L'État islamique revendique la décapitation de l'otage britannique Haines

L'État islamique (EI) a revendiqué la décapitation d'un nouvel otage, le travailleur humanitaire britannique David Haines, au moment où les États-Unis mènent une vaste offensive diplomatique pour bâtir une coalition internationale anti-jihadistes.

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La France a condamné dimanche 14 septembre, dans un communiqué de l'Élysée, "l'odieux assassinat" de l'otage britannique David Haines revendiqué par l'État islamique (EI), "organisation de la lâcheté et de l'abjection", et exprimé sa "solidarité à la famille de David Haines et à la Grande-Bretagne".

Capture d'écran d'une vidéo montrant le travailleur humanitaire britannique David Haines dans le désert, fournie par l'État islamique (EI) et identifiée par le Centre américain de surveillance des sites islamistes SITE le 2 septembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les principaux pays mobilisés contre l'EI se retrouvent lundi 15 septembre à Paris pour une conférence internationale sur l'Irak, à laquelle participera le secrétaire d'État américain John Kerry, qui a obtenu le soutien de dix États arabes.

Londres et Washington en tête, ces pays ont réaffirmé leur détermination à lutter contre les jihadistes de l'EI après la diffusion du message vidéo montrant le meurtre de David Haines, 44 ans.

Il s'agit de la troisième exécution de ce type en un mois, après celles de deux journalistes américains également otages en Syrie, James Foley et Steven Sotloff.

Dans cet enregistrement de 2 minutes 27 secondes, intitulé "Un message aux alliés de l'Amérique" et rapporté par le centre américain de surveillance des sites islamistes SITE, le groupe jihadiste menace d'exécuter un autre otage britannique, qui apparaît à la fin de la vidéo.

Le bourreau, le visage dissimulé, s'adresse au Premier ministre britannique David Cameron et reproche au Royaume-Uni d'avoir rejoint les États-Unis, qui mènent des frappes aériennes contre l'EI en Irak.

"Vous êtes volontairement entrés dans une coalition avec les États-Unis contre l'État islamique, comme votre prédécesseur Tony Blair l'a fait avant vous, suivant une tendance parmi nos Premiers ministres britanniques qui ne peuvent pas trouver le courage de dire non aux Américains", dit-il.

Cet homme, qui pourrait être le même que dans les vidéos des exécutions de Foley et Sotloff, ajoute que cette alliance "accélèrera votre destruction" et plongera les citoyens britanniques dans une "autre guerre sanglante et ingagnable".

Un meurtre "ignoble"

David Cameron a vivement réagi en dénonçant un "meurtre ignoble et révoltant". "Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour traquer ces meurtriers et faire en sorte qu'ils répondent de leurs actes, quel que soit le temps que cela prenne", a-t-il ajouté.

M. Cameron devait présider dimanche matin 14 septembre une réunion interministérielle de crise (Cobra) pour faire le point sur la situation.

Le président américain Barack Obama a aussitôt exprimé sa solidarité avec son allié britannique, promettant lui aussi de traquer les meurtriers.

"L'odieux assassinat de David Haines montre une nouvelle fois combien la communauté internationale doit se mobiliser contre Daesh (acronyme arabe de l'EI, NDLR), organisation de la lâcheté et de l'abjection", a réagi la France.

Engagé dans l'humanitaire depuis 1999, Haines avait été enlevé en Syrie en mars 2013. Il effectuait sa première mission pour l'ONG française Acted en tant que responsable logistique dans le camp de réfugiés d'Atmeh, un village syrien près de la frontière turque.

Sa famille avait adressé un appel à ses ravisseurs pour sa libération.

Son frère, Mike Haines, a rendu hommage à un "bon frère... qui a été récemment tué de sang froid". "Il était et est aimé par toute sa famille et nous manquera terriblement". L'annonce de son exécution intervient alors que Londres a annoncé cette semaine l'envoi pour 2 millions d'euros de mitrailleuses lourdes et de munitions aux forces kurdes d'Irak pour lutter contre les jihadistes. Avant cette annonce, le Royaume-Uni avait envoyé de l'aide humanitaire et des armes provenant de pays tiers en Irak.

M. Cameron "n'exclut rien" non plus concernant des frappes contre l'État islamique, a déclaré jeudi son porte-parole.

Pour lutter contre l'EI qui a proclamé un "califat" qui s'étend sur de larges zones en Irak et en Syrie à la fin juin avec à sa tête son leader, l'Irakien Abou Bakr al-Baghdadi, Washington s'efforce de mettre sur pied une vaste coalition internationale. Il a obtenu jeudi l'engagement, éventuellement militaire, de dix pays arabes, dont l'Arabie saoudite.

En visite samedi au Caire, John Kerry a jugé que l'Égypte était en "première ligne" dans la lutte anti-terroriste, au terme d'un marathon diplomatique qui l'a conduit à Bagdad, Amman, Jeddah (Arabie saoudite) et Ankara.

Conférence lundi à Paris

Le président français Francois Hollande (gauche), lors de sa visite en Irak, le 12 septembre.

Après de longues hésitations, le président Obama, poussé à agir après la décapitation par l'EI des deux journalistes américains, a exposé le 10 septembre sa stratégie contre l'EI. Il a annoncé une extension de la campagne aérienne américaine en Irak, où 1.600 militaires américains seront déployés au total pour appuyer les forces armées irakiennes, en termes d'équipements, de formation et de renseignement. M. Obama s'est aussi dit prêt à frapper l'EI en Syrie et s'est engagé à doper l'aide militaire aux rebelles syriens modérés.

Une première ébauche de la coalition internationale se dessinera lundi 15 septembre à Paris où se tient une conférence internationale sur l'Irak et sur la lutte contre le groupe extrémiste sunnite.

Pour préparer cette réunion, le président français François Hollande s'était rendu vendredi 12 septembre en Irak, promettant d'aider "encore davantage militairement" ce pays, dont les troupes mal entraînées et peu loyales ne parviennent pas à faire face à l'EI et bénéficient de l'aide des combattants kurdes et chiites et des frappes américaines depuis plus d'un mois.

L'Australie a annoncé dimanche 14 septembre sa participation à la coalition avec le déploiement de 600 militaires aux Émirats arabes unis.

AFP/VNA/CVN

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