Pinçant deux cuillères entre trois doigts de la main gauche, Trân Quang Hai les bat contre ses lèvres, sa poitrine ou sa cuisse, créant une mélodie entraînante. À l’issue de son show, des applaudissements nourris résonnent dans l’amphithéâtre de l’hôtel Rex, à Hô Chi Minh-Ville, où se tient le 20e rendez-vous national des recordmen, patronné par le Centre de livre de records du Vietnam.
À cet événement tenu mi-2012, Trân Quang Hai est entré dans la liste des recordmen en tant que «roi de la cuillère du Vietnam et du monde».
Trân Quang Hai présente son savoir-faire en cuillères musicales. |
Docteur en musicologie
Issu d’une famille de musiciens depuis cinq générations, de Saigon - Gia Dinh (actuelle Hô Chi Minh-Ville), Trân Quang Hai a la musique dans le sang. Diplômé du conservatoire de Saigon en 1961, à l’âge de 17 ans, il part pour la France pour des études à la Sorbonne, en littérature, et à l’Institut d’ethnologie de Paris, spécialisation musique folklorique orientale. Après son titre de Docteur en musicologie en 1973, Trân Quang Hai est invité à travailler pour le Centre national de la recherche scientifique et certains musées français d’arts folkloriques.
Trân Quang Hai peut jouer d’une quinzaine d’instruments: cithare, violon, piano, flûte, mandoline, guitare, banjo, viole à deux cordes, monocorde, guimbarde… Mais aussi du vina et du ampura d’Inde, du zarb d’Irak, de la viole de Chine, du gamelan d’Indonésie… En 1971, il a sorti en France un vinyle intitulé La cithare vietnamienne.
Trân Quang Hai a l’honneur d’être membre d’une vingtaine d’Associations de la culture et des arts. Il a été invité à donner des cours de musique dans une centaine d’universités de 50 pays, comme France, Allemagne, États-Unis, Italie, Afrique du Sud, Australie, Philippines, Corée du Sud, Japon, Belgique, Suède, Suisse, Pays-Bas, Norvège, Espagne, Brésil…
Des concertos pour cuillères
Jouer de la musique avec des cuillères, Trân Quang Hai a d’abord considéré cela comme un jeu. Jusqu’en 1965, où il rencontre Roger Mason, un musicien américain qui a fait carrière «dans la cuillère». Ils joignent leur talent et jouent ensemble sur la scène du Centre américain à Paris.
Se prenant au jeu, Trân Quang Hai crée une dizaine de nouvelles techniques, et des concertos pour cuillères. Il s’est créé son propre style. En 1967, lors d’un concours tenu à la fête de la musique de Cambridge (Grande-Bretagne), surpassant 30 candidats venus de 20 pays, le candidat Viêt kiêu a remporté le premier prix.
Ces 40 dernières années, le jeu de cuillères de Trân Quang Hai l’a accompagné partout dans les pays où il s’est rendu, que ce soit en qualité d’expert, de conférencier ou de prof. de musique. Les sons insolites des cuillères musicales ont ensorcelé tous les spectateurs. Il s’est produit dans une centaine de festivals internationaux de musiques folkloriques. On peut dire sans exagération que Trân Quang Hai est presque l’unique artiste dans le monde capable de donner un récital de cuillères. «Fier d’être Vietnamien, je n’ai pas d’autres aspirations que de faire connaître la musique du Vietnam et de l’Asie partout dans le monde», confie-t-il.
Une vie pour la musique
Outre des récitals de cuillères, Trân Quang Hai est mondialement connu avec la guimbarde (dàn môi en vietnamien), un des instruments de musique les plus anciens de l’humanité. C’est lui qui a créé l’Association internationale de la guimbarde qui rassemble des amateurs de 30 pays. Au Vietnam, cet instrument à vent, à peine plus grande que deux doigts réunis, est encore joué par les communautés ethniques montagnardes. Trân Quang Hai est tellement mordu de guimbarde qu’il a collaboré avec l’artiste Nguyên Duc Minh, du conservatoire de Hanoi, et l’Allemand Clemens Voigt, directeur d’une entreprise d’instruments musicaux à Leipzig, pour former le groupe des «Trois chevaliers de la guimbarde», qui s’est déjà produit sur scène au Vietnam.
«Ma vie, je la consacre à la musique», confie Trân Quang Hai. Membre d’une vingtaine d’associations de la culture et des arts, professeur de musique dans une centaine d’universités de par le monde, auteur de quelque 700 écrits sur la musique vietnamienne et asiatique (publiés dans des revues et journaux internationaux et vietnamiens), auteur de nombre de vinyles, CD et vidéos, Trân Quang Hai n’a plus rien à prouver.
Avec ces contributions extraordinaires, Trân Quang Hai s’est vu décerner une vingtaine de prix internationaux, dont la médaille d’or de la musique de l’Académie culturelle asiatique, le titre de Docteur honoris causa en musicologie par l’International University Foundation (États-Unis)… Mieux encore, le Viêt kiêu Trân Quang Hai est entré dans de nombreux dictionnaires de célébrités internationales !
Nghia Dàn/CVN
Une famille de musiciens depuis cinq générations
* Trân Quang Tho (1830-1890) : célèbre musicien à la cour de Huê (capitale du Vietnam de l’époque).
* Trân Quang Diêm (1853-1925) : excellent joueur de ti bà (luth à quatre cordes), très renommé au Sud.
* Trân Quang Triêu (1897-1931) : excellent joueur de kim (luth à caisse ronde et à deux cordes, instrument inséparable du théâtre rénové).
* Trân Van Khê (né en 1921) : premier Vietnamien à acquérir le titre de Docteur en musicologie, en 1958, à l’Université de la Sorbonne, Paris. Une célébrité mondiale de la musique.
Trân Quang Hai (né en 1944) : Docteur en musicologie (1973, Sorbonne).