Le président afghan promet de lutter contre la corruption

Le président afghan Hamid Karzaï a juré le 11 décembre de lutter contre la corruption dans son pays à court de liquidités et en proie au militantisme.

"Nous sommes déterminés à lutter contre la corruption et à mettre en œuvre la loi pour enrayer ce fléau social", a déclaré le président Karzaï dans ses remarques faites à l'occasion de la Journée internationale de la lutte contre la corruption.

Pour éradiquer la corruption, M. Karzaï a souligné que l'application de la loi était essentielle, ajoutant que le gouvernement devrait insister sur la mise en place de réformes et en finir avec le népotisme.

Il a également noté que l'Afghanistan permettrait de surmonter la menace de la corruption grâce à une lutte sur le long terme.

Toutefois, le président afghan a accusé les "étrangers" d'alimenter la corruption en Afghanistan en accordant des contrats à des privilégiés et en étant parfois des obstacles à la lutte contre ce type de malversations.]

"Nous avons des problèmes à la fois avec des Afghans et des étrangers", a déclaré M. Karzaï. "Un des moyens de réduire la corruption est que les étrangers cessent d'accorder des contrats aux proches de hauts responsables gouvernementaux. Nous devons réformer le système des contrats" de sous-traitance, a-t-il ajouté.

"Le népotisme prend de l'ampleur, en province et dans la capitale, l'autre problème, ce sont les structures parallèles au gouvernement", créées par la communauté internationale en Afghanistan, a-t-il souligné.

En ce qui concerne la lutte contre la corruption, "nos collègues étrangers, non seulement, n'ont pas toujours été coopératifs mais parfois ont créé des obstacles", a expliqué M. Karzaï citant l'exemple de suspects afghans libérés grâce à leurs liens avec des Occidentaux. "Ceux qui ont des amis étrangers peuvent faire ce qu'ils veulent", a affirmé le chef de l'État.

Afghans et étrangers "ont perdu leur confiance mutuelle", chacun estimant l'autre corrompu, a poursuivi le président afghan, moins d'une semaine après la Conférence internationale sur l'avenir de l'Afghanistan, le 5 décembre à Bonn. Réunie dans l'ex-capitale allemande, la communauté internationale y a promis de renouveler son engagement en Afghanistan jusqu'en 2024 en échange d'efforts de la part de Kaboul en matière de démocratie et de lutte contre la corruption.

Ce n'est pas la première fois que le président Karzaï accuse ses alliés occidentaux qui, États-Unis en tête, ont déversé des milliards de dollars sur l'Afghanistan depuis dix ans et soutiennent à bout de bras le fragile État afghan, d'être à l'origine des nombreux maux de son pays, dont la corruption.

Lesdits alliés, dont les relations avec M. Karzaï se sont tendues depuis sa réélection entachée de fraudes en 2009, lui reprochent de leur côté la corruption qui gangrène son gouvernement et le peu de progrès en matière d'État de droit.

M. Karzaï a également dénoncé le 11 décembre "l'immunité" dont bénéficient les "puissants" et les Afghans "détenteurs de passeports étrangers qui fuient le pays".
"Ils ont des refuges en Occident, comme les
(insurgés) talibans ont des refuges" de l'autre côté de la frontière afghane, a estimé M. Karzaï qui a, à cette occasion, réclamé que Washington remette aux autorité afghanes l'ex-gouverneur de la Banque centrale d'Afghanistan, Abdul Qadir Fitrat.

M. Fitrat s'est réfugié aux États-Unis en juin, disant craindre pour sa vie dans le cadre du scandale de la Kabul Bank, l'un des principaux établissements bancaires privés du pays, en quasi-faillite après le détournement de près d'un milliard de dollars par certains de ses plus hauts dirigeants, parmi lesquels des proches du pouvoir.

Kaboul a accusé M. Fitrat d'avoir fui pour éviter d'être mis en cause dans cette affaire, nouvelle tache sur la réputation du gouvernement afghan qui avait, en février déjà, accusé les étrangers d'être en partie responsables de ce scandale.

AFP/VNA/CVN

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