En mars, en dévoilant sa stratégie initiale pour l'Afghanistan, le président Barack Obama avait fait part de sa volonté d'avoir à terme mille civils dans le pays pour aider le gouvernement de Kaboul.
M. Obama qui doit dévoiler le 1er décembre sa nouvelle stratégie pour l'Afghanistan, a répété la semaine dernière l'importance des civils en Afghanistan. "Il faudra une stratégie complète qui prenne en compte les efforts diplomatiques et les efforts en terme de civils" pour "réussir là-bas", a-t-il dit à la presse.
"Quand nous sommes arrivés, il y avait environ 300 civils américains dans tout l'Afghanistan (...) Ils devraient être 974 début janvier 2010", a affirmé l'émissaire Richard Holbrooke mi-novembre.
Et plus de 9.000 hommes du corps des Marines américains seront déployés dans la province afghane du Helmand (Sud) dans les jours suivant l'annonce, prévue mardi, du président Barack Obama sur la nouvelle stratégie en Afghanistan, a affirmé le Washington Post le 28 novembre.
L'administration Obama avait, à l'origine, fixé l'objectif de mars 2010 pour achever ce que les médias ont qualifié d'opération de "renforts civils". Mais un responsable américain a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, qu'il n'excluait pas des renforts de civils au-delà des 974 prévus.
Selon le diplomate Jacob Lew, responsable du projet, quelque 388 civils américains seront déployés à terme en-dehors de Kaboul. Parmi eux figurent des fonctionnaires du département d'État et de 7 autres ministères mais aussi des spécialistes recrutés hors du gouvernement. Ces volontaires sont formés à la langue et à la culture afghanes. La plupart de ceux appelés à travailler hors de Kaboul font un stage spécifique dans une base militaire de l'Indiana (Nord des États-Unis).
Les mêmes sont amenés à vivre dans des casernes une fois arrivés en Afghanistan, et à se voir escortés et protégés dans leur mission par des soldats américains et afghans.
Une poignée d'entre eux seront toutefois déployés dans les nouveaux consulats américains qui doivent ouvrir d'ici la fin de l'année à Herat (Ouest) et Mazar-i-Sharif (Nord).
Selon Steven Metz, un analyste de l'US Army War College, la stratégie consistant à déployer des civils en Afghanistan pour aider au développement du pays ne peut réussir que si l'on envoie plusieurs milliers de personnes.
Mais les chiffres ne sont pas nécessairement le facteur principal, argue John Dempsey, de l'Institut de la paix, un organisme indépendant financé par le Congrès américain.
Si les civils restent confinés dans des bases américaines ou entourés en permanence par des soldats lors de leurs sorties, dit-il, "le coût sera élevé mais l'impact sera faible". Si, en revanche, ces experts peuvent entrer régulièrement en contact avec la population dans les villages, "il y aura une véritable possibilité de progrès".
Anthony Cordesman, un expert qui a prodigué ses avis sur la question à l'armée américaine cet été en Afghanistan, a récemment mis en cause la qualité du recrutement des civils envoyés dans le pays.
Autre problème soulevé par ce spécialiste lors d'une conférence organisée par un centre de réflexion de Washington : comment coordonner l'accompagnement militaire des experts civils au sein d'une alliance de 42 pays, qui prévoient chacun des règles d'engagement différentes pour leurs forces ?
AFP/VNA/CVN