Ce gigantesque incendie qui s'est déclaré dans un hôpital de Calcutta au moment où les patients dormaient, ont annoncé les autorités, qui ont accusé certains membres du personnel d'avoir fui en abandonnant les malades.
Le Premier ministre, Manmohan Singh, a exprimé son "choc" et sa "douleur" face à l'ampleur du bilan. Selon les premières constatations, le feu, qui s'est déclaré vers 03h00 (21h30 GMT jeudi) pour une raison indéterminée, est parti du sous-sol de l'hôpital puis s'est propagé rapidement vers les étages supérieurs du bâtiment, au moment où dormaient la plupart des 160 patients de l'hôpital privé AMRI.
Les pompiers ont indiqué que la plupart des victimes ont péri asphyxiées. Le vice-président de l'hôpital, S. Upadhayay, a indiqué que 73 personnes étaient mortes, dont trois membres du personnel. Il a précisé qu'une enquête était en cours pour déterminer l'origine du sinistre.
Vers 09h00, le feu était presque entièrement circonscrit mais des panaches de fumée s'échappaient toujours des fenêtres cassées tandis que les pompiers s'efforçaient d'atteindre les personnes encore prises au piège.
Des patients ne pouvant se déplacer ont été évacués par un côté du bâtiment avec des cordes et des poulies. Il s'agit du deuxième incendie en trois ans dans cet hôpital et le chef du gouvernement de l'État du Bengale Occidental, dont Calcutta est la capitale, Mme Mamata Banerjee, a promis une enquête approfondie.
Elle a assuré que des mesures "sévères" seraient prises en cas de non-conformité avec les normes de sécurité et de prévention en matière d'incendie et a ordonné l'annulation immédiate de la licence de l'hôpital.
L'administration de l'hôpital a assuré que l'établissement respectait les mesures de sécurité et menait régulièrement des exercices d'évacuation. Le ministre local en charge de la Santé publique, Subrata Mukherjee, a, lui, affirmé que des membres haut placés dans la hiérarchie du personnel hospitalier avaient fui dès le départ de feu en abandonnant les patients, dont de nombreuses personnes âgées et des infirmes.
"Il est effroyable que les autorités hospitalières n'aient fait aucun effort pour sauver les patients bloqués", a-t-il dénoncé devant des journalistes.
Selon la police, une demi-douzaine de personnes, dont des cadres supérieurs de deux entreprises cogérant l'hôpital, était en cours d'interrogatoire. Des proches, massés à l'extérieur, assistaient avec angoisse, et parfois de la colère, à la progression des secours, certains réclamant que la direction de l'hôpital soit poursuivie pour meurtres.
"Tout ceci est dû à la négligence des autorités hospitalières", a dénoncé Swadesh Chakravarty, dont le frère, malade cardiaque, a échappé au sinistre.
Un résident qui a prêté main forte aux secours, Badal Sikari, a déclaré avoir vu "plusieurs corps" sans vie, apparemment après avoir été asphyxiés par la fumée. "Ma mère est dans une unité de soins intensifs. Elle a 70 ans. Je ne sais pas si elle est encore en vie", a confié à l'AFP, Khokin Chakravathi.
Les camions des pompiers ont eu des difficultés à se frayer un chemin jusqu'à l'hôpital, situé dans un réseau tortueux de rues étroites.
Des malades et des membres du personnel ayant réussi à s'échapper ont raconté comment ils se sont réveillés dans une épaisse fumée âcre.
"J'étais terrifiée, je n'arrêtais pas de crier à l'aide, a dit Jyoti Chaudhary, qui a été admise dans cet hôpital voici une semaine. Finalement, une infirmière m'a traînée hors du service et m'a descendue au rez-de-chaussée".
Ananya Das, 34 ans, était en service post-opératoire après une intervention chirurgicale mineure la veille lorsque l'incendie s'est déclaré. "J'ai réussi à marcher jusqu'à la sortie et ai escaladé une fenêtre. J'ai vu de nombreux corps", a-t-elle témoigné.
AFP/VNA/CVN