Le président de l'UE, Herman Van Rompuy, évoque un "gouvernement économique" des 27

Le président de l'UE, Herman Van Rompuy, a évoqué la création d'un "gouvernement économique" des 27 afin de mieux coordonner leurs politiques face à la crise, avec à la clé des incitations financières pour les bons élèves, dans un document obtenu le 8 février par l'AFP.

Aujourd'hui, les chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne sont chacun dans leur pays "responsables de la stratégie économique de leur gouvernement" national. À l'avenir "ils devraient l'être au niveau de l'UE", écrit M. Van Rompuy dans ce document.

"Que l'on appelle cela coordination des politiques ou gouvernement économique", les dirigeants européens sont les seuls en mesure de mettre en place "une stratégie commune visant à créer plus de croissance et davantage d'emplois", ajoute l'ancien Premier ministre belge.

Ses propositions doivent être transmises aux 27 dirigeants en vue d'un sommet prévu demain à Bruxelles sur ce sujet, avec en toile de fond la situation budgétaire catastrophique de la Grèce. "Les récents développements dans la zone euro soulignent l'urgence de renforcer notre gouvernance", ajoute à ce propos M. Van Rompuy.

L'évocation d'un "gouvernement économique" fera plaisir à la France qui milite en vain depuis des années en ce sens. Le président français Nicolas Sarkozy compte lui aussi faire des propositions à ce sujet demain. En revanche, d'autres pays restent méfiants, notamment l'Allemagne et la Grande-Bretagne.

La réunion de demain doit poser les jalons d'une nouvelle stratégie économique pour l'UE, axée sur les investissements dans la recherche, l'économie "verte" et l'innovation, remplaçant celle dite "de Lisbonne".

Lancée en 2000, cette dernière ambitionnait de faire en une décennie de l'Europe l'économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde. Elle a largement échoué.

Pour y remédier, M. Van Rompuy - qui lors du sommet compte effectuer sa véritable entrée en scène après être resté très discret depuis son entrée en fonction en décembre - propose d'abord de limiter les objectifs communs. Il propose de n'en retenir que cinq avec des objectifs qui seraient fixés en en fonction de la situation "individuelle" de chaque pays, plutôt que d'établir les mêmes pour tous.

Pour s'assurer que les pays européens respecteront leurs engagements, M. Van Rompuy ne retient pas l'idée de sanctions financières, un moment évoquée par la présidence espagnole.

Toute juste, la surveillance serait "renforcée". Chaque pays serait audité par des missions d'experts de la Commission européenne et des autres États. Bruxelles pourrait adresser des rappels à l'ordre aux mauvais élèves.

En revanche, le président de l'UE propose explicitement de puiser dans le budget européen pour dégager des "incitations" financières en faveur des États qui jouent le jeu.

L'idée serait d'utiliser le budget de la recherche de l'UE et celui prévu pour aider les régions défavorisées (fonds structurels et de cohésion), ainsi que d'octroyer un accès privilégié à des prêts de la Banque européenne d'investissement.

Pour M. Van Rompuy, il y a urgence. "Notre taux de croissance structurel n'est pas assez élevé pour maintenir notre modèle social. Nous devons agir ensemble pour aider à préserver le mode de vie européen", souligne-t-il dans une lettre séparée envoyée aux dirigeants de l'UE.

AFP/VNA/CVN

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