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À court d'argent frais, Athènes n'a pas pu honorer le remboursement de 1,5 milliard d'euros dus au Fonds monétaire international, devenant ainsi le premier pays industrialisé à faire défaut vis-à-vis de l'institution.
"Je confirme que le remboursement (...) dû au FMI par la Grèce aujourd'hui n'a pas été reçu", a indiqué le porte-parole du FMI, Gerry Rice, dans un communiqué.
Conséquence immédiate : Athènes est privé d'accès aux ressources financières du FMI et le restera tant qu'il n'aura pas épuré sa dette envers l'institution qui essuie, elle, le plus lourd défaut de son histoire.
Manifestation, le 30 juin à Athènes. |
Parallèlement, le volet européen du plan d'aide à la Grèce a comme prévu pris fin à 22h00 GMT, privant le pays de 16 milliards d'euros d'aide en tout genre (prêts, bénéfices sur les obligations détenues par la BCE, fonds pour les aides).
Privé d'argent frais des institutions (FMI, UE, BCE) qui l'ont mis sous perfusion financière depuis 2010, le pays ne doit désormais plus sa survie financière qu'à l'aide d'urgence apportée à ses banques par la BCE.
Les conséquences sont difficiles à prévoir mais le président américain Barack Obama a mis en garde mardi 30 juin contre "un impact significatif" de la crise sur la croissance européenne.
Coup de théâtre
La Grèce avait certes prévenu qu'elle ne rembourserait pas le Fonds monétaire international qu'elle accuse de "comportement criminels" pour avoir imposé des cures d'austérité drastiques à sa population.
Mais les autorités avaient toutefois tenté un ultime tour de passe-passe en tentant d'activer une clause exceptionnelle du FMI lui permettant d'obtenir un report de son paiement.
Le conseil d'administration du FMI a bien commencé à examiner cette requête mais devra se réunir ultérieurement pour l'approuver ou la rejeter.
"C'est une triste page d'un triste chapitre. Le FMI a pris des risques énormes avec ce plan d'aide", a dénoncé le représentant brésilien au FMI, Paulo Nogueira Batista, s'exprimant à titre personnel.
Plus tôt dans la journée, la Grèce avait tenté un autre coup de théâtre en faisant de nouvelles propositions à ses créanciers européens après la rupture des négociations samedi 27 juin et l'approche d'un référendum crucial dimanche 5 juillet sur la poursuite du plan d'aide.
Dans le détail, la Grèce a demandé à l'Eurogroupe de pouvoir conclure avec le Mécanisme européen de stabilité (MES), le fonds de soutien de la zone euro, un accord sur deux ans permettant de couvrir ses besoins financiers, soit environ 30 milliards d'euros, tout en restructurant sa dette, a fait savoir le bureau du Premier ministre Alexis Tsipras.
La Grèce a même laissé entendre qu'elle pourrait suspendre l'organisation du référendum prévu sur les propositions de ses créanciers si les négociations reprenaient avec l'Union européenne, a indiqué une source européenne proche des discussions.
Cette idée d'un troisième plan d'aide, via le MES, va être étudiée "via les procédures normales", a affirmé Alexander Stubb, le ministre finlandais des Finances, après une conférence téléphonique de l'Eurogroupe en début de soirée.
Les ministres reprendront leurs discussions mercredi 1er juillet dans la journée. Plus tôt mardi 30 juin, la chancelière allemande Angela Merkel avait fermé la porte à toute discussion sur le sujet en affirmant que l'Allemagne n'était pas prête à discuter d'une nouvelle demande d'aide d'Athènes avant dimanche 5 juillet, jour du référendum.
Son ministre de l'Économie avait, lui, conditionné de nouvelles discussions à l'annulation du scrutin, qui fait trembler l'Europe.
Réunion cruciale à la BCE
Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, s'était lui montré énigmatique face à des journalistes à Bruxelles en prédisant "des événements importants (...) auxquels vous n'êtes pas préparés".
Pendant ce temps, au moins 20.000 personnes manifestaient à Athènes en faveur du oui au référendum, en opposition au gouvernement d'Alexis Tsipras qui appelle à un "puissant non".
La Grèce a désormais les yeux braqués sur une autre échéance cruciale : la réunion mercredi 1er juillet des 25 membres du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne qui doivent évoquer la situation du système bancaire grec.
Il devrait notamment être question de maintenir ou non une ligne de prêts d'urgence en faveur des établissements hellènes, fragilisés par des retraits massifs de Grecs inquiets pour leur avenir et celui de leur pays.
Techniquement, l'institution pourrait décider de couper le robinet financier à la Grèce, même si cela semblait peu probable.