La présidente, âgée de 58 ans, qui porte encore le deuil plus d'un an après la mort de son mari et prédécesseur Nestor Kirchner (2003-2007), a été réélue le 23 octobre avec plus de 54% des voix. "Si je devais manquer à mon devoir, que Dieu, la Patrie et Lui, me le reprochent", a déclaré Mme Kirchner.
Les chefs d'État du Brésil Dilma Rousseff, de Bolivie Evo Morales, de l'Uruguay José Mujica, du Paraguay Fernando Lugo, du Chili Sebastian Pinera, étaient présents parmi d'autres à la cérémonie.
Certains présidents, en revanche, avaient dû annuler leur déplacement pour différentes raisons : le Vénézuélien Hugo Chavez, le Colombien Juan Manuel Santos, l'Équatorien Rafael Correa et le Péruvien Ollanta Humala.
Mme Kirchner s'est déclarée décidée à maintenir un modèle d'industrialisation et de relance par la consommation malgré la menace de la crise européenne.
"Rien ni personne ne pourra nous contraindre à changer de cap", avait-elle dit mercredi, alors que le gouvernement vient de supprimer une partie des subventions aux secteurs de l'énergie et des transports et de prendre des mesures draconiennes pour lutter contre la fuite des capitaux.
Mme Kirchner a décidé de nommer un nouveau chef de gouvernement, Juan Manuel Abal Medina, 43 ans, et un nouveau ministre de l'Économie, Hernan Lorenzino, 39 ans (le précédent étant devenu vice-président), tout en confirmant la plupart de ses ministres.
La présidente "entame un second mandat dans une situation politique plus confortable qu'en 2007, mais dans un contexte économique plus difficile", a fait valoir Rosendo Fraga, de l'institut Nueva Mayoria. "La crise mondiale menace ici comme ailleurs", a-t-il ajouté.
Le gouvernement multiplie les mesures destinées à accroître les liquidités sur le marché des changes et à pallier la perte depuis le début de l'année de près de 5 milliards de dollars (à 47,7 milliards USD au lieu de 52,6 milliards) de réserves de la Banque centrale.
La crise européenne, miroir de la débâcle argentine
La crise de la dette européenne "est un miroir de l'Argentine de 2001", le défaut de paiement le plus important de l'histoire, a déclaré le 10 décembre Mme Kirchner. "Cette situation en Europe est un miroir de l'Argentine de 2001", a dit Mme Kirchner, dix ans après le défaut de paiement de son pays (75 milliards d'euros), en s'adressant au parlementaires en présence de plusieurs homologues latino-américains.
La présidente a fait valoir que "d'autres font aujourd'hui l'expérience de ce que l'Argentine a vécu comme un drame, le défaut, qui nous avait mis au ban des nations", alors que les Européens se sont mis d'accord lors d'un sommet vendredi pour renforcer la discipline budgétaire de la zone euro.
Mme Kirchner a fustigé un système "qui n'est pas basé sur l'économie réelle, mais sur l'économie financière". "Les banques ne peuvent être la base de l'économie: elles doivent en être l'instrument, le levier permettant à l'économie réelle de produire davantage de biens et services", a-t-elle dit. L'Argentine avait gelé en décembre 2001 tous les dépôts afin de stopper les retraits bancaires et d'empêcher la chute des établissements financiers. La mesure avait déclenché la plus grave crise économique et sociale du pays.
L'Argentine avait déclaré un moratoire sur sa dette, devenant un paria sur les marchés. Or, grâce à un boom des matières premières, le pays a enregistré depuis 2003 une croissance annuelle de 8% en moyenne, à l'exception de 2009.
AFP/VNA/CVN