Washington et La Havane rétablissent leurs relations diplomatiques

L'accord est historique : après un demi-siècle de tensions, les États-Unis et Cuba ont annoncé le 1er juillet le rétablissement de leurs relations diplomatiques.

>>États-Unis et Cuba près de rétablir leurs relations diplomatiques


"Cela a pris du temps mais l'heure est venue", a lancé le président Barack Obama dans les jardins de la Maison Blanche, rappelant - pour mieux souligner qu'il était temps de tourner la page - que les relations diplomatiques avaient été suspendues par Dwight Eisenhower en 1961, année de sa naissance.
Le président américain Barack Obama et son vice-président Joe Biden dans les jardins de la Maison Blanche, le 1er juillet, lors des annonces sur Cuba.
Photo : AFP/VNA/CVN

Dans une lettre lue presque au même moment à la télévision nationale, son homologue cubain Raul Castro confirmait la réouverture prochaine d'ambassades dans les deux capitales.
Avec cette annonce, M. Obama consolide, à 18 mois de son départ de la Maison Blanche, une des initiatives majeures de sa politique étrangère. Hasard du calendrier, le président est aussi mobilisé sur un autre dossier diplomatique sensible: les négociations sur le nucléaire iranien qui sont entrées dans la toute dernière ligne droite, à Vienne en Autriche.
Mettant en avant l'enthousiasme suscité par le rapprochement avec Cuba, aux États-Unis et à travers le monde, depuis l'annonce faite en décembre, M. Obama a annoncé que le secrétaire d'État, John Kerry, se rendrait cet été à La Havane pour "hisser fièrement le drapeau américain sur notre ambassade". Il s'agira de la première visite d'un chef de la diplomatie américaine à Cuba depuis 1945.
Les relations diplomatiques seront formellement rétablies le 20 juillet, a indiqué un responsable américain. Selon La Havane, l'ouverture de l'ambassade cubaine à Washington aura lieu le même jour. Les États-Unis n'ont pas annoncé de dates pour l'ouverture de leur ambassade mais laissé entendre qu'elle n'aurait pas lieu à la même date.
Depuis 1977, les deux pays sont chacun représentés par le biais de Sections d'intérêt, chargées essentiellement de tâches consulaires.
Réactions internationales
L'exécutif américain a évoqué à plusieurs reprises la possibilité d'une visite de M. Obama à Cuba en 2016 mais aucune date n'a été annoncée à ce stade.
En visite à la Maison Blanche mardi 30 juin, la présidente brésilienne Dilma Rousseff, avait salué ce rapprochement avec Cuba, y voyant "étape cruciale dans les relations entre les États-Unis et l'Amérique latine".
Mercredi 1er juillet, l'Union européenne, qui n'a jamais rompu les relations avec Cuba, a salué "un signal encourageant pour la communauté internationale".
Le bâtiment de la section des intérêts cubains à Washington, actuellement logé dans l'ambassade suisse, le 1er juillet et qui est appelé à devenir l'ambassade cubaine à Washington. Photo : AFP/VNA/CVN

Promettant de rester vigilant et exigeant avec La Havane sur la question des droits de l'homme, le 44e président des États-Unis a appelé à poursuivre la normalisation engagée, demandant au Congrès de lever l'embargo, imposé à Cuba par John F. Kennedy en 1962 et sévèrement renforcé par la loi Helms-Burton de 1996.
Toujours en vigueur, cet embargo américain total sur les transactions économiques et financières avec Cuba est régulièrement dénoncé par La Havane
comme un obstacle au développement de l'île.
"Les Américains et les Cubains sont prêts à aller de l'avant. Je pense qu'il est temps pour le Congrès de faire de même", a souligné M. Obama, jugeant nécessaire de lever les restrictions qui empêchent les Américains de voyager ou de faire du commerce avec Cuba.
Les deux chambres du Congrès étant contrôlées par les adversaires républicains de M. Obama, le processus législatif s'annonce cependant long et semé d'embuches.
"Bonne étape pour les peuples américain et cubain", a réagi sur Twitter Hillary Clinton, candidate démocrate à la Maison Blanche.
Marco Rubio, autre républicain candidat à la présidence, a affirmé qu'il s'opposerait, au Sénat, à la confirmation d'un ambassadeur lorsqu'un nom aura été proposé par M. Obama. Né à Miami de parents cubains, le sénateur de Floride, est vent debout contre l'initiative diplomatique du président démocrate.

AFP/VNA/CVN


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