L'ancien président déchu Laurent Gbagbo n'est plus au Golf Hôtel, le QG de M.Ouattara, où il avait été amené après l'assaut des forces pro-Ouattara contre sa résidence et a été transporté en dehors d'Abidjan dans un lieu tenu secret, où il reste sous la protection des forces de l'ONU, a indiqué le 12 avril un porte-parole de l'ONU.
La mission de l'ONU en Côte d'Ivoire (ONUCI) "continue d'assurer sa protection", a affirmé Farhan Haq, porte-parole adjoint de l'ONU, qui n'a pas voulu dire où M. Gbagbo se trouvait. Des tirs d'armes lourdes ont retenti en fin de matinée à Abidjan dans les quartiers du Plateau (Centre) et de Cocody (Nord), deux bastions de l'ex-président Laurent Gbagbo, ont indiqué plusieurs témoins.
"Il y a eu des échanges de tirs d'armes lourdes", peu avant 12h00 locale et GMT, a déclaré un habitant du Plateau, quartier où se trouve le palais présidentiel.
Réconciliation nationale
"Réconciliation", "retour à l'ordre et au calme", "espérance", les premiers mots d'Alassane Ouattara après l'arrestation du président sortant qui refusait depuis quatre mois de quitter le pouvoir, ont exprimé sa volonté "de tourner une page".
Le président des États-Unis, Barack Obama, a appelé M. Ouattara pour le féliciter de sa prise de fonctions "en tant que président démocratiquement élu" et l'assurer de son soutien.
"Les deux dirigeants (...) ont insisté sur l'importance de voir des atrocités présumées faire l'objet d'enquêtes et de voir ceux qui les ont perpétrées, quel que soit le parti qu'ils aient soutenu, répondre de leurs actes", a indiqué la Maison Blanche.
En écho, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a estimé que la Côte d'Ivoire disposait désormais d'une "occasion historique" pour promouvoir la réconciliation nationale, établir un gouvernement d'unité nationale et rétablir l'autorité de l'État.
Ban Ki-moon a demandé à M. Ouattara, reconnu internationalement comme le président élu après le scrutin du 28 novembre, d'éviter un nouveau "bain de sang" et des représailles.
La Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a estimé le 12 avril que l'arrestation de Laurent Gbagbo offrait une chance de mettre fin à la longue crise en Côte d'Ivoire mais a demandé à ce qu'il soit traité correctement.
Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne (UE) ont aussi appelé, le 12 avril lors de leur réunion à Luxembourg, à la réconciliation nationale en Côte d'Ivoire après la fin des quatre mois de crise sanglante qui avait éclaté à l'issue de l'élection présidentielle contestée du 28 novembre dernier.
L'UE a salué la déclaration du nouveau président Alassane Ouattara sur la réconciliation et la reconstruction en Côte d'Ivoire après l'arrestation du président sortant Laurent Gbagbo.
La paix ne s'est pas encore installée à Abidjan
Les quatre mois de crise ont fait au moins 800 morts dont la moitié à Abidjan, selon l'ONU. La bataille d'Abidjan a amené la capitale économique, dont la population est évaluée à quatre millions d'habitants, au bord d'une catastrophe humanitaire, avec des quartiers livrés aux pillages.
Abidjan était encore le 12 avril le théâtre de pillages et dans certains quartiers des coups de feu se faisaient entendre. Alors que les Forces républicaines (FRCI) du nouveau chef d'État Alassane Ouattara avouaient être débordées, les pillages battaient leur plein au nord. La situation humanitaire est également très difficile dans l'intérieur du pays, notamment dans l'Ouest.
Quelque 536 personnes y ont été tuées depuis fin mars, la majorité à Duékoué, a indiqué le 12 avril le Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'homme.
Dans son premier discours télévisé le 11 avril au soir, Alassane Ouattara a dit vouloir mettre en place une commission vérité et réconciliation "qui fera la lumière sur tous les massacres, crimes et autres violations des droits de l'homme".
AFP-XINHUA/VNA/CVN