Les Bourses mondiales hésitantes après le sommet Merkel-Sarkozy

Les Bourses mondiales se sont montrées hésitantes le 17 août, au lendemain du mini-sommet franco-allemand destiné à apaiser les marchés, les investisseurs restant sceptiques quant aux mesures avancées pour enrayer la crise en zone euro.

"On attendait des mesures à court terme pour calmer les esprits et nous n'avons rien eu de ce côté-là", a regretté Frédérik Ducrozet, économiste pour Crédit Agricole CIB.

Le tandem Angela Merkel et Nicolas Sarkozy -"Merkozy" selon leur surnom donné par les marchés- avait cherché à rassurer les investisseurs en proposant notamment la création d'un gouvernement de la zone euro et l'adoption d'une règle d'or d'équilibre budgétaire par ses pays membres. Mais les déclarations des deux dirigeants ont eu du mal à porter leurs fruits car les investisseurs espéraient davantage. "Nous craignons que les investisseurs ne se contentent pas à court terme de ce cadre, qui doit par ailleurs être validé par tous les autres pays et qui n'apporte aucune réponse à court terme aux problématiques qui inquiètent les marchés", ont fait valoir les analystes de Barclays Bourse.

Après s'être progressivement redressées en cours de séance, les Bourses européennes ont réussi à clôturer en hausse pour la plupart. Paris a gagné 0,73%, Madrid 0,62% et Milan 1,27%. À l'inverse, Francfort a cédé 0,77% et Londres 0,49%.

À New York aussi la journée s'est finie sur une note mitigée : le Dow Jones a grignoté 0,04%, tandis que le Nasdaq a cédé 0,47%. Les valeurs technologiques ont pesé après la publication par le fabricant informatique Dell de prévisions financières décevantes.

Les valeurs des opérateurs boursiers ont souffert, plombées par l'idée d'une taxe sur les transactions financières au niveau européen avancée le 16 août par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. L'opérateur transatlantique NYSE Euronext a chuté de 4,74%, l'allemand Deutsche Börse de 4,97% et le London Stock Exchange de 2,81%.

Cette piste, épouvantail des marchés, est vivement contestée. Londres, haut lieu de la finance internationale, a réaffirmé qu'elle ne pouvait s'appliquer qu'à une échelle mondiale. Deutsche Börse a jugé qu'elle n'était "pas apte à accroître durablement la sécurité et l'intégrité des marchés financiers".

Malgré les critiques, les ministres des Finances français, François Baroin, et allemand, Wolfgang Schäuble, entendent faire des propositions concrètes sur cette taxe début septembre. Auparavant, ils ont prévu de se rencontrer "très prochainement" pour mettre en œuvre les décisions prises le 16 août.

De façon inattendue, Paris et Berlin ont également lancé une nouvelle proposition le 17 août, visant à suspendre le paiement des fonds structurels et de cohésion aux pays de la zone euro incapables de maîtriser leurs déficits budgétaires. Si ce projet, qui figure dans un courrier adressé au président de l'Union européenne Herman Van Rompuy, est suivi d'effet, il pourrait notamment pénaliser les mauvais élèves de la zone euro comme la Grèce, le Portugal ou l'Irlande.

À l'inverse, l'Allemagne et la France ont écarté les mesures les plus attendues par les marchés : un renforcement du Fonds européen de stabilité financière (FESF) et la création d'euro-obligations.

En leur absence, "les inquiétudes des investisseurs ne vont probablement pas se dissiper de sitôt et la pression pourrait s'accroître à l'encontre des responsables européens", ont estimé les analystes du Crédit Agricole CIB.

Surtout que les inquiétudes sur la croissance en zone euro restent vives, après les mauvais chiffres publiés la veille. Le Produit intérieur brut (PIB) de la zone euro n'a ainsi augmenté que de 0,2% au total au deuxième trimestre. L'Allemagne et la France ont respectivement vu leur activité nettement ralentir (+0,1%) et stagner sur cette période.

Le pétrole en baisse, dans l'attente d'indicateurs US

Sur ce point, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel avaient tenté de se montrer rassurants le 16 août, lors de leur conférence de presse commune à l'Élysée, affichant leur confiance quant aux perspectives économiques.

Sur le marché des changes, l'euro a progressé face au billet vert, passant brièvement la barre de 1,45 dollar. Les cours du pétrole étaient en baisse hier matin dans les échanges électroniques en Asie, les investisseurs attendant d'importants indicateurs sur l'économie américaine, premier consommateur d'or noir au monde.

Dans les échanges matinaux, le baril de "light sweet crude" pour livraison en septembre perdait 33 cents à 87,25 USD. Celui du Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre cédait 30 cents à 110,30 USD.

Les États-Unis publient dans la journée les chiffres hebdomadaires des nouvelles inscriptions aux chômage et ceux de l'inflation, sur fond d'inquiétude des marchés, depuis plusieurs jours, sur la santé de l'économie américaine.

"Les emplois, c'est ce qui inquiète. L'inflation, c'est moins grave même s'il ne faut pas l'ignorer", estiment les analystes de DBS Bank dans une note sur l'économie des États-Unis. "La déprime de ces deux dernières semaines risque de contaminer les chiffres économiques, et les données sur l'emploi sont celles qui sont les plus sensibles au sentiment ambiant", ont-ils ajouté.

Victor Shum, analyste au cabinet de consultants Purvin and Gertz, explique également la baisse du pétrole par le léger renchérissement actuel du dollar. Les cours des matières premières tendent à évoluer à l'inverse de celui du billet vert.

La veille, les prix du pétrole avaient nettement progressé à New York, dans le sillage du marché de l'essence après un rapport du département de l'Énergie montrant une forte diminution des stocks de produits pétroliers aux États-Unis.

AFP/VNA/CVN

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