M. Gbagbo, 65 ans, au pouvoir depuis 2000, s'est rendu vers 13h00 (locales et GMT)
en compagnie notamment de son épouse Simone, considérée comme une "dure" du régime, après une offensive menée par les FRCI de M. Ouattara grâce à l'appui décisif des puissants moyens aériens et blindés de la force française Licorne et de celle de l'ONU (ONUCI).
Dans une brève allocution télévisée dans la soirée, M. Ouattara, dont l'élection avait été reconnue par la communauté internationale, a appelé à "s'abstenir de tout acte de représailles ou de violences", réitérant sa "volonté" de créer une "commission vérité et réconciliation" pour faire la lumière sur les violations des droits de l'homme.
Les quatre mois de crise née du refus de M. Gbagbo d'admettre la victoire de M. Ouattara -certifiée par l'ONU- à la présidentielle de novembre, ont fait quelque 800 morts, dont la moitié à Abidjan, selon des responsables de l'ONU, qui avertissent que le bilan devrait être bien plus lourd.
M. Ouattara a également annoncé le lancement d'une "procédure judiciaire contre Laurent Gbagbo, son épouse et ses collaborateurs".
Plus tôt, la télévision de M. Ouattara (TCI) avait diffusé des images de l'ex-président en bonne santé mais visiblement fatigué. "Je souhaite qu'on arrête les armes et qu'on rentre dans la partie civile de la crise, et qu'on conclue rapidement pour que le pays reprenne", dit M. Gbagbo dans de très brefs extraits sonores.
Il y apparaît assis sur un lit dans une chambre, entouré notamment du ministre de l'Intérieur de M. Ouattara, Hamed Bakayoko, et du commandant Issiaka Ouattara, dit "Wattao", un des chefs militaires pro-Ouattara.
L'ONU a annoncé que la sécurité des Gbagbo était assurée par des gendarmes de l'ONUCI et que la plupart des combats avaient cessé, même s'il restait "des poches de résistance".
Guillaume Soro, chef de la rébellion et Premier ministre d'Alassane Ouattara, a lui appelé sur la TCI les forces restées fidèles à l'ex-président au "ralliement", promettant qu'il n'y aurait pas de "chasse aux sorcières". Mais plusieurs membres du clan Gbagbo ont été malmenés à leur arrivée au Golff Hôtel, échappant de justesse au lynchage.
Le dénouement est intervenu au douzième jour de la bataille d'Abidjan, suite à des frappes intenses menées depuis dimanche par les hélicoptères de l'ONUCI et de la force française Licorne sur la résidence présidentielle, dans le quartier de Cocody (Nord), et la présidence, dans le quartier administratif du Plateau (Centre).
Laurent Gbagbo y était retranché face à l'offensive des forces pro-Ouattara entrées dans Abidjan le 31 mars après une offensive foudroyante depuis le Nord du pays sous leur contrôle.
Ces raids aériens, ordonnés par le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, visaient officiellement les armes lourdes du camp Gbagbo menaçant les civils, conformément à la résolution 1975 du conseil de sécurité de l'ONU. Mais le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, a reconnu lors d'une conférence de presse à Paris que "l'objectif (fixé) par la communauté internationale était de faire en sorte que le président élu puisse présider", décrivant l'engagement de l'ONUCI et de Licorne comme "un soutien" à l'offensive des pro-Ouattara.
Paris et l'ONU avaient toujours jusqu'alors insisté que leur mission n'était pas de renverser Laurent Gbagbo.
Paris a assuré que les forces spéciales françaises n'avaient pas participé à l'arrestation, contrairement à ce qu'affirme le camp Gbagbo.
La situation est également très difficile dans l'intérieur du pays, notamment dans l'Ouest où les combattants des deux camps ont été accusés par l'ONU et des ONG d'exactions.
M. Ouattara a promis que tous leurs responsables seraient poursuivis, mais des experts relèvent qu'il va devoir son accession au pouvoir aux chefs militaires.
AFP/VNA/CVN