglais - parcourent l’Angleterre, le Pays de Galles et l’Écosse en faisant du porte-à-porte pour vendre des tresses d’oignons rosés.

Les mêmes clients depuis 40 ans

Ils ont donné aux Britanniques leur stéréotype du Français : le chandail marin, le vélo et le béret...

Aujourd’hui, il reste une vingtaine de ces saisonniers, selon Jean-Marie Balanant, historien du Pays de Léon, en Bretagne. «Certains anciens continuent à livrer des clients qu’ils connaissent depuis 40 ans», assure-t-il.

Très recherché par les chefs des grandes tables pour son goût doux et fruité, ce bulbe, importé du Portugal au XVIIe siècle, bénéficie depuis 2009 de l’AOC Oignon de Roscoff, un label officiel qui garantit l’origine de produits alimentaires traditionnels, issus d’un terroir et d’un savoir-faire particulier.

Près de 4 tonnes de cet oignon ont été chargées pendant le week-end à bord du trois-mats l’Étoile du Roi par les producteurs eux-mêmes au son de musiques traditionnelles.

Une vingtaine d’autres tonnes du légume seront acheminées via l’un des navires de la compagnie Brittany Ferries, propriété de la Sica, avec l’idée de faire passer les ventes d’un peu moins de 1.000 tonnes par an actuellement à quelque 3.000 tonnes à moyen terme.

Brittany Ferries «est un outil qui nous appartient, alors autant s’en servir pour emmener nos marchandises en Angleterre», souligne Yannis Moal, président de la section oignon de la Sica, à propos de la compagnie créée en 1972 par des agriculteurs bretons justement désireux d’exporter leurs produits outre-Manche.

«À chaque fois que les producteurs de légumes se sont tournés vers la mer, les hommes s’y sont retrouvés au plan économique», explique Jean-François Jacob, secrétaire général de la coopérative et vice-président de la Britanny Ferries.

«Notre éloignement géographique (du Centre de l’Europe) nous pénalise tous les jours et, en ces temps difficiles, ne pas travailler pour trouver des solutions, préparer l’avenir et améliorer le revenu des producteurs serait suicidaire», assure-t-il.

Affrété par les producteurs, le navire, le deuxième plus grand bateau traditionnel français avec ses 47 mètres de long et sa capacité de 310 tonneaux, a largué les amarres le 26 novembre, direction l’île anglo-normande de Jersey, puis Portsmouth, avant d’atteindre Londres le 6 décembre pour une escale d’une dizaine de jours.

AFP/VNA/CVN

 

 

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