"Si nous ne parvenons pas à un accord financier sur la déforestation, il n'y aura pas d'accord à Copenhague", a prévenu le Premier ministre de Papouasie-Nouvelle Guinée, Mickael Somaré, également président de la Coalition des forêts pluviales, lors de la première réunion de haut niveau à l'ONU sur la contribution des forêts à la lutte contre le changement climatique.
Les représentants de 70 pays, dont 18 chefs d'État et de gouvernement, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et le président de la Banque mondiale (BM), Robert Zellnick, y ont participé, au lendemain du Sommet des Nations unies sur le climat.
Les participants devaient initialement adopter une déclaration commune, portant notamment sur des engagements financiers des pays industrialisés, mais l'idée a dû être abandonnée, faute de consensus sur les sommes à engager immédiatement pour rémunérer les efforts de protection des arbres.
Entre 2000 et 2005, 13 millions d’hectares de forêts ont disparu chaque année et au rythme actuel, la totalité aura disparu à la fin du siècle, livrées à la surexploitation du bois, aux grandes plantations agro-industrielles, mais aussi aux petits paysans en quête de terres.
"Nous ne pouvons pas convaincre nos populations de modifier leurs habitudes sans incitation financière", a insisté le président Somaré.
"Ça reflète un manque de volonté politique. C'est tout à fait lamentable qu'il n'y ait aucun financement adéquat sur la table", a dénoncé le président du Guyana, Bharrat Jagdeo, regrettant que le programme de réduction des émissions résultant de la déforestation et la dégradation des forêts (REDD) "ne bénéficie pas de la même attention que les autres moyens de lutte contre les gaz à effet de serre (GES), comme les énergies renouvelables ou l'efficacité énergétique - c'est pourtant bien moins cher".
Dans son pays, la forêt occupe une surface supérieure à celle du Royaume-Uni. "Environ 30% de notre population vit au-dessous du seuil de pauvreté : si nous vous confions nos forêts, quels dédommagements recevra-t-on? Je n'ai toujours pas de réponse à ce jour".
Les mécanismes REDD et "REDD +" - qui visent aussi la conservation des forêts - doivent permettre d'intégrer au futur accord climat, en décembre, la protection des forêts négligée par le Protocole de Kyoto.
Selon le cabinet de conseil international Mac Kinsey, mandaté par les intéressés, un budget de 15 milliards à 25 milliards de dollars sur 5 ans (2010-2015) permettrait de réduire la déforestation de 25%, de sauver 3 millions d'hectares de forêt par an et d'économiser ainsi 7 gigatonnes de CO2.
"Nous avons travaillé à 33 pays, du Nord et du Sud, sur cette déclaration. Mais certains, au Nord, n'ont pas voulu s'entendre sur cette offre. Est-on vraiment sérieux ?", s'est demandé Kevin Conrad, chef de la délégation de Papouasie aux négociations de Copenhague, citant notamment les États-Unis, l'Europe et le Royaume-Uni.
"Il existe un très large consensus sur le fait qu'on ne peut s'attaquer au changement climatique sans combattre la déforestation", a-t-il poursuivi. "Mais si nous attendons Copenhague pour commencer à parler chiffres, il sera trop tard", estime-t-il. "Il est temps de repenser la valorisation des forêts : jusqu'à présent, elles n'ont compté qu'une fois coupées".
AFP/VNA/CVN