À la conquête des quatre déserts du Grand Chelem

Menant une vie douillette à Singapour, avec un bon poste à l’agence d’information financière Bloomberg, la Vietnamienne Vu Phuong Thanh a décidé de tout laisser derrière elle pour conquérir les quatre déserts du Grand Chelem. Vent, sable, chaleur, glace, une aventure épique l’attend.

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La sportive bien équipée lors d’un de ses défis. Photo : Archives/CVN

Femme de défis, Vu Phuong Thanh, 26 ans, va tenter de parcourir plus de 1.000 kms à travers les quatre déserts les plus rigoureux du Grand Chelem pendant une année. Elle souhaite être la première femme d’Asie à réaliser cet exploit.

La course des «Quatre déserts du Grand Chelem» a été reconnue par le magazine Times en 2009 et 2010 comme le «test ultime de l'endurance humaine».

En octobre 2015, elle s’est attaquée à la première levée de ce Grand Chelem : le désert d’Atacama, au Chili, sur un parcours de 250 km. La jeune femme, benjamine de la course, est ainsi devenue la première Vietnamienne à dompter le désert le plus aride de la planète. «Cette course a été une révélation pour moi. La vie a d’un coup pris une autre signification. J’ai aujourd’hui plus d’énergie pour déterminer et atteindre mes objectifs», partage cette coureuse de l’extrême. Du 1er au 8 mai dernier, Thanh a couru à travers le Sahara en Égypte, connu comme le plus grand et le plus chaud désert du monde. Prochaines étapes : le désert de Gobi, en Chine, qui est le plus venteux (du 19 au 25 juin) puis l'Antarctique, classé le plus froid (du 18 au 24 novembre).

Le sport sur le tard...

Pour se consacrer pleinement à cette aventure, Thanh a quitté son emploi à l’antenne singapourienne de l’agence Bloomberg. Un choix de vie après un parcours scolaire et professionnel exemplaire. Baccalauréat en poche, Thanh quitte Hô Chi Minh-Ville pour suivre des études universitaires à l'étranger qui la mènent au Royaume-Uni, au Canada, puis à Singapour, où elle décide de s’établir. En retraçant son parcours, elle se souvient, amusée, des séances de jogging au lycée : «C’était une véritable torture pour moi. Après quelques centaines de mètres, je ne pouvais plus mettre un pied devant l’autre, j’avais des vertiges... Je me sentais si mal !».

Le déclic se produit juste avant son 20e anniversaire. Elle se fixe alors l’objectif de courir un semi-marathon (21 km), ce qu’elle parvient à faire. Puis en 2013, à 23 ans, elle s’inscrit au marathon de Bali, en Indonésie. Et c’est en octobre 2014 qu’elle fait ses premiers pas dans l’ultratrail, à l’«Ultra Marathon The North Face 100» à Singapour, une course de 100 km.

Une jolie fleur

Thanh partage que chaque marathon lui permet d’en apprendre un peu plus sur elle-même, de se surpasser pour finalement gagner en confiance, et ce dans la vie de tous les jours. Elle s’est inspirée des histoires d'autres personnes qui ont réussi ce qu’ils pensaient impossible.

Pour son dernier défi en date, Thaddeus Lawrence, auteur du livre Runaway success, lui a dit : «Quand je vous vois, je sais que vous pouvez le faire !». Des paroles qui ont été pour elle un immense encouragement dans sa conquête des quatre déserts les plus durs du monde.

... et pour la bonne cause

Avant de se lancer dans cette périlleuse épreuve de 1.000 km, elle a suivi un programme d'entraînement rigoureux, à raison de quatre heures par jour d’exercices de fitness, de relaxation et de longues séances de jogging, s’étirant parfois sur 12 heures. Et pour l’aider dans sa préparation, elle a demandé conseil à des vétérans de cette course coulant aujourd’hui des jours heureux à Singapour et à Hongkong.

Outre la volonté de s’attaquer à ce qu’elle appelle le «défi ultime», Thanh a aussi décidé de participer au Grand Chelem pour aider les plus démunis. «Cette course est la plus dure de ma vie. Mais ce n’est rien comparé au quotidien de beaucoup d’enfants vietnamiens, qui vivent parfois dans des conditions impensables. C’est pourquoi je veux dédier cette course à ces enfants courageux et amasser des fonds pour leur donner la possibilité d’une vie meilleure et l’accès à l'éducation». Et de préciser : «Je cours afin d’amasser des fonds pour +Tu sach câu vông+ (Bibliothèque arc-en-ciel, ndlr), une organisation qui apporte des livres aux enfants, construit des écoles et finance des bourses en faveur des enfants issus des minorités ethniques de la région montagneuse du Nord».

Thanh a commencé sa collecte en ligne l’an dernier, avant la première étape de son périple. Elle a sollicité l’aide de ses amis répartis aux quatre coins du globe pour sa cause, mais aussi d’organisations internationales, séduites par son projet. À ce jour, elle a recueilli 120 millions de dôngs (5.400 dollars), somme qui a été redistribuée dans son intégralité au service des enfants pauvres de la province montagneuse de Diên Biên (Nord). Là aussi, l’épreuve ne fait que commencer.

Thuy Hà/CVN

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