Le pouvoir syrien perd un important centre militaire à Alep

Une coalition de rebelles a réussi à prendre au pouvoir syrien un centre militaire stratégique à Alep, un des plus importants changements intervenus sur le terrain en deux ans dans l'ancienne capitale économique de la Syrie.

Par ailleurs, la coalition antijihadiste menée par les États-Unis a annoncé avoir effectué une série de frappes aériennes contre le groupe État islamique (EI) dans la ville syrienne de Raqa, bastion de l'EI.

Accusé de crimes contre l'humanité par l'ONU, l'EI a de nouveau montré sa cruauté en diffusant le 4 juillet une vidéo sur l'exécution de 25 soldats du régime par des adolescents dans les ruines antiques de Palmyre.

Des soldats des forces gouvernementales syriennes combattent contre des rebelles à Alep, le 4 juillet 2015. Photo : AFP/VNA/CVN

Alep, deuxième ville de Syrie, n'avait pas connu de fortes évolutions depuis sa division en juillet 2012 entre secteurs aux mains des rebelles à l'est et quartiers contrôlés par le régime à l'ouest. Mais une nouvelle coalition de rebelles islamistes a lancé jeudi une offensive majeure sur le quartier de Zahra, aux mains du régime, et dès le lendemain une autre alliance, Fatah Halab (Conquête d'Alep), a fait de même dans un autre secteur loyaliste.

Les combats qui ont suivi ont été parmi les plus féroces à Alep depuis 2012, avec des centaines d'obus et roquettes tombés sur les quartiers des deux côtés.

Signant une victoire significative, Fatah Halab a pris dans la nuit de vendredi 3 juillet à samedi 4 juillet le contrôle d'un centre de recherches scientifiques, transformé en une caserne par le régime, selon le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.

Lourdes pertes

Selon l'OSDH, l'armée de l'air a bombardé le 4 juillet avec intensité le centre de recherches, poussant les combattants à se rassembler dans la partie ouest du bâtiment. L'armée a mené des opérations dans plusieurs quartiers d'Alep "infligeant de lourdes pertes" aux rebelles, a affirmé l'agence officielle Sana.

Pour le militant Karim Obeid, du centre des médias d'Alep, la nouvelle coalition Ansar al-Charia (Partisans de la Charia) cherche à "contrôler Zahra car l'armée bombarde régulièrement de cette position les quartiers tenus par l'opposition et les localités du nord et l'est de la province". Sa prise permettrait aussi de "sécuriser la route internationale reliant Alep à la localité turque de Gaziantep", qui lui permet de faire transiter armes et ravitaillement, a-t-il expliqué.

Rassemblant 13 organisations, dont le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, et le groupe islamiste Ahrar al-Cham, Ansar al-Charia avait réussi à prendre quelques positions, mais selon l'Observatoire, les forces du régime les ont récupérées dans la nuit. L'aviation syrienne a "mené 40 raids contre les rebelles", et Ansar al-Charia a perdu 29 combattants le 3 juillet, d'après la même source.

À Washington, un porte-parole a annoncé que la coalition antijihadiste menée par les Etats-Unis avait effectué le 4 juillet seize frappes aériennes contre l'EI à Raqa. Ces opérations avaient pour but de priver l'EI "de la capacité de déplacer des matériels militaires à travers la Syrie et en direction de l'Irak", a déclaré dans un communiqué le porte-parole, le lieutenant-colonel Thomas Gilleran.

Les appareils de la coalition "ont attaqué avec succès de nombreuses cibles" dans Raqa, capitale de facto des jihadistes, détruisant des bâtiments de l'EI et des routes, selon le porte-parole. Ailleurs dans le pays, les forces du régime, aidées par le Hezbollah libanais, ont lancé une opération militaire d'envergure contre Zabadani, à 20 km au nord de la capitale Damas, une des dernières villes encore contrôlées par les rebelles dans ce secteur.

L'OSDH a fait état de "combats violents entre les forces du régime et les miliciens qui les soutiennent d'une part, et les groupes rebelles, dont des islamistes", de l'autre.

Dans une nouvelle vidéo insoutenable, l'EI a montré 25 soldats du régime syrien exécutés par des adolescents dans l'amphithéâtre de la cité antique de Palmyre qu'il a prise le 21 mai.

Nouvelle vidéo de l'EI

Dans la seule journée du 4 juillet, 22 barils d'explosifs ont été lancés sur la ville et ses environs, a indiqué l'OSDH, sans être en mesure de fournir un bilan des victimes dans l'immédiat. Selon l'agence officielle Sana, les rebelles ont lancé des roquettes en direction de la capitale Damas, faisant au moins un mort et neuf blessés.

Dans une nouvelle vidéo insoutenable, l'EI a montré 25 soldats du régime syrien exécutés par des adolescents dans l'amphithéâtre de la cité antique de Palmyre qu'il a prise le 21 mai. Depuis qu'il s'est emparé de vastes territoires en Syrie et en Irak, ces vidéos sont devenues sa principale arme de propagande.

Dans la vidéo d'une dizaine de minutes, on y voit 25 soldats en uniforme vert et brun être tués à bout portant dans le théâtre devant un immense drapeau noir et blanc du groupe suspendus aux ruines. Les auteurs de l'exécution, habillés en tenue de camouflage, semblent être des adolescents, dont certains très jeunes.


AFP/VNA/CVN

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