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Représentation de "nha nhac" au théâtre Duyêt Thi Duong, à Huê. |
Photo : VNA/CVN |
L'ancienne Cité impé-riale de Huê, située dans la province de Thua Thiên Huê (Centre), fut la capitale de la dernière dynastie féodale du Vietnam entre 1802 et 1945. C’est sous le règne des rois Nguyên qu’elle a connu son apogée, en termes de culture, de rituel, d’us et coutumes ainsi que d’art.
Le nha nhac figure parmi les arts traditionnels de Huê en tant que "musique élégante" comme le désigne son nom vietnamien. Cette musique connut son épanouissement au palais royal de Huê. C’est grâce à sa longue histoire qui a débuté au XIIIe siècle qu’elle a été inscrite en 2008 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité (originellement proclamé en 2003).
Le nha nhac jouait un rôle important lors des cérémonies et des événements à la cour royale. Selon les archives du Centre de conservation des monuments de Huê, cette musique était considérée comme un moyen de communication avec les dieux et les rois, qui leur rendaient hommage tout en échangeant des idées philosophiques sur les concepts vietnamiens dans l’univers.
Histoire millénaire
Selon des chercheurs, la musique de cour vietnamienne a vu le jour sous la dynastie des Ly (1010-1225) puis connut son apogée durant la dynastie des Nguyên avant de décliner en même temps que la chute du régime féodal en 1945.
Un artiste s'entraîne avant un numéro de "nha nhac". |
Photo : VNA/CVN |
Sous la dynastie des Nguyên, le nha nhac devint la musique typique du Vietnam car il symbolisait la puissance et la longévité de la dynastie. Il était souvent interprété lors des cérémonies marquant les anniversaires, les fêtes religieuses, les couronnements, les funérailles, les réceptions officielles des représentants/ambassadeurs d’autres pays, etc. Les empereurs organisaient des concerts royaux avec la participation des troupes de nha nhac. Entre 1889 et 1907, sous le règne du roi Thành Thái, la troupe de nha nhac était composée de 140 personnes dont 20 enfants. Sous le règne du roi Khai Ðinh (1916-1925), environ 30 enfants furent ajoutés à la troupe.
Le nha nhac est tellement important que les musiciens et les personnes qualifiées dans ce domaine artistique ont reçu des distinctions royales. À cette époque-là, tous les chanteurs, musiciens et danseurs les plus talentueux du pays étaient convoqués dans la cour. Pour les événements exceptionnels, une composition était écrite conforme aux thèmes de chaque circonstance.
Les modes d’exécution étaient accompagnés par différents instruments comme la flûte, le tambour, mais aussi par des instruments traditionnels vietnamiens tels que le đàn bâu (monocorde), le đàn nhi (erhu), le đàn tì bà (luth à quatre cordes) ou la đàn tranh (cithare à seize cordes).
Le nha nhac est basé sur une composition traditionnelle des cinq notes fondamentales et interprété par des musiciens qui en font de remarquables mélodies.
Existence pérenne
Les vicissitudes de l’histoire nationale ont mis en péril la survie du nha nhac. Après la fin de la monarchie en 1945, cette musique a perdu sa fonction originale et risquait de disparaître. Mais depuis 1992, la province de Thua Thiên Huê met tout en œuvre pour sauvegarder cette musique impériale qui fait partie de l’histoire du pays.
Véritable symbole de la puissance et de la longévité de la dynastie, le "nha nhac" est devenu un élément fondamental de nombreuses cérémonies royales. |
Photo : VNA/CVN |
Pour léguer aux générations suivantes les valeurs particulières du nha nhac, le Vietnam a établi un programme d’action national de préservation.
Depuis des années, le Centre de conservation des monuments de Huê a collecté des dizaines de compositions interprétées à l’occasion des cérémonies rituelles, des fêtes Ðoan Duong (ou Têt Ðoan Ngo, qui tombe le 5e jour du 5e mois lunaire), Van Tho (cérémonie fêtant l’anniversaire de la naissance du roi) et du Nouvel An lunaire, etc.
L’artiste Lu Huu Thi était considéré comme "un trésor vivant" de la musique de cour. Il était le dernier membre du groupe de nha nhac de Hoà Thanh, sous la dynastie de Bao Ðai (1925-1945). Au cours de sa carrière musicale, il chercha toujours à transmettre le savoir-faire aux jeunes avec une passion sans fin. Jusqu’à sa mort en 2016, à l’âge de 106 ans, l’artiste Lu Huu Thi resta célèbre.
En tant que musicologue et chercheur de musique traditionnelle du Vietnam, le Professeur Trân Van Khê (1921-2015) a aussi beaucoup œuvré pour faire connaître la musique de cour de Huê.
Aujourd’hui, le nha nhac est présenté lors des Festivals de Huê, dans le théâtre royal Duyêt Thi Duong. Il a également été interprété à l’étranger.
Depuis sa reconnaissance en tant que patrimoine culturel immatériel de l’humanité il y a 20 ans, il a été préservé efficacement et affirme sa position solide dans le monde de la musique traditionnelle du pays.
My Anh/CVN