>>États-Unis - Palestine : Kerry rencontre le négociateur Saëb Erakat à Londres
>>Occupation israélienne : résolution palestienne le 17 décembre à l'ONU
"Nous envoyons demain notre projet au Conseil de sécurité de l'ONU", a dit mardi soir 17 décembre Nimr Hammad, conseiller du président palestinien Mahmoud Abbas.
Un autre haut responsable palestinien a confirmé cette décision après une rencontre à Londres entre le négociateur en chef Saëb Erakat et le secrétaire d'État américain John Kerry qui ne s'est visiblement pas bien passée.
Lors d'entretiens "très longs et très difficiles", les Palestiniens ont prévenu le chef de la diplomatie des États-Unis qu'ils ne renonceraient pas à leur projet de résolution, a rapporté sous couvert d'anonymat ce haut responsable proche des discussions. "Kerry a dit à la délégation palestinienne : nous emploierons notre veto", a-t-il déclaré.
Le siège des Nations unies à New York. Photo : AFP/VNA/CVN
De son côté John Kerry avait, avant de rencontrer M. Erakat à Londres, tenté de "faire retomber la température". "Nous comprenons tous qu'il y a de la frustration refoulée des deux côtés, nous connaissons tous le risque d'une escalade (des tensions), qui est constant et réel, et c'est pourquoi il est impératif de faire retomber la température", a-t-il déclaré.
Le chef de la diplomatie américaine, qui s'est entretenu ces derniers jours avec son homologue russe Serguei Lavrov et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, espérait alors encore dissuader les Palestiniens de déposer, via la Jordanie, leur projet de résolution devant les Nations unies réclamant la fin de l'occupation israélienne dans un délai de deux ans.
Dans la soirée M. Kerry devait également faire une escale à Paris pour y rencontrer ses homologues français Laurent Fabius, britannique Philip Hammond et allemand Frank-Walter Steinmeier.
Adhésion à la CPI
Toutefois, si les États-Unis font effectivement usage de leur veto, les Palestiniens demanderont aussitôt leur adhésion à une série d'organisations et de conventions internationales, parmi lesquelles la Cour pénale internationale, a répondu M. Erakat à M. Kerry, selon le haut responsable proche des discussions entre Palestiniens et M. Kerry.
Les États-Unis sont fermement opposés à ce que les Palestiniens rejoignent la Cour pénale internationale. Une telle adhésion leur permettrait de poursuivre Israël pour crimes de guerre.
De manière plus générale, Washington s'oppose aux initiatives unilatérales qu'on essaierait d'imposer à leur allié israélien sans passer par des discussions bilatérales.
Mais "nous en avons assez" des discussions bilatérales, a déclaré Mohammad Chtayyeh, membre du cercle rapproché du président Abbas.
On ignore cependant quel texte les Palestiniens entendent soumettre au Conseil de sécurité.
Les Palestiniens ont entamé leur démarche avec un texte en forme d'ultimatum réclamant la fin de l'occupation israélienne sous deux ans.
Consciente qu'une telle démarche allait au-devant d'un veto américain, la France a travaillé à un texte se voulant plus rassembleur.
"Nous avons fusionné" le texte initial et le texte français, a déclaré M. Chtayyeh. "Il n'y a qu'un seul texte. Nous avons accepté avec joie les modifications" apportées au cours de discussions avec les Français, a-t-il ajouté devant des journalistes près de Ramallah, en Cisjordanie.
M. Chtayyeh a indiqué que la France, qui préconisait un délai de deux ans pour la fin de nouvelles négociations (et non pas de l'occupation israélienne) avait procédé à des arrangements à la proposition palestinienne initiale, sans préciser lesquels.
Mais Washington n'est au fond pas intéressé par cette discussion, a-t-il ajouté. "Les États-Unis ne nous demandent pas d'apporter des modifications au texte. Les États-Unis disent: peut-être serait-il plus sage de votre part d'attendre après les élections israéliennes", a-t-il dit, faisant référence aux législatives anticipées du 17 mars qui décideront si le Premier ministre Benjamin Netanyahu est ou non reconduit.