Pakistan : carnage dans une école militaire attaquée par les talibans

Les talibans pakistanais ont perpétré mardi 16 décembre la plus sanglante attaque terroriste de l'histoire du pays dans une école d'enfants de soldats, tuant 141 personnes dont 132 écoliers, pour se venger des récentes offensives de l'armée dans leurs bastions.

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L'assaut, qui s'est achevé après plus de sept heures de combat avec la mort des six assaillants, a tenu en haleine le pays et glacé le sang de nombreux observateurs, des survivants ayant raconté comment les talibans passaient de classe en classe en abattant à la chaîne des enfants parfois âgés d'à peine 12 ans.
Cette attaque a été revendiquée par le Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), principal groupe rebelle islamiste du pays, qui a montré qu'il était toujours capable de frapper au cœur des institutions en dépit des offensives militaires qui l'ont affaibli.

Des pakistanais allument des bougies en hommage aux victimes de l'attaque des talibans dans une école de Peshawar, le 16 décembre à Karachi (Sud du Pakistan).

Condamnée par l'ONU, l'Inde et les grandes puissances occidentales, de Washington à Paris, elle a choqué le gouvernement et l'armée, qui a réaffirmé sa détermination à éliminer le TTP, dont les attaques ont tué plus de 7.000 personnes dans le pays depuis 2007, notamment dans le Nord-Ouest et à Peshawar.

Elle a débuté vers 10h30 locales (05h00 GMT) lorsque six talibans déguisés en militaires ont pris d'assaut l'école, située dans les faubourgs de la ville.

Près de 500 élèves, la plupart âgés de 10 à 20 ans, étaient alors présents dans cet établissement choisi par le TTP car "les enfants de plusieurs hauts gradés de l'armée y étudient", a expliqué Muhammad Khurasani, un porte-parole taliban.

Selon des témoins, les assaillants sont passés de classe en classe pour abattre les enfants. Sur son lit d'hôpital, l'un des survivants, Shahrukh Khan, 16 ans, en a livré un récit glaçant, racontant comment les talibans, vêtus d'uniformes militaires, traquaient les enfants cachés sous les bancs pour les tuer.

Couché sur le sol, il gardera longtemps en mémoire l'image de ce rebelle "aux grosses bottes noires" qui criblait de balles les étudiants, et comment il s'est tordu de douleur mais retenu de crier lorsqu'il en reçu deux aux jambes, faisant le mort. Après avoir longtemps "attendu d'être fusillé, les yeux fermés", il perdra connaissance mais se réveillera à l'hôpital, miraculé.

Selon l'armée, les assaillants, tous munis de vestes explosives, de munitions et vivres pour plusieurs jours, "n'avaient aucune intention de faire des otages" car ils ont "tiré de manière aléatoire (sur les gens) dès leur entrée dans l'école".

Tragédie nationale

L'armée a peu à peu repris le contrôle des bâtiments de l'école à mesure que les talibans étaient tués ou se faisaient exploser en actionnant les vestes explosives suicide qu'ils portaient sur eux.

Peu avant 18h30 locales (13h30 GMT), la police a annoncé la fin de l'attaque et la mort des six talibans.

Le bilan est effroyable : hors assaillants, l'attaque a fait 141 morts, dont 132 enfants, et 124 blessés dont 121 enfants, a annoncé dans la soirée le porte-parole de l'armée, le général Asim Bajwa. Un triste record qui surpasse celui de l'attentat qui avait fait 139 morts en octobre 2007 à Karachi (Sud) lors du retour au pays de l'ancienne Première ministre Benazir Bhutto.

Signe que l'attaque a choqué l'État au plus haut point, le Premier ministre Nawaz Sharif a dénoncé cette "tragédie nationale" provoquée par des "sauvages", s'est rendu sur les lieux de l'attaque et a décrété trois jours de deuil national.

AFP/VNA/CVN

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