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La colère de Moscou a été déclenchée par un texte intitulé "Acte de soutien à la liberté de l'Ukraine" voté à l'unanimité par les parlementaires des deux chambres du Congrès américain. Un ultime passage par le Sénat était encore requis, pour des raisons de procédure parlementaire, ce qui a été fait tard dans la soirée de samedi 13 décembre, également à l'unanimité. Le texte autorise de nouvelles sanctions contre la Russie et, pour la première fois, la livraison d'armes létales à l'Ukraine. "Il n'y a aucun doute que nous ne pourrions pas laisser sans réponse" de nouvelles sanctions, a réagi le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov, cité par l'agence de presse Interfax. Il a dénoncé les "décisions inacceptables" et les "sentiments anti-russes" qui, selon lui, ont guidé le vote.
Le Secrétaire d'État américain John Kerry (gauche) et son homologue russe Sergueï Lavrov, le 4 décembre 2014 à Bâle. Photo : AFP/VNA/CVN |
Des députés ukrainiens ont en revanche qualifié d'"historique" le vote du Congrès. Ce vote constitue un premier pas très symbolique pour l'Ukraine, qui cherche désespérément depuis des mois à convaincre ses alliés de lui vendre des armes pour ses soldats, largement sous-équipés face à des rebelles prorusses soutenus militairement, selon Kiev et les Occidentaux, par la Russie. Ce vote ne signifie pas pour autant que Barack Obama se résoudra à livrer de telles armes aux forces ukrainiennes. Le président américain a jusqu'à présent toujours préféré fournir l'Ukraine en matériel "non létal", comme des radars, des lunettes de vision nocturne ou des gilets pare-balles.
L'Ukraine ferme son ciel dans l'Est
Sur le terrain, des tirs au mortier et au lance-roquettes se sont poursuivis pendant deux heures samedi 13 décembre en début d'après-midi aux environs de l'aéroport de Donetsk, a rapporté un journaliste de l'AFP depuis le village voisin de Piski, sous contrôle de l'armée ukrainienne, également visé. L'armée ukrainienne a fait état samedi de 11 attaques rebelles contre ses positions au cours des dernières 24 heures dans l'Est séparatiste prorusse. Une trêve a pourtant été annoncée mardi dans l'Est où le conflit a fait plus de 4.634 morts, selon l'ONU, soit plus de 300 morts supplémentaires en trois semaines. Les protagonistes estiment, eux, que l'arrêt des combats est globalement respecté même si au moins cinq soldats et volontaires ukrainiens ont été tués depuis dans des affrontements.
Les autorités ukrainiennes ont pourtant annoncé l'interdiction "pour des raisons de sécurité" des vols à destination de Dnipropetrovsk, Kharkiv et Zaporijjia, grandes villes proches du front de l'Est séparatiste. Pour Serguiï Zgoursets, expert militaire ukrainien, cette décision pourrait s'expliquer par le fait que les rebelles auraient reçu de nouvelles armes antiaériennes. Un Boeing de la compagnie Malaysia Airlines assurant la liaison entre Amsterdam et Kuala Lumpur avait été abattu le 17 juillet au-dessus du territoire contrôlé par les séparatistes prorusses avec 298 personnes à bord. Kiev et les Américains ont accusé les séparatistes d'avoir tiré un missile fourni par la Russie, ce que Moscou dément en pointant du doigt l'armée ukrainienne.
Scandale sur le front culturel
La crise russo-ukrainienne a également connu samedi un développement inattendu sur le front culturel. L'École chorégraphique de Kiev a renoncé aux fonds levés pour une rénovation de l'établissement lors d'un gala de charité au Bolchoï organisé par la danseuse étoile Svetlana Zakharova à cause de son soutien à l'annexion de la Crimée. Ces fonds "ne sont pas comparables à des milliers de morts, des centaines de milliers de kilomètres carrés de territoire, des dizaines de milliards de hryvnias (la devise ukrainienne) qu'a perdus l'Ukraine", a lancé le directeur de l'École, Ivan Dorochenko, faisant référence au conflit dans l'Est qui a suivi le rattachement de la Crimée à la Russie.
Par ailleurs, le numéro deux du Fonds monétaire international (FMI), David Lipton, s'est déclaré, à l'issue d'une visite à Kiev samedi, "impressionné" par l'engagement des autorités ukrainiennes "pour l'application d'un programme de réformes décisives et radicales".