>>Ukraine : les Occidentaux durcissent les sanctions contre Moscou
>>Ukraine : sanctions européennes contre Moscou en dépit du dialogue Poutine-Porochenko
La Commission européenne a annoncé que l'accord de libre-échange entre Kiev et l'UE, qui doit être ratifiée mardi 9 septembre, n'entrerait pas en vigueur avant fin 2015, à l'issue d'une réunion tripartite à Bruxelles avec l'Ukraine et la Russie qui y est fortement opposée.
Le président ukrainien Petro Porochenko (d) et le président sortant de la Commission européenne José Manuel Barroso, le 12 septembre à Kiev. |
Cette annonce est tombée quelques heures après la déclaration du président ukrainien Petro Porochenko assurant aux côtés du président sortant de la Commission José Manuel Barroso à Kiev que l'accord d'association qui comprend des volets politique et économique entrerait en vigueur le 1er novembre.
"Nous allons repousser l'accord de libre-échange au 31 décembre de l'année prochaine", a, de son côté, déclaré le commissaire européen au Commerce, Karel De Gucht à Bruxelles.
Et l'UE a en même temps accepté de prolonger pour la même période une forte réduction des taxes douanières sur certains produits ukrainiens à destination du marché européen comme le souhaitait Kiev.
Washington sanctionne Sberbank
Emboîtant le pas à l'UE dont de nouvelles sanctions viennent d'entrer en vigueur, Washington a ajouté vendredi 12 septembre à sa liste noire plusieurs entreprises russes, dont la principale banque du pays, Sberbank, qui abrite environ un quart des actifs financiers russes et qui sera privée de financements américains à long terme.
Ce nouveau train de mesures s'attaque également au secteur énergétique russe en tentant de freiner notamment l'exploitation de ses réserves de pétrole en Arctique. Washington interdit désormais la vente à cinq sociétés russes --dont Gazprom, Lukoil et Rosneft-- de biens, services et technologies destinées à des forages dans cette région stratégique.
Les sanctions européennes contre Moscou, entrées en vigueur vendredi 12 septembre, visent notamment à limiter le financement de l'économie russe au bord de la récession et prévoient aussi des mesures ciblées contre 24 personnalités russes et ukrainiennes accusées d'êtres impliquées dans le conflit en Ukraine.
Dans un contexte de désescalade inédite sur le terrain en cinq mois de conflit, Vladimir Poutine s'est moqué vendredi 12 septembre des Occidentaux estimant que les sanctions n'étaient que "peu efficaces" et obligeraient au final les responsables russes à travailler davantage, plutôt que de "se dorer la pilule" à l'étranger.
Des camions d'un convoi russe d'aide humanitaire traversent la frontière ukrainienne à Donetsk-Izvarino, sous le regard de réfugiés ukrainiens, le 13 septembre. |
Le président, accusé par les Occidentaux de soutenir la rébellion dans l'Est ukrainien et d'y avoir déployé des troupes, a de nouveau critiqué la position des Américains en Ukraine, pays qui "s'est retrouvé de facto l'otage d'intérêts étrangers".
La crise est utilisée "pour réanimer l'OTAN comme l'un des éléments clés de la politique extérieure des États-Unis", a-t-il dit.
Se faisant l'écho des motivations occidentales pour durcir le ton contre Moscou, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a jugé que la trêve conclue voici une semaine entre Kiev et les rebelles ne suffisait pas à garantir une paix durable et a qualifié le comportement de la Russie en Ukraine d'"inacceptable".
Les Occidentaux ont accusé Moscou d'armer les rebelles et d'avoir déployé des troupes dans l'Est de l'Ukraine ce que la Russie a toujours démenti.
Selon le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, les sanctions européennes portent "atteinte au processus" de paix en Ukraine où plus de 2.700 personnes ont été tuées en cinq mois de conflit et qui a forcé un demi-million de personnes à fuir leurs maisons.
Moscou 'réfléchit' à des mesures de rétorsion
Après son embargo de début août sur la plupart des produits alimentaires européens et américains en réaction à la précédente série de sanctions occidentales, Moscou a dit "réfléchir" à d'autres mesures de rétorsion, selon Vladimir Poutine.
Cependant les Occidentaux ont assuré qu'ils pourraient lever leurs mesures si "la Russie honore entièrement ses engagements" en Ukraine, selon les termes du président américain Barack Obama.
Après plusieurs jours d'hésitation sur fond d'inquiétudes européennes concernant l'impact sur leur propre économie, ces sanctions ont été annoncées après l'aveu jeudi 11 septembre par les autorités militaires ukrainiennes que les rebelles avaient étendu leur contrôle de la frontière orientale avec la Russie jusqu'à la mer d'Azov.
Cela représente une zone d'environ 300 km, selon des calculs basés sur la carte du Conseil ukrainien de sécurité.
Selon l'OTAN, un millier de soldats russes se trouvent toujours dans l'Est tandis que 20.000 autres restaient massés le long de la frontière.
Les premiers véhicules d'un deuxième convoi russe d'aide humanitaire ont franchi vendredi soir 12 septembre cette frontière pour se rendre dans l'est de l'Ukraine contrôlé par les séparatistes, selon les médias russes citant un porte-parole des douanes russes.
Un premier convoi d'aide humanitaire russe de plus de 200 véhicules avait franchi la frontière en août sans avoir obtenu le feu vert de Kiev et des inspecteurs de la Croix Rouge.
L'accord de cessez-le-feu signé la semaine dernière à Minsk entre l'Ukraine et les séparatistes incluait l'envoi d'aide humanitaire dans l'Est où des centaines de milliers d'habitants souffrent de pénuries d'électricité et d'eau courante alors que leurs maisons ont été lourdement endommagées par les combats entre forces loyalistes et séparatistes.
AFP/VNA/CVN