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Enfants jouant dans la pagode Sê Rây Ta Mon à Sóc Trang (Sud). |
Nous arrivons à la pagode Sê Rây Ta Mon (ou Tà Mon) un jour de juin. Sous le doux soleil du matin, les enfants s’amusent en chahutant. Les uns sautent à la corde, les autres jouent à cache-cache. Dans l’édifice, les écoliers de 3e classe pratiquent la lecture à haute voix, créant une ambiance inhabituelle dans une pagode.
Depuis des dizaines d’années, les habitants du hameau de Dào Viên, commune de Viên Binh, district de Trân Dê, province de Sóc Trang (Sud), sont coutumiers de ces classes organisées par les moines et les fidèles bouddhistes de la pagode, qui acceptent tous types d’élèves, sans distinction d’appartenance ethnique, de sexe, d’âge ou de conditions sociales.
Pagode Sê Rây Ta Mon à Soc Trang (Sud). |
Cours gratuits
“Il y a beaucoup d’élèves cette année. Nous sommes une centaine ! Nous avons dû scinder la classe en trois parce qu’il y a des différences de niveaux très marquées. Nous ne pouvons pas travailler avec trois ou quatre niveaux en même temps. Donc, nous avons décidé de faire trois classes différentes adaptées aux niveaux débutant, intermédiaire et avancé”, nous a expliqué Trân Van Tha, vice-président du Conseil d’administration de la Sangha bouddhiste de la province de Sóc Trang et également prieur de la pagode Sê Rây Ta Mon.
“Ce que vous entendez, ce sont des écoliers débutants en train de déclamer en vietnamien +Tô quôc+, littéralement ”Patrie”. Ces élèves aiment bien découvrir la langue. Mais le plus dur pour eux, c’est l’écriture. En tous cas, ils adorent surtout chanter et lire les histoires en khmer”, a-t-il ajouté.
Selon lui, la plupart des enseignants sont issus de la pagode Sê Rây Ta Mon, ce qui facilite les démarches d’inscription des élèves. Tous les cours sont gratuits. “Mais nous le faisons d’autant plus volontiers que c’est vraiment une chance que de pouvoir développer l’apprentissage du khmer ici”, a-t-il souligné.
Cours de khmer du moine Kim Chi Thành. |
Dans la classe du moine Kim Chi Thành, règne une ambiance studieuse. “Nos élèves sont des habitants et des membres du clergé bouddhiste du district de Trân Dê, mais aussi des localités voisines. Ces cours d’été sont pour nous un moyen de préserver l’identité culturelle khmère”, a-t-il déclaré.
“Malgré les difficultés pour maintenir ces classes, l’attitude studieuse des élèves nous pousse à poursuivre”, a-t-il confié.
Le moine Kim Chi Thành a fait savoir qu’il avait appris le khmer dans la pagode Sê Rây Ta Mon. Après avoir terminé des années d’études primaires, secondaires et supérieures dans le pays et au Myanmar, il y a retourné pour enseigner aux enfants de son pays natal.
Enfants se rendant à la pagode Sê Rây Ta Mon à vélo pour apprendre la langue khmère. |
Enfants se rendant à la pagode Sê Rây Ta Mon à vélo pour apprendre la langue khmère. |
“Je suis issue d’une famille khmère. Au début, mes parents voulaient que j’apprenne l’écriture de notre langue maternelle. C’est quand même agréable de l’apprendre !”, a confié Ly Thi My Mân, 12 ans.
Tous les jours de l’été, sauf le dimanche, elle vient à bicyclette avec ses amis à la pagode. Elle n’a pas caché sa joie : “Pour l’instant, j’arrive à lire, à écrire, à comprendre à peu près... J’ai plus de vocabulaire. Ça me permet de dire et d’écrire un certain nombre de choses”.
Différents âges
Quittant le pagode Sê Rây Ta Mon, nous sommes allés à celle Prey Chop, l’une des plus belles de la commune de Vinh Châu, qui accueille aussi un grand nombre d’élèves. C’est le prieur Thach Huôl qui la gère.
L'écriture khmère commence en haut à gauche de la page et se poursuit vers le bas et la droite. |
Cours de khmer du moine La Sô Phép. |
Grâce au soutien du Parti et de l’État, la pagode propose deux classes. Elle distribue aux élèves des cahiers et des stylos. Les cours sont donnés par les moines, le nombre d’élèves augmente sans cesse. Actuellement, il y a quatre classes, de la 1re à la 4e, avec une centaine d’écoliers d’âge très disparate.
“Nous aimons bien fréquenter la pagode. Les moines nous apprennent à lire, à écrire et à chanter”, nous a raconté Thach Sanh Sang, 12 ans, avec enthousiasme. Il nous a confié qu’il souhaitait devenir enseignant.
Pagode Prey Chop à Soc Trang (Sud). |
Le moine La Sô Phép, qui a revêtu l’habit monastique dans la pagode de Prey Chop il y a six ans, a partagé que la plupart des élèves étaient sages et attentifs. Pourtant, les différences d’âge sont sources de difficulté pour l’enseignement. “Faire de ces enfants des citoyens utiles pour la société est notre devoir”, a-t-il avoué.
Selon Ly Rotha, président du Comité des affaires ethniques de la province de Soc Trang, les moines des pagodes khmères suivent à la lettre les enseignements de Bouddha, en particulier ses messages de compassion envers les plus démunis. Aider les autres est aussi pour eux un moyen d’améliorer leur karma et de s’élever spirituellement.
Texte et photos : Phuong Nga/CVN