Le conglomérat General Electric (GE) a ainsi décidé récemment de fermer une usine de panneaux photovoltaïques dans le Delaware (Est des États-Unis), qui employait 82 salariés.
Pour justifier cette décision paradoxale au moment où le président américain Barack Obama mise massivement sur les énergies renouvelables pour relancer l'économie américaine, un porte-parole de GE a évoqué les "défis actuels dans l'industrie solaire, notamment des prix de vente inférieurs aux coûts de production". Il a cité principalement les panneaux solaires composés de silicium (dérivé de sable) utilisés par 83% du marché et confrontés à la concurrence mondiale, en particulier chinoise.
Fin mars, le britannique BP Solar avait déjà annoncé qu'il arrêtait la production de son site américain de Frederick (Maryland, Est), pour les mêmes raisons.
Pour les analystes du secteur, l'énergie solaire, qui a suscité un fort engouement depuis quelques années aux États-Unis, vit une crise de croissance mêlant surcapacité et acteurs pléthoriques.
Conséquence, les prix ont chuté d'environ 50% sur un an, l'offre devenant largement supérieure à la demande.
Pour Mehdi Hosseini, du cabinet de conseil FBR Capital Markets, "les capacités de production sont nettement excédentaires", et Didier Laurens, de la Société Générale, constate même "une absence de visibilité sur le secteur solaire photovoltaïque". "Les coûts de production restent élevés du fait de la lourdeur des projets solaires et de la rémunération de la main d'oeuvre", remarque M. Hosseini, ce qui laisse peu de marge d'action aux spécialistes américains du secteur.
General Electric et First Solar ont choisi de changer de technologie, délaissant le silicium pour se tourner vers des revêtements plus légers et au cycle de production plus court, appelés "couches minces" (13% du marché). "La rentabilité des investissements à consentir pour assurer la croissance du secteur n'est pas forcément garantie pour la filière silicium", confirme M. Laurens dans une récente étude.
D'autres préfèrent directement s'implanter en Chine, comme Evergreen Solar, qui a quitté Devens (Massachusetts, Nord-Est), ou Energy Conversion Devices qui a créé une société commune dans l'Empire du Milieu.
Quant à First Solar, il a signé en septembre un accord pour construire la plus grande centrale de production d'électricité solaire au monde en Chine.
Les États-Unis ne pesaient en 2008 que 6% du marché solaire, devant la Chine (1%) mais loin derrière les précurseurs que sont l'Allemagne (26%) et l'Espagne (44%), selon les chiffres de la Société Générale.
Encouragées par le plan de relance de l'administration Obama qui consacre 19,9 milliards de dollars à l'énergie solaire, notamment par un crédit d'impôt, et misant sur le potentiel du marché américain, quelques sociétés chinoises ont quant à elles choisi d'investir aux États-Unis.
La société chinoise Suntech Power va ainsi se lancer sur ce marché dès janvier 2010. Sa compatriote Yingli Green Energy Holdings a ouvert un bureau à New York en juillet, tandis que China Solar Power a annoncé mardi le rachat du fabricant américain ThinSilicon.
Ce n'est même qu'un début, la mutation du secteur étant résolument en marche, selon Didier Laurens. L'expert de la Société Générale prévoit une baisse des prix de 40% l'année prochaine, pour un secteur condamné à être embouteillé jusqu'en 2012.
AFP/VNA/CVN